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l’art FRANÇAIS - PAQUES FLEURIES

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NOS ILLUSTRATIONS

Nous aurions désiré consacrer, aux chefs-d œuvre dont on
vient de voir les reproductions, une étude plus développée, mais
le défaut d’espace nous oblige à abréger nos commentaires. Nous
nous bornerons donc à signaler à l’admiration de nos lecteurs le
Jésus devint Pilate, de Nicolas Poussin, l’une des pages les plus
importantes du maître; le Couronnement d’épines, du Titien, dont
Charles Blanc disait: «Tout ce que le grand peintre a pu donner
ici à l’exécution matérielle, au détail des armures, à l’imitation
des cottes de maille, n’ôte rien à la beauté de 1 expression, à
l’énergie des figures des bourreaux, ni au sentiment de cette belle
tête de Christ qui est un Laocoon adouci et tout aussi noble » .

Jésus au jardin des oliviers, grand dessin de M. Henri Lévy, et
le Christ au tombeau, superbe tableau où le même artiste s’affirma
avec tant d’éclat au Salon de 1873 . La critique unanime a salué
l’avènement de ce maître coloriste dont le Musée du Luxembourg
possède une œuvre de premier ordre: Sarpédon.

Le Dimanche des TJameaux, délicate étude de jeune femme sym-
bolisant la prière, par Mlle Joséphine Houssay.

La Cène, de Bonifazio de Vérone, d’un dessin peut-être un peu
lourd, mais d’une disposition remarquable.

Que dire de la Transfiguration de Raphaël, tant de fois décrite?

Nous ne pouvons qu’en rappeler, après tant d’autres, les gran-
des lignes. Dans la partie supérieure, le Christ vient de s’élever
du mont Thabord et se montre à ses apôtres, au centre d’une
lumière éblouissante et surnaturelle dont il est lui-même le loyer;
ses yeux et ses bras sont levés vers le ciel, ses pieds sont mis;
son manteau se'soulëve derrière ses épaules. A ses côtés,Tes pro-
phètes Moïse et Elie sont suspendus dans les airs et semblent
l’adorer. Sur le sommet même du Thabor, les apôtres Pierre,
Jean et Jacques, qui avaient suivi Jésus, sont prosternés et cher-
chent à protéger leurs yeux contre l’éclat de la transfiguration,
c’est à ce moment qu’ils entendent la voix mystérieuse qui leur
dit : « Celui-ci est mon fils; écoutez-le! »

Toujours sur la hauteur, à une petite distance des trois apôtres,
près d’un arbre, se tiennent deux jeunes diacres, saint Julien
« ou saint Etienne », et saint Laurent, à genoux, dans l’attitude
de l’adoration. Dans la partie inférieure du tableau, un jeune gar-
çon, possédé du démon, les yeux hagards, la bouche écumante,
les bras tordus par d’horribles convulsions, est amené par sa
famille éplorée, qui demande aux disciples, restés en bas de la
montagne, de le guérir; son père le soutient par les épaules; sa
mère, agenouillée au premier plan, le montre avec une expression
pleine de douleur et de supplication; d’autres parents et des amis
implorent la délivrance du malheureux enfant. Les disciples, sai-
sis de compassion, semblent dire: «Nous ne sommes que les ser-
viteurs de celui qui, après avoir enseigné aux hommes le moyen
d’éviter le péché, est monté glorieusement dans le ciel pour
s’asseoir à la droite de son Père. Lui seul a le pouvoir d’opérer
des miracles, adressez-lui vos prières! »

Que dire encore de ce chef-d’œuvre de Rubens, la Descente de
Croix, qui attire tant de visiteurs dans la cathédrale d’Anvers ?

Deux hommes, placés sur des échelles, et appuyés sur les bras
de la croix font descendre le corps du Christ à l’aide d’un linceul
queT’un tient entre ses dents, l’autre, de sa main gauche. Le pre-
mier? vieillard aux cheveux grisonnants, se cramponne d’une
main à la traverse du bois, et étreint de l’autre main, le bras droit
du Sauveur. Le second a laissé échapper le divin cadavre, que
Joseph d’Arimathie, monté sur le milieu de l’échelle, soutient

sous le bras gauche, et que saint Jean, debout au pied de la croix
reçoit dans ses bras. Nicodème, placé à droite sur une autre
échelle, du côté opposé à Joseph d’Arimathie, descend, tout en
paraissant donner des ordres aux deux ouvriers qui sont dans le
haut. A gauche, la Vierge, debout, pâle, absorbée dans sa dou-
leur, étend les mains vers son divin fils. Madeleine, agenouillée,
les bras nus, les cheveux épars, admirable par sa beauté plastique
et plus admirable encore par son désespoir immense, presse de
ses deux mains le pied du crucifié qu’elle soutient sur son épaule.
Marie Salorné enfin accroupie derrière Madeleine, lève vers le
Christ des yeux baignés de larmes. Tous les efforts, tous les
regards, toutes les pensées convergent ainsi vers l’Homme-Dieu,
dont la tête pendante, le torse ployé, les jambes et, les bras tordus
par la convulsion de l’agonie, expriment d’une façon saisissante
les ravages de la mort.

Et les deux autres compositions analogues d’André del Sarto,
et de Bartholoméo, et le Jésus crucifié, de Pal.mezzani, et YEnseve-
lissement du Christ, de Van Heemskerck, et la 7Résurrection, de
Rubens, et YEcce homo du Guide, autant de morceaux de premier
ordre dont nous eussions aimé à rappeler l’histoire...

SlMPLTCE.

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LES EXPOSITIONS PARTICULIÈRES

M»' LOUISE ABBÉMA

Combien plus avantageuses aux peintres que ces grandes foires à
tableaux annuelles, ces petites expositions privées où, dans un cadre
restreint, ils montrent un talent sous toutes ses faces et facettes. Com-
bien aussi plus agréables aux amateurs, à qui est épargné non seule-
ment le labeur de parcourir des kilomètres de toile pourtrouver œuvre
à leur goût, mais aussi l’ahurissement de cette arlequinade de styles, se
nuisant réciproquement dans les grands pandémoniums des Champs-
Elysées et du Champ-de-Mars.

Au public, qui les recherche chaque jour davantage, nous signalons
celle de Mlle Louise Abbéma, qui vient de s’ouvrir dans les salons
de M. Georges Petit, 12, rue Godot-de-Mauroy, pour durer jusqu’au
samedi 16 avril. Il y a là. quarante-et-un numéros de genre très divers,
dont pas un seul n’est sans intérêt, et dont l’ensemble donne une note
très personnelle de distinction, d’élégance, de fantaisie parisiennement
artistique.

Parmi les portraits, on remarque le dernier qui ait été fait de l’em-
pereur du Brésil, terminé quelques jours avant sa mort, et qui, au
mérite d’être absolument définitif, joint celui d’une ressemblance par-
lante, exprimée par une touche discrètement attendrie, d’une rare
finesse. Bien vivant aussi, celui de la princesse Georges Bibesco, avec
l’étrange éclat de ses grands yeux bleus, profonds comme la mer. A
noter celui, très mondain, d’un jeune homme en habit rouge, tout à
fait moderne et d’une amusante vérité.

Dans les deux effigies en pendant de Monsieur et Madame Marius
Fontane, Mlle Abbéma a victorieusement triomphé de cette difficulté
du portrait composé, mettant le modèle dans son milieu intime, ce
qui, avec le fouillis de bibelots dont sont encombrées nos demeures,
nécessite une autre facture, une facture de peintre de nature morte, un
sentiment très juste des valeurs respectives et des accessoires. Dans le
même goût est la Tasse de thé, avec un heureux effet d’éclairage
d’atelier.

Parmi les études de plein air, il faut signaler de petits coins verts de
campagne d’une bien jolie sincérité, notamment le ‘Puits au loup, et
surtout deux savoureux aspects de neige de la place de la Concorde,
enveloppés d’une rosâtre lumière d’hiver d’une extrême douceur, que
l’on retrouve dans les Derniers Chrysanthèmes tenus en brassée par une
fine parisienne rentrant chez elle à la lune naissante.
 
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