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L’ART FRANÇAIS

NOS ILLUSTRATIONS

PORTRAIT DE M"'» LA DUCHESSE D’UZÈS, pat M. Jacquet;.

Il paraît qu’on a souvent prononcé, depuis un mois, le nom de
Mme la duchesse d’Uzès. Il parait aussi qu’il s’agit de politique. L’Art
Français n’aurait qu’à battre en retraite devant ce gros mot, terrible pour
lui comme l’inconnu, si Mme d’Uzès n’était par la hauteur de son esprit
et ses qualités d’artiste, d’une éternelle actualité.

Le Bien, l’Art, la Charité sont des idées dont elle est la vivante
synthèse, et pour chacune desquelles elle a fait une part de sa vie. Tout
en rendant un tribut d’admiration rétrospective à sa statue de St-Hu-
bert, saint dont elle est la plus brillante fidèle, je ne puis m’empêcher
de rappeler encore sa rencontre touchante, devenue légendaire, avec
une autre femme riche aussi par le cœur sinon par la fortune, Louise
Michel.

Mais ce serait une vie à écrire et le petit cadre dont je dispose
m’oblige à me borner.

On jugera d’ailleurs, d’après le portrait de M. Jacquet, que Madame
la duchesse d’Uzès est une des figures les plus originales et les
plus charmantes de ce temps, une de celles en fin de compte à
qui les circonstances ne sauraient apporter que des hommages et
des respects.

G. DE B.

LES BRULEUSES D’HERBES, par M. Emile Adan

Le paysan n’a plus de secrets pour nos peintres, qui en ont fait
l’objet d’études persistantes et passionnées. Depuis Jean-François Millet,
qui l’inventa d’après ses observations personnelles plutôt que d’après
une lecture de La Bruyère, jusquà M. Emile Adan, qui le voit éga-
lement avec ses propres yeux, quel artiste n’a voulu tracer, sur un
horizon argenté de lumière matinale, l’éternellement auguste silhouette
du semeur ?

C’est toujours une joie pour nous que la révélation d’un tempérament
de peintre, et M. Emile Adan est l’un de nos jeunes maîtres qui ont le
plus particulièrement affirmé le droit de n’imiter personne (un fier
droit et dont ses confrères n’abusent pas souvent) ! Millet avait
imprimé au front des êtres voués aux durs labeurs des champs le carac-
tère de la brute. M. Emile Adan s’est, au contraire, complu à la
recherche des belles lignes, à l’étude de la pureté des formes chez nos
jeunes terriennes, comme s’il eut pris à tâche de réhabiliter, dans la
personne des femmes, les hommes que le maître de Barbizon avait si
durement traités.

Il l’a fait, surtout sans rappeler en rien l’œuvre à peu près identique
de M. Jules Breton. Nous avons eu déjà plusieurs fois l’occasion de
commenter les ouvrages de M. Adan, et nous sommes heureux d’offrir
aujourd’hui encore, à nos lecteurs, la reproduction d’une de ses meil-
leures toiles. Les ‘Brûleuses d’herbes ont figuré avec un très vif succès au
Salon des Champs-Elysées.

Comme on peut le constater dans la gracieuse figure de la jeune
femme qui, de ses bras robustes, soulève une fourchée d’herbes et
s’apprête à alimenter de ce renfort de combustible le feu pétillant et
craquant, M. Adan est toujours épris de nos paysannes et il continue à
leur prêter cette séduction que Millet leur refusait la plupart du temps.
Ce n’est pas moi qui m’inscrirai en faux car, du hameau perdu d’où je
trace ces lignes, en pleine Sologne, j'en vois de réellement char-
mantes.

F- J.

DESCENTE DE CROIX, par a. Ribot

A tous ceux qui ressassent contre Ribot l’accusation de noyer la cou-
leur dans un noir impénétrable, je veux lancer cette œuvre comme un
défi.

Certes, il ne sert de rien de prêcher aux convaincus; c’est aux scep-
tiques que je m’adresse. Aussi bien, un regard leur suffira, un regard
dans lequel un petit peu de leur cœur pourrait passer, pour rester frap-
pés d’admiration en présence de la ‘Descente de croix.

La couleur ne suffit plus à l’artiste, c’est avec de la lumière qu’il
peint et l’on reste ébloui.

Ce rouge, c’est bien celui que j’ai vu luire à la pointe du Vésuve, ce
bleu, celui qui sert de lit aux étoiles dans les beaux soirs napolitains,
ce noir... mais que dis-je? Y a-t-il vraiment du noir et ne retrouve-
t-on pas partout sur cette toile les mêmes intensités, les mêmes pro-
fondeurs de lumière, sur lesquelles parfois le peintre jette seulement
un voile ?

Faut-il parler des perfections de dessin ? Faut-il montrer l’angoisse
terrible de la scène, la mort qui détend ce beau corps et le jette
comme un débris au bras des femmes, la douleur qui remplit de larmes
leurs yeux ?

Non, cette œuvre est de celles qu’il faut voir pour en être pénétré,
une de celles où plus qu’ailleurs, peutœtre, Ribot s’est affirmé comme
dessinateur parfait, coloriste inimitable, ou pour tout dire comme
grand peintre.

N. — La descente de croix est exposée à la galerie Durand-Ruel, 16, rue
Laffitte.

I ES DÉPORTÉS DU 18 FRUCTIDOR, par E. Chaperon

Ils sont là quelques-uns que le Directoire a chassés comme coupa-
bles de conspirer au profit de la Monarchie. Usant d’une clémence
dont les exemples étaient devenus rares, le gouvernement leur a laissé
leur tête, pour ne leur prendre que la liberté et les a fait transporter
dans un coin perdu de la Guyane, à Sinnamari.

L’un d’eux, le comte de Murinais, est mort ouvrant une sombre série
et ses compagnons d’exil viennent, gardés à vue, apporter au bord de
sa tombe un peu de la patrie absente.

Le moment est solennel, Tous se demandent qui l’on conduira
demain, en adressant l’adieu suprême au premier disparu.

M. Chaperon a senti tout cela mais il ne le fait peut-être point assez
sentir aux autres. Tout est traité avec la plus entière conscience, avec
tant de conscience même, que l’ensemble se perd dans le détail et
qu’on pourrait accuser le peintre d’avoir fait un tableau de genre, où
une grande page était à faire.

G. DE B.

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AU MUSÉE

Décidément, le Louvre nous gâte. Voilà Carpeaux, le grand
sculpteur représenté par ses deux œuvres principales ou tout au
moins par leurs moulages.

On peut voir à la Salle de Rude, le groupe de La Danse et la
Fontaine de l’Observatoire.

Le premier de ces ouvrages décore le côté droit de la façade de
l’Opéra (c’est celui qu’un gredin a si gentiment barbouillé
d’encre) ; le second s’élève au milieu d’un grand bassin orné de
jets d’eau qui se trouve derrière le jardin du Luxembourg au
milieu de l’avenue de l’Observatoire.

Au reste qui ne les connaît déjà? C'est une bonne fortune
pourtant, que leur entrée au Musée, car il est plus aisé de les y
étudier et d’en saisir l’ensemble.

Il est encore une œuvre du maître, œuvre charmante s’il en
fut, dont le moulage ferait merveille dans notre galerie, c’est le
groupe qui décore le Pavillon de Flore du côté du pont Royal.
Nulle part peut-être Carpeaux n’a mis tant de grâce ni tant de
ce rire dont il était si prodigue. Espérons qu’il nous viendra
aussi et soyons déjà heureux : à chaque jour suffit sa peine.

L’administrateur-Gérant : SILVESTRE.
Glyptographie SILVESTRE & Cic, rue Oherkampf, 97, à Paris.
 
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