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L’ART FRANÇAIS

NOS ILLUSTRATIONS

AMAZONE, par M. John Lewis-Brown

U Art Français a eu récemment l’occasion de parler de Lewis-Brown et la
mort du peintre a donné à ses œuvres une triste actualité.

Sans s’arrêter à sa connaissance parfaite du cheval, dont il s’était fait une
spécialité, il convient de rappeler la crânerie et, si l’on peut ainsi parler, le chic
de ses compositions. A cette prestesse d’exécution, il a su joindre la plus
entière conscience et sans être toujours égal dans ses inspirations, il peut, je
crois, par quelques-unes de ses œuvres être rangé parmi nos maîtres contem-
porains.

LES AVEUGLES DE JÉRICHO, par M. Leroy

« ... Alors Jésus s’arrêta et les ayant appelés, il leur dit : Que voulez-vous que je
vous fasse î Ils lui dirent : Seigneur que vous nous ouvriez les yeux... »

Le tableau de M. Leroy est le commentaire le plus sobre qu’on puisse ima-
giner. Voilà un sage modernisme et une nouveauté de bon aloi. Ce sera le
grand mérite du peintre d’avoir su aborder les sujets les plus sévères de l’his-
toire avec des moyens très personnels.

Sa note est juste, également éloignée du poncif et du révolutionnaire, et si,
comme je crois, le milieu porte bien la vériré, M. Leroy l’accompagne.

PEAU D’ANE, par Mm" Commère

Plus de doute, si le fils du roi la rencontre en cet appareil, il en verra bien
assez pour ressentir le coup de foudre.

Au reste, avec un tel accoutrement, l’incognito me semble difficile.

C’est bien et minutieusement dessiné et, dans le moindre détail, carressé
avec soin, dans la douceur un peu mièvre de la composition, Ja femme se
devine.

Perrault, par exemple, ne reconnaîtrait pas son enfant.

ENFANCE DE SAINTE GENEVIÈVE, par M. Paris de Chavamies

Quittons maintenant la terre et laissons-nous aller au plus séduisant des
rêves.

Car toujours on rêve, quand M. de Chavannes nous promène dans [ses
paysages bibliques, aux scènes pleines de doncqur.

Qufelle paix sereine en tout cela et comme on sent courir partout ces lignes
de pureté dont parlait Paul de Saint Victor !

Cette vapeur même qui semble tout envelopper, prête à la composition je
ne sais quel calme reposant.

Dirai-je encore l’art des perspectives aux profondeurs infinies qui fuient bien
loin de nous, sans jamais creuser la pierre ?

Avec cela, point d’uniformité; la grandeur et la beauté seules apparaissent
toujours égales.

De rien, l’artiste tire tout, comme dans cette Enfance de Sainte Geneviève.
Un mouvement traduit la ferveur, un geste, l’admiration, et de l’ensemble se
dégage un profond sentiment religieux dont l’expression impose.

Et l’on admire d’autant plus les chefs-d’œuvre du maître que dans la
plupart des cas, on mêle à son admiration l’enthousiasme du converfi.

G. DE B.

-»—^ - — : ' --

LE PETIT SALON

Cinq artistes seulement figurent au catalogue du Salon en
miniature (organisé dans le foyer du théâtre d’application, rue
St-Lazare), c’est assez dire qu’on le peut visiter sans fatigue.

Mais ce qu'il tant se hâter d'ajouter, c’est qu’on n’y voit pas
d’œuvres banales.

Les exposants sont mesdames Berria-Blanc, Louise Breslau,
Delance-Feurgard, Guérard-Gonzalès et M. E. Ferdinand
Polack.

En .additionnant les ouvrages de chacun de ces artistes, on
arrive à un total de cent vingt-trois toiles, pastels ou aquarelles.
Ce petit Salon est donc un Salon de fin de siècle, bien approprié à
notre vie surmenée. On y entre en passant, et, une heure après,
on en sort ayant tout vu. Celan’interromp point vos occupations,
et n’entraîne ni torticolis ni migraine.

A gauche, en entrant, voici le panneau de Mme Jeanne Gon-
zalés, sœur de la regrettée Eva Gonzalés et femme de l’excellent
aquafortiste Henri Guérard. Peintures et aquarelles affirment une
égale recherche, une égale joie dans la traduction de la nature.
Les petites aquarelles sont d’une finesse de ton et d’une sobriété
de moyens très curieuse et d’un charme puissant.

Mme Berria-Blanc, qu’on appelle si volontier « intransigeante »,
persiste aussi dans ses recherches lumineuses, et elle obtient des
Résultats extrêmements intéressants.

Mme Delance-Feurgard demeure le peintre attendri des jeunes
mères dirigeant les premiers pas de leurs bébés, et son expo-
sition est très remarquable.

Mrac Breslau nous montre une série de portraits de jeunes filles
ou de fillettes d’un charme pénétrant.

Enfin M. Ferdinand Polack a rapporté d’Espagne une quan-
tité d’études qui, à l’attrait d’œuvre d’art, ajoutent l’intérêt de
documents. f. j.

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EXPOSITION LACHENAL

« On s’arrête retenu par l’attrait de la naïveté et de la vérité, devant
ces plats sculptés, où des couleurs en relief aux spirales écaillées, tont
crisper les doigts qu’elles attirent par les valeurs, et qu’elles repous-
sent par la vérité. A côté de la couleuvre endormie, qui repose sa tête
en fléchissant le cou sur les anneaux de sa queue, on voit la noire
écrevisse tendre ses longues serres, comme pour pincer les écueils et
s’incruster dans les fentes du rocher. A côté d’elle les poissons
argentés, aux nageoires ouvertes, s’élancent, dirigeant leur fuite rapide
à travers les joncs... c’est le monde sous-fluvial des eaux, surpris par
l’œil de l’homme, en écartant les feuilles, les tiges, les joncs du maré-
cage, et transporté sur l’argile, aussi vrai de formes, aussi nuancé
d’écailles, aussi éclatant de couleur, que si une ménagère, en lavant
son dressoir, avait enfoncé un de ses plats dans le lavoir et l’avait retiré
rempli, jusqu’aux bords, de sable, de coquilles, de débris d’herbes et
d’animaux aquatiques. »

Ce que Lamartine a dit des travaux de Bernard Palissy, pourrait tout
aussi bien s’appliquer à ceux de M. Lachenal, l’éminent céramiste dont
la cinquième exposition attire, en ce moment, la foule des amateurs
dans la galerie Georges Petit, rue de Sèze.

Dès l’entrée, le visiteur est vivement impressionné par le grand
caractère d’une composition décorative qui occupe le fond de la salle.
De chaque côté des marches d’un large escalier en granit conduisant à
l’entrée d’un palais, d’immenses échassiers, qu’on nomme, je crois,
des « marabouts », se dressent, sur deux rangs, inclinant leur tête ronde
et chauve, qui se termine par un bec énorme.

De l’autre côté d’un portique élégant, d’autres marabouts continuent,
sur un escalier qui mène aux salles supérieures, cette originale décora-
tion. Cela est plein de hardiesse et d’imprévu. M. Lachenal arrive à
son heure, en cette fin de siècle où l’art décoratif cherche désespéré-
ment la formule définitive. Il pourrait bien la lui avoir indiquée.

Ce projet grandiose, qui suffirait à classer le jeune et éminent céra-
miste parmi les novateurs les plus audacieux, n’est pas le seul attrait de
l’exposition. De droite et de gauche, l’œil est sollicité par des œuvres
de moindres proportions, mais d’un intérêt tout aussi vif. Les faïences
persanes, si magistralement restituées par M. Lachenal depuis quelques
années, occupent ici un vaste panneau et retiendront longtemps l’ad-
miration des connaisseurs par la richesse et la variété des coloris.
Les superbes médaillons, notamment celui de Mme Sarah Bernhard
dans Théodora, et les grands vases de divers styles, placés de distance en
distance au long des parois, ponctuent merveilleusement la série des
petits ouvrages, objets de tables, raviers, compotiers, légumiers, plats
et assiettes, d’un goût exquis.

Il convient de signaler également une toile qui révèle chez le maître-
céramiste, un excellent peintre de fleurs.

Telle que nous avons pu la visiter, dans les derniers préparatifs de
l’installation, la cinquième exposition des faïences d’art de M. Lachenal
nous a paru, en somme, plus complète et plus séduisante encore que
les précédentes, et nous comptons y revenir à loisir, en plaçant sous
les yeux de nos lecteurs la reproduction des ouvrages qui nous ont le
plus particulièrement frappé.

L’Administrateur-Gérant : S1LVESTRE
Glyptographie SILVESTRE & Cim, rue Oberkampf, 97, à Paris.
 
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