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L’ART FRANÇAIS

Magnier, Paul Mantz, Eudoxe Marcillc, Henry Maret, Louis Martinet,
Roger Marx, Meissonier, Paul Meurice, Arthur Meyer, A. de Mon-
taiglon, Eugène Montrosier, Etienne Moreau, De Neuville, De Nittis,
De Nivière, comte d’Osmoy, Camille Pelletan, Emilie Perrin, Georges
Petit, Prévost-Roqueplan, Antonin Proust, Puvis de Chavannes,
Joseph Reinach, Ribot, Robert-Fleury, Henri Rochei'ort, De Ronchaud,
Henri Rouart, Maurice Sand, John Saulnier, Aurélien Scholl, Secrétan,
Siltzer, Achille Sirouy, Du Sommerard, Eugène Spuller, Alfred Stevens,
Arthur Stevens, Charles Tardieu, Maurice Tourneux, Marius Vachon,
Vaucorbeil, Eugène Véron, Pierre Véron, Vollon, Richard Wallace,
Albert Wolf, Charles Yriàrte, Ziem, A. Robaut, secrétaire.

Une souscription fut ouverte, et l’argent afflua, surtout à la suite
d’une magnifique exposition des ouvrages d’Eugène Delacroix, dont le
produit s’ajouta aux sommes recueillies.

M. Vacquerie proposa de confier l’exécution du monument à l’émi-
nent statuaire qui, depuis quelques années, marchait de triomphe en
triomphe, et cette proposition fut accueillie à l’unanimité. Le succès
définitif, le plus éclatant, est en train de ratifier le choix du comité et
de son président.

L’heure était venue de glorifier l’illustre coloriste.

Eugène Delacroix est le plus grand peintre ’ de notre siècle, a dit l’un
de nos plus grands critiques (Théophile Silvestre). A ce propos, nous
ne saurions mieux faire que de citer ici le remarquable portrait du
peintre de Y Entrée des croisés à Constantinople, que nous a laissé l’auteur
de Y Histoire des artistes vivants :

Delacroix est un caractère violent, sulfureux, mais plein d’empire sur lui-même; il
se tient en prison dans son éducation d’homme du monde, qui est parfaite. Observa-
teur rusé, attentif quand on lui parle, il est prompt, aiguisé, prudent dans ses répli.
ques. Comme il connaît à fond l’escrime de la vie, il enferre proprement son homme
sans avancer d’une ligne. Né au cœur de la diplomatie, bercé sur les genoux de Talley-
rand, qui fut le successeur de son père au ministère des relations extérieures, il rempli-
rait encore mieux que ne le fit Rubens la plus brillante ambassade : il ne pourrait sans
doute déployer le faste, l’ampleur du flamand ; mais quel goût, quelle finesse il ferait
voir 1 Son maintien est élégant et supérieusement aisé : gestes sobres, fort expressifs et
une langue d’or. Il a toute l’habileté, les manières caressantes, les insinuations voilées,
les grâces félines et les mille caprices de la femme. Ses petits yeux vifs, clignotants,
enfoncés sous l’arcade de ses sourcils noirs et rudes, l’abondance magnifique de sa
chevelure, — (il n’a pas un cheveu blanc à cinquante-six ans), — me rappellent, mais
avec finesse, un des plus vivants portraits à l’eau-forte que Rembrandt nous ait laissés
de lui-même. Delacroix est du reste le parent de Rembrandt par la ténacité, la fougue
et la divination. Son humeur est spirituelle et sarcastique plutôt qu’enjouée. Il a le
sourire profond et mélancolique. La coupe carrée de ses mâchoires inégales et proémi-
nentes, la mobilité vigoureuse et incessante de ses narines largement ouvertes et fré-
missantes, expriment à outrance l’ardeur de ses passions et de sa volonté. Parfois ses
airs de tête sont d’une fierté et d’un cynisme souverains. Son front carré s’avance en
bosses intelligentes. Sa bouche, d’un dessin redoutable, tendue comme un arc, lance
des flèches acérées sur ses contradicteurs et porte des jugements d’une finesse exquise.
Il n’est pas beau, dans les conditions bourgeoises, et sa physionomie rayonne. Toutes
ses figures ont quelque chose de lui : l’air pensif et souffrant, son sang et ses nerfs,

mais il donne à l’homme énormément de muscles par amour pour la force et l’activité.
Ses femmes surtout lui ressemblent par la noblesse, l’élégance des attitudes, l’ardeur
fébrile du tempérament et la fatale beauté des passions écrites sur leurs visages.

On connaît l’opinion de Charles Baudelaire, sur ces femmes de ‘Dela-
croix qu’il divisait en deux classes : Les femmes mythologiques et les
femmes d’intimité, — les premières, riches, plantureuses, abondantes, —
les autres, « portant dans les yeux un secret douloureux impossible à
enfouir dans les profondeurs de la dissimulation. »

George Sand, elle aussi, a rendu hommage au caractère et au génie
du maître, et nous pensons qu’on ne relira pas sans plaisir ces lignes un
peu oubliées.

George Sand écrivait au critique que nous venons de nommer :

« Il y a vingt ans que je suis liée avec lui, et par conséquent heureuse de pouvoir
dire qu'on doit le louer sans réserve, parce que rien, dans la vie de l’homme, n’est au-
dessous de la mission, si largement remplie, du maître; et je n’ai probablement rien à
vous apprendre sur la constante noblesse de son caractère et l’honorable fidélité de ses
amitiés.

« Je ne vous apprendrai pas non plus que son esprit est aussi brillant que sa cou-
leur et aussi franc que sa verve. Pourtant cette aimable causerie et cet enjouement,
qui sont souvent dus à l’obligeance du cœur dans l’intimité, cachent un fonds de

mélancolie philosophique, inévitable résultat de l’ardeur du génie aux prises avec la
netteté du jugement. Personne n’a senti comme Delacroix le type douloureux de Ham-
let ; personne n’a encadré dans une lumière plus poétique, et posé dans une attitude
plus réelle, ce héros de la souffrance, de l’indignation, du doute et de l’ironie, qui fut
pouitant, avant ses extases, le miroir de la mode et le moule de la forme, c’est-à-dire, en
son temps, un homme du monde accompli.

« Vous tirerez de là, en y réfléchissant, des conséquences justes sur le désaccord que
certains enthousiastes désappointés ont pu remarquer avec surprise entre le Delacroix
qui crée et celui qui raconte, entre le fougueux coloriste et le critique délicat, entre
l'admirateur de Rubens et l’adorateur de Raphaël. Plus puissant et plus heureux que
ceux qui rabaissent une de ces gloires pour déifier l’autre, Delacroix jouit également
des diverses faces du beau par les côtés multiples de son intelligence.

« Delacroix, vous pouvez l’affirmer, est un artiste complet. Il goûte et comprend la
musique d’une manière si supérieure, qu’il eût été, très probablement, un grand musi-
cien, s’il n’eût pas choisi d’être un grand peintre. Il n’est pas moins bon juge en litté-
rature, et peu d’esprits sont aussi ornés et aussi nets que le sien. Si son bras et sa vue
venaient à se fatiguer, il pourrait encore dicter dans une très belle forme des pages qui
manquent à l’histoire, de l’art, et qui resteraient comme des archives à consulter pour
tous les artistes de l’avenir.

« Ne craignez pas d’étre partial en lui portant une admiration sans réserve. La
J vôtre, comme la mienne, a dû commencer avec son talent et grandir avec sa puissance,

I année par année, œuvre par œuvre. Aujourd’hui, la plupart de ceux qui lui contes-
taient sa gloire au début rendent pleine justice à ses dernières peintures monumentales,
et, comme de raison, les plus compétents sont ceux qui, de meilleur cœur et de meil-
leure grâce, le proclament vainqueur de tous les obstacles comme son Apollon sur le
char fulgurant de l’Allégorie. »

Nous reviendrons dimanche prochain, sur l’œuvre de Delacroix et
sur celui de son statuaire.

LE BLANC ET NOIR

L’étude du dessin n’a jamais été aussi universellement, ni aussi chau-
dement encouragée qu’aujourd’hui, et s’il est vrai que nos jeunes géné-
rations recèlent quelques futurs génies, l’éclosion ne saurait tarder. Les
moyens de se produire ne manquent plus aux débutants, les manifes-
tations artistiques se multiplient, et l’indulgence des jurys — et du
public — va malheureusement grandissant.

La quatrième exposition du Blanc et Noir, organisée par M. Bernard,
au Pavillon de la Ville de Paris, s’est ouverte le Ier octobre avec un réel
succès.

Le nombre des envois augmente d’année en année. Le catalogue
ne comprend pas moins de 1,500 numéros. Les ouvrages sont répartis
en cinq catégories : presse illustrée, dessins, aquarelles, gravures et
enseignement industriel.

Des maîtres comme MM. Puvis de Chavannes, Charles Jacque,
Fantin-Latour, Chéret, H. Pille, Zacharie Astruc, des jeunes gens d’un
brillant avenir, comme MM. Rouffet, A. Guillaume, des artistes d’un
talent éprouvé tels que MM. «

Mesplés, Victor Henry,Hippolyte 1

Lefranc, Léandre, Pierre Prins, y ,

Attendu, des femmes artistes
comme Mraes Pauline Caspers,

Huillard, Klumpke, Marie Grand-
mougin, Maximilienne Guyon,
etc., ont pris part à cette expo-
sition qui est vraiment remar-
quable et à laquelle nous consa-
crerons une étude prochaine.

Nos lecteurs nous saurons gré
de leur offrir, dès aujourd’hui, la
reproduction de quelques-unes
des plus jolies compositions visi-
bles au Pavillon de la Ville de
Paris.

L’administrateur-Gérant : SILVESTRE.

Marie Grandmougin

Glyptographie SILVESTRE & C'°, rue Oberkampf, 97, à Paris,
 
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