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L’ART FRANÇAIS

Le Monument Peynot

LA GLOIRE DE LA RÉPUBLIQUE

Un concours était ouvert, en 1887, à Paris, entre tous les
sculpteurs français, pour l'érection, sur une place de la ville de
Lyon, à la gloire de la République.

Il y eut deux épreuves.

A la première, les projets de MM. Peynot et Pâris furent dési-
gnés par le jury.

A la seconde, M. Peynot triompha par onze voix sur treize
votants. Aidé de son collaborateur, M. Blavette, architecte, l’é-
minent statuaire se mit immédiatement à l’œuvre, et aujour-
d hui le monument est en partie exécuté. L es Lyonnais en peu-
vent déjà apprécier la grande silhouette, puisque toute l’architec-
ture est terminée, et que la statue de la République, dominant
l’ensemble de la composition, est posée sur son piédestal.

Dans quelques jours, les groupes accessoires qui décoreront la
base du monument et dont nos lecteurs nous sauront gré de leur
"offrir dès aujourd’hui la reproduction, d’après les plâtres encore
visibles dans l’atelier de M. Peynot, vont partir pour Lyon où ils
seront, sur place, exécutés en pierre.

C’est le Rhône et la Saône, c’est la Ville de Lyon, c’est la
Liberté, l'Égalité, la Fraternité, et chacun de ces groupes, dont
l’ensemble sera une œuvre d’une parfaite harmonie et d’un très
grand caractère, présente, considéré isolément, un intérêt excep-
tionnel .

LF. MONUMENT

A la base antérieure, un vaste bassin de forme elliptique, d’un
diamètre de 1 r mètres environ, est établi.

Superposé à celui-ci, s’élève un second bassin dont l’eau
s’échappera dans le premier en une chute de plus d'un mètre. Au
centre du bassin supérieur, deux figures couchées symbolisent
le Rhône et la Saône. La Saône est représentée sous les traits
d’une jeune femme, tandis que le Rhône apparaît sous la forme
d’une divinité masculine, avec la longue barbe fluviale. Ces deux
figures sont-couronnées de plantes aquatiques. La Saône, dans
un adorable mouvement tournant qui projette en avant son buste
de déesse, tend la main au Rhône. Celui-ci, dont l’attitude est
en parfaite harmonie avec celle de sa voisine et qui s’accoude non-
chalamment sur le bras droit, saisit, dans sa main osseuse, les
doigts fuselés de sa jeune sœur.

Au-dessus de ces deux figures allégoriques, une proue de
bateau, ornée d’une tête de bélier, s'avance portant la ville de
Lyon, figure de femme assise, très fière, tenant sur ses genoux
un glaive au fourreau. A côté d’elle, un jeune enfant est occupé
à broder sur un pan d’étoffe. Par une ingénieuse combinaison,
cette étoffe se trouve appartenir à la robe même dont la ville de
Lyon est revêtue, et il n'y a rien de charmant et de filial comme
la gravité de ce petit canut en train d'orner de broderies la robe
de sa mère.

A la même hauteur que ce groupe, et adossés comme lui au
piédestal central (piédestal légèrement conique, d'une hauteur de
18 mètres, qui supporte la statue en bronze de la République)
trois autres groupes rappellent les termes même de la devise
républicaine : « Liberté, Égalité, Fraternité. »

Dans ces trois compositions, d’une originalité caractéristique
et d’un très bel aspect décoratif, le statuaire a montré la Liberté
debout, parmi le peuple. D’une main, elle élève le flambeau de
vérité, de l’autre, elle tient le drapeau de la France. A sa droite,
un vieillard accroupi baise respectueusement le bas de sa tunique
flottante. C’est le passé, qui salue l’esprit nouveau. A sa gauche,

une mère allaitant ses jeunes enfants. C’est le foyer et c’est
l’avenir.

L’Egalité, c’est la loi protégeant à la fois le travail et le capital.
Le travail est personnifié par un ouvrier aux bras nus ; le capital,
par un jeune patricien vêtu de la robe antique et portant d’une
main une cassette pleine de bijoux. L’autre main s’étend sur le
triangle égalitaire, où elle rencontre et presse fraternellement les
doigts noueux de l'ouvrier.

La Fraternité, figurée par une jeune paysanne souriante, rap-
proche, d’un geste charmant, deux hommes: un blanc, qui repré-
sente la civilisation, et un noir, dernière personnification de
l’esclavage et de l’ignorance. Le premier présente au second le
rameau d’olivier, symbole de paix.

Enfin, au-dessus de ces divers groupes en pierre se dressera,
comme nous l’avons dit, la statue de la République, en bronze.
Debout, la République tient dans sa main gauche le rameau paci-
fique et, de la droite, flatte la crinière d’un lion docile qui semble
tendre le front et rechercher ses caresses. Le statuaire a voulu
définir ainsi cette république athénienne que rêvait Gambetta,
république aimable mais s’appuyant sur la force.

Telle est, dans ses grandes lignes, la physionomie du monu-
ment élevé à la gloire de la République.

Lorsque parut, au Salon de 1888, une maquette d’ensemble de
ce monument, au dixième d’exécution, la critique fut unanime à
y reconnaître le germe d’une œuvre de premier ordre. La critique
ne s’est pas trompée, et l’on peut maintenant prévoir, pour le
jour — encore éloigné, malheureusement, — de l’inauguration
solonnelle, un succès absolu, décisif.

En attendant cette heure, qui marquera une fière étape dans sa
laborieuse et brillante carrière, le jeune maître achevait, lorsque
nous avons visité son atelier deux ouvrages qui figureront au Salon
des Champs-Elysées : le Souvenir, statue en pierre, figure de jeune
femme rêvant sur un tombeau, très simple en sa grâce hiératique,
et le Buste de C\C. Francis Chevassu, notre ami et très distingué
confrère, finement portraituré, comme vous pouvez le croire. Ce
buste là,- dans la grande mêlée des têtes de bronze, de marbre, de
plâtre ou de terre cuite, ne passera pas inaperçu !

jccHOS Artistiques

Les jurys des deux Salons ont, à l’heure présente, terminé leurs travaux.

Au Champ-de-Mars, le juryjde peinture comprenait: MM. Carolus Duran,
president; Puvis de Chavannes, René Billotte, Jean Béraud et Dubufe, membres
de droit; et MM. Barau, Brandon, Cazin, Courtois, Couturier, Dagnan-Bouve-
ret, Datpnat, Delort, Durst, F. Girard, Wi.iy Martens, Renouard, Ribot et
Tournés, membres élus (M. Zorn, juré supplémentaire, remplace M. Delort,
empêche.

Le jury de sculpture était formé de MM. Dalou, président; madame Marie
Caziig MM. Lefèvre, Lenoir, Devigne, Desbois, Lanson.

Lé jury de gravure, de MM. Bracquemond, Florian, Boilvin etl.epère.

X

Aux Champs-Elysées, on avait élu en dernier lieu les douze jurés de la
section de gravure, savoir : Burin, MM. Didier, Achille Jacquet, Lamotte. —
Bois, MM. Langeval, Yon, Léveillé. — Lithographie, MM. Maurou, Bellenger,
d’FIarlingue. — Eau-forte, MM. Chauvel, Courtry, H. Lefort.

X

M. Frédéric Lami vient d’offrir à la direction des Musées nationaux un
buste en bronze de son père, le peintre bien connu Eugène Lami.

Il sera placé, selon le désir du donateur, dans le musée de Versailles, où se
trouvent tant d’œuvres du gjand artiste, la Bataille de Cassa.no, la Capitulation
d'Anvers, la Brise de DvCaëstricht etc.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE

Glypiographie SILVESTRE & C'*, rue Obcrkampf, 97, à Paris.
 
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