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Troisième année.

N° 148.

LE NUMÉRO : 15 CENTIMES

SAMEDI 22 FÉVRIER 1890

L'ART FRANÇAIS

Jünutc j^Ertistiqu* JE^cbîromaîinirc

Texte par Firmin Javel

Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glyptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris

ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 francs; six mois, 5 francs. — Départements : un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.

LA. DÉCORATION DE L’HOTEL-DE-VILLE

L’exposition des projets du concours au second degré pour la
décoration d’un salon d’angle de l’Hôtel-de-Ville, s’est ouverte,
le dimanche 9 février der-
nier, dans la salle des Pré-
vôts.

On sait que les cinq es-
quisses choisies par le jury
au concours du premier de-
gré, étaient celles de MM.

Arus, Paul Baudouin, Bi-
net, Delance, Dupray et
Gilbert.

Le sujet imposé était : le
Siège de Taris.

A l’heure où paraîtra le
présent article, le jury se
sera certainement prononcé
en dernier lieu. Nous ne
pouvons donc donner ici
que notre impression per-
sonnelle, tout en avouant
que nous serions légère-
ment perplexe si nous étions
chargé de désigner le lau-
réat.

Il y a, en effet, dans plu-
sieurs des cartons que l’on
nousmontre ici, unesomme
de talent considérable, et
ce n’est qu’en se plaçant à
un point de vue tout-à-fait
spécial, en tenant compte
de certaines çonditions dé-
coratives, que le jury pourra
être amené à préférer tel
projet à ses voisins. Nous
allons essayer de les appré-
cier, nous, simplement se-
lon leur mérite respectif.

En entrant dans la salle
d’exposition, nous allons
tout droit au projet de
M. Adolphe Binet, parce
qu’il se présente avec une
franchise et une netteté extraordinaires et, aussi, parce que l’épi-
sode du siège de Paris qu’il retrace est particulièrement émou-
vant : un régiment d’artillerie est de garde aux fortifications,
auprès des grands canons qui raient horizontalement le centre de
la composition. Tout-à-coup, les manœuvres ont été suspendues,
et les soldats ont levé la tête en l’air. Que regardent-ils donc avec
une attention si palpitante ? Vous l’avez deviné ; dans le ciel

léger, aux nuées violacées, un énorme ballon flotte, s’éloigne, va
porter à nos frères de France des nouvelles des parisiens assiégés...

Et c’est là tout le drame. Et M. Adolphe Binet l’a traité avec
un incontestable talent, avec une émotion indicible.

M. Paul Delance, l’un de nos jeunes artistes qui comptent les

plus grands succès, a égale-
ment résumé, avec une con-
cision intense, les angoisses
des parisiens de 1870. Une
femme

Vieille et du peuple, ayant quelque
[pitié dans l’àme

nous apparaît au sommet
de la butte Montmartre,
portant un bébé dans ses
bras. A ses côtés, s’avance
nne jolie fillette aux che-
veux roux, munie d’une
marmite de bouillon et d’un
pain de quatre livres. Au
loin, la ville immense s’é-
tage, encore ensevelie dans
la brume qui se désagrège
çà et là. Cette belle page
est d’un sentiment péné-
trant. Toutefois, l’exécution
en est un peu sommaire. Il
est vrai qu’on n’exigeait pas,
de la part de§ concurrents,
une suite de tableaux, mais
bien une série de panneaux
décoratifs.

Le projet de MM. Dupray
et Gilbert ne nous paraît
pas inférieur à ces deux
morceaux. Ce sont encore
des types populaires que les
deux artistes ont mis en
scène, et ils ont su donner
à d’humbles ouvriers des
faubourgs, la grandeur épi-
que des héros de 1 Tliade.
Ici encore, la physionomie
de Paris assiégé est fidèle-
ment restituée. Une sorte
de conciliabule improvisé
au milieu d’une rue, tel est
le sujet banal adopté par MM. Dupray et Gilbert, mais ils l’ont
traité avec une telle sincérité, que leurs personnages sont tous
intéressants.

M. Baudouin nous paraît moins heureux, encore que sa peinture
ne manque pas de qualités. Elle est harmonieuse. Les tons violents
et crus en sont systématiquement bannis. Mais elle manque un
peu d’assurance, d’énergie. Le peintre areprésenté des femmes, des

CERCLE VOLNEY

Toulmouche. — Elude.
 
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