46
L'ART ORNEMENTAL.
M. Alvin de restreindre à un maximum de cinq années la période probable
de la production de l'estampe. Et, en effet, Charles le Téméraire, ayant pris
possession du duché de Bourgogne en 1467, n'acquit qu'en 1472 le duché
de Gueldre et le comté de Zutphen. Or, les blasons de ces deux provinces
ne figurent point dans l'estampe qui se trouve ainsi, par une déduction
logique, antérieure à 1472. M. Alvin constatait ensuite la présence de l'écu
du Charolais, alors que dans aucun des diplômes connus du fils de Philippe
le Bon, après son avènement, ce titre n'a subsisté. L'auteur était ainsi
amené à désigner l'année même de l'avènement de Charles le Téméraire
comme date probable de l'exécution de la planche.
La découverte fit sensation dans le monde des iconophiles et l'on
En bas se trouvent l'Entrée à Jérusalem, la Cène, la Flagellation, puis
au-dessus, le Christ en croix ayant à ses côtés l'Église et la Synagogue, et,
à ses pieds, le tombeau d'Adam. En remontant encore nous trouvons la
Descente aux Enfers, le Christ et saint Thomas, et tout en haut, l'Ascen-
sion, qui termine la vie terrestre.
Sur le trumeau la Vierge tient l'Enfant Jésus dans ses bras, et sur les
côtés de la porte sont placés les prophètes et les rois de l'Ancien Testa-
ment. Dans les cordons extérieurs des voussures est figurée la création du
monde, celle de l'homme, la chute et ses suites, puis viennent les patriar-
ches, les apôtres, les évangélistes et les pères.
Le portail de gauche représente les scènes de l'enfance du Christ, y
assista pendant plusieurs mois à un inté- compris la fuite en Egypte. Sur les côtés,
ressant débat, auquel prirent part en les Vertus, sous forme de vierges couron-
France, en Allemagne et en Belgique, des /^"~r'"k n^es ^e diadèmes, foulent aux pieds les
hommes d'une compétence reconnue. Le ,_j^^^^^^°^r W, Vices.
différend s'engagea surtout à propos de y^bs^mSaf^SS^^ Au portail de droite, on voit la Résur-
l'attribution de la planche donnée par les /^Sfl^^^^^^^SSêW^ rection et le Jugement avec les statues des
uns au maître de 1466, par d'autres à son (mff ^fc^PS^X vierges sages et des vierges folles ; puis,
école. '^Siàu> ~ iMS ïII&tIi dans les voussures des deux portails, les
Sur la question de date on différait KÎ^HfeïS^X IM V^S ' ^ anges, les martyrs et les saints confos-
peu ; sur l'attribution plusieurs, M. Hartzen ^^llfcw^t\ llSïSSsOl seurs.
entre autres, étaient très catégoriques : <qWBMMi^ife^ \ ----i1ÊÊfu< wSf^SW Chacun des personnages représentés
« M. Alvin vient de trouver dans un ma- I^Ê^M^^^^^^^SHSt I/mwÊF sc rapprochait plus ou moins d'un carac-
nuscrit de la bibliothèque de Bourgogne
à la Revue universelle des arts une pièce
inconnue jusqu'ici du maître de 1466 », et
dissertant ensuite sur la nationalité de ce /ft^Bft^^âat» af-m^m et la plupart du temps tenant en main des
maître célèbre, tour à tour revendiqué par «raTffô'^n'ratî f/sSm rouleaux en partie déployés. On les repré-
l'Allemagne, la Flandre et la Hollande, il MlW^il V'i'In 'HiHH uïWtt sentait rarement avec des livres comme
crut pouvoir en faire un Valenciennois
cité par Jean Lemaire dans ce passage de
Bien estamper, bien souder, bien graver
Mais il convient, pour entente plus meure,
Prier ton père aussi qu'il y besongne ;
Car chacun sait la main fort propre et seure
De Hans Steclin qui fut né à Coulongne.
ment Egidius ou Gilles de la E. S. ou G. S.
Depuis ce débat, où les affirmations
et les contradictions paraissent aussi plau-
sibles les unes que les autres, il s'est pro-
tère typique destiné à le faire reconnaître.
Les prophètes et les patriarches sont des
figures graves portant de longues barbes,
nous en voyons aux apôtres.
La parabole des vierges sages et des
sa Couronne margaritique : tŒJT&'Ç*-c0 C5*^?C^ï^t|^Jfj .jjL. vierges folles est représentée sur un grand
nombre de monuments religieux. Habi-
. J'ay ouvrier dont la main sage et cante ^^^Êi^^^^^^^^^Ê^ Stfe^ff tuellement les vierges sont au nombre de
Saura très bien plaste-forme eslever mWé^^^^^Ê^^^^^mÊS^^m dix : les cinq sages sont placées à la droite
d'u Christ; près d'elles est souvent un
Lors un Valenciennois, BM^^^^^^Kififfi^ arbre vigoureux couvert de feuilles et de
Gilles Steclin, ouvrier fort authentique, \l^^^m^Ê^^^^mM fruits. Le mauvais arbre de l'Evangile.
Lui dit aussi : Maître, tu me cognois. L'^mp^^'^^Ê^^^SK\^^^^^SmviBÊSS^
Quant Mérite oy parler Gilles Steclin. MMnr^^^^^^^?^^^^^m dont les branches sont stériles, porte une
Certes, dit-il, tu t'avances à bonne heure ; ,. hache qui attaque le tronc destiné à être
jeté au feu ; il est placé près des vierges
folles. Ces vierges figurent sur nos grandes
cathédrales.
A Notre-Dame de Paris, les vierges
(ailles Steclin était donc Valencien- ^HSHBRMflSnBr....... sages tenaient des lampes allumées, les
nois, fils d'Allemand, signant indifférem- -, -^^ÊÊÊBSmnSWBr 'vierges toiles des lampes éteintes et ren-
versées. La porte du ciel s'ouvre pour les
sages et se ferme pour les folles.
Mais, parmi les représentations de ce
genre, les plus célèbres sont celles qui
duit une nouvelle version des Armoiries '''■^■^^^(0^<^^<"--^^s3ÊSSÊÊtB^^~r'-:-■ décorent la façade de la cathédrale de
de Bourgogne pour laquelle on a revendi- _ -. •. ■■j^^^^^^^i^^^^^jj^^^'^z^ - Strasbourg. Elles sont placées dans les
qué la qualité d'oeuvre type dont l'estampe ' ^^jjBBMW'^WIHf f—j—Q^z......._ portails latéraux. Les vierges sages sont
de la bibliothèque royale de Bruxelles accompagnées de l'image du fiancé ; un
, • , Aiguière en vermeil du cardinal d'York. • .,, >■, > . ,
que nous reproduisons ne serait que la jeune gentilhomme élégant et beau est
copie. La chose est pour nous secon- Dessin de J. B. Diouot. également placé à côté des vierges folles,
daire. Il nous suffit que la gravure soit mais les reptiles qui rampent sur son dos
belle, bien arrangée, d'un sentiment ornemental intéressant, et elle l'est
incontestablement ; le reste est affaire aux archéologues iconophiles dont
nous n'avons relaté les doutes, les hésitations et les conclusions qu'à titre
de pure curiosité.
Aiguière en vermeil du cardinal d'York.
Nous avons donné déjà dans notre n° 26 le plateau de cette aiguière.
Tympan du portail central de la cathédrale de Strasbourg.
Le tympan du portail central de la cathédrale de Strasbourg est divisé
en quatre bandes où se déroule toute l'histoire de Jésus-Christ.
expriment aux yeux des fidèles son caractère diabolique.
Toutes ces décorations ornementales sont claires et très intelligibles.
On sent qu'elles ont été conçues et dirigées par des ecclésiastiques. Dans
les périodes qui suivent, où les laïques se substituèrent aux moines, ces
décorations sont toutes différentes, beaucoup moins naïves et plus compli-
quées : on y voit l'allégorie satirique se substituer au symbolisme reli-
gieux.
« Dans les cloîtres, s'écrie saint Bernard devant des frères occupés à
lire, à quoi servent ces monstruosités ridicules, ces admirables difformités ?
Que font ici ces singes immondes, ces lions farouches, ces centaures, ces
moitiés d'hommes, ces tigres tachetés, ces soldats combattant, ces
chasseurs sonnant du cor ? Vous pouvez voir plusieurs corps réunis sous
une seule tête, ou plusieurs têtes sur un seul corps ; un quadrupède à
L'ART ORNEMENTAL.
M. Alvin de restreindre à un maximum de cinq années la période probable
de la production de l'estampe. Et, en effet, Charles le Téméraire, ayant pris
possession du duché de Bourgogne en 1467, n'acquit qu'en 1472 le duché
de Gueldre et le comté de Zutphen. Or, les blasons de ces deux provinces
ne figurent point dans l'estampe qui se trouve ainsi, par une déduction
logique, antérieure à 1472. M. Alvin constatait ensuite la présence de l'écu
du Charolais, alors que dans aucun des diplômes connus du fils de Philippe
le Bon, après son avènement, ce titre n'a subsisté. L'auteur était ainsi
amené à désigner l'année même de l'avènement de Charles le Téméraire
comme date probable de l'exécution de la planche.
La découverte fit sensation dans le monde des iconophiles et l'on
En bas se trouvent l'Entrée à Jérusalem, la Cène, la Flagellation, puis
au-dessus, le Christ en croix ayant à ses côtés l'Église et la Synagogue, et,
à ses pieds, le tombeau d'Adam. En remontant encore nous trouvons la
Descente aux Enfers, le Christ et saint Thomas, et tout en haut, l'Ascen-
sion, qui termine la vie terrestre.
Sur le trumeau la Vierge tient l'Enfant Jésus dans ses bras, et sur les
côtés de la porte sont placés les prophètes et les rois de l'Ancien Testa-
ment. Dans les cordons extérieurs des voussures est figurée la création du
monde, celle de l'homme, la chute et ses suites, puis viennent les patriar-
ches, les apôtres, les évangélistes et les pères.
Le portail de gauche représente les scènes de l'enfance du Christ, y
assista pendant plusieurs mois à un inté- compris la fuite en Egypte. Sur les côtés,
ressant débat, auquel prirent part en les Vertus, sous forme de vierges couron-
France, en Allemagne et en Belgique, des /^"~r'"k n^es ^e diadèmes, foulent aux pieds les
hommes d'une compétence reconnue. Le ,_j^^^^^^°^r W, Vices.
différend s'engagea surtout à propos de y^bs^mSaf^SS^^ Au portail de droite, on voit la Résur-
l'attribution de la planche donnée par les /^Sfl^^^^^^^SSêW^ rection et le Jugement avec les statues des
uns au maître de 1466, par d'autres à son (mff ^fc^PS^X vierges sages et des vierges folles ; puis,
école. '^Siàu> ~ iMS ïII&tIi dans les voussures des deux portails, les
Sur la question de date on différait KÎ^HfeïS^X IM V^S ' ^ anges, les martyrs et les saints confos-
peu ; sur l'attribution plusieurs, M. Hartzen ^^llfcw^t\ llSïSSsOl seurs.
entre autres, étaient très catégoriques : <qWBMMi^ife^ \ ----i1ÊÊfu< wSf^SW Chacun des personnages représentés
« M. Alvin vient de trouver dans un ma- I^Ê^M^^^^^^^SHSt I/mwÊF sc rapprochait plus ou moins d'un carac-
nuscrit de la bibliothèque de Bourgogne
à la Revue universelle des arts une pièce
inconnue jusqu'ici du maître de 1466 », et
dissertant ensuite sur la nationalité de ce /ft^Bft^^âat» af-m^m et la plupart du temps tenant en main des
maître célèbre, tour à tour revendiqué par «raTffô'^n'ratî f/sSm rouleaux en partie déployés. On les repré-
l'Allemagne, la Flandre et la Hollande, il MlW^il V'i'In 'HiHH uïWtt sentait rarement avec des livres comme
crut pouvoir en faire un Valenciennois
cité par Jean Lemaire dans ce passage de
Bien estamper, bien souder, bien graver
Mais il convient, pour entente plus meure,
Prier ton père aussi qu'il y besongne ;
Car chacun sait la main fort propre et seure
De Hans Steclin qui fut né à Coulongne.
ment Egidius ou Gilles de la E. S. ou G. S.
Depuis ce débat, où les affirmations
et les contradictions paraissent aussi plau-
sibles les unes que les autres, il s'est pro-
tère typique destiné à le faire reconnaître.
Les prophètes et les patriarches sont des
figures graves portant de longues barbes,
nous en voyons aux apôtres.
La parabole des vierges sages et des
sa Couronne margaritique : tŒJT&'Ç*-c0 C5*^?C^ï^t|^Jfj .jjL. vierges folles est représentée sur un grand
nombre de monuments religieux. Habi-
. J'ay ouvrier dont la main sage et cante ^^^Êi^^^^^^^^^Ê^ Stfe^ff tuellement les vierges sont au nombre de
Saura très bien plaste-forme eslever mWé^^^^^Ê^^^^^mÊS^^m dix : les cinq sages sont placées à la droite
d'u Christ; près d'elles est souvent un
Lors un Valenciennois, BM^^^^^^Kififfi^ arbre vigoureux couvert de feuilles et de
Gilles Steclin, ouvrier fort authentique, \l^^^m^Ê^^^^mM fruits. Le mauvais arbre de l'Evangile.
Lui dit aussi : Maître, tu me cognois. L'^mp^^'^^Ê^^^SK\^^^^^SmviBÊSS^
Quant Mérite oy parler Gilles Steclin. MMnr^^^^^^^?^^^^^m dont les branches sont stériles, porte une
Certes, dit-il, tu t'avances à bonne heure ; ,. hache qui attaque le tronc destiné à être
jeté au feu ; il est placé près des vierges
folles. Ces vierges figurent sur nos grandes
cathédrales.
A Notre-Dame de Paris, les vierges
(ailles Steclin était donc Valencien- ^HSHBRMflSnBr....... sages tenaient des lampes allumées, les
nois, fils d'Allemand, signant indifférem- -, -^^ÊÊÊBSmnSWBr 'vierges toiles des lampes éteintes et ren-
versées. La porte du ciel s'ouvre pour les
sages et se ferme pour les folles.
Mais, parmi les représentations de ce
genre, les plus célèbres sont celles qui
duit une nouvelle version des Armoiries '''■^■^^^(0^<^^<"--^^s3ÊSSÊÊtB^^~r'-:-■ décorent la façade de la cathédrale de
de Bourgogne pour laquelle on a revendi- _ -. •. ■■j^^^^^^^i^^^^^jj^^^'^z^ - Strasbourg. Elles sont placées dans les
qué la qualité d'oeuvre type dont l'estampe ' ^^jjBBMW'^WIHf f—j—Q^z......._ portails latéraux. Les vierges sages sont
de la bibliothèque royale de Bruxelles accompagnées de l'image du fiancé ; un
, • , Aiguière en vermeil du cardinal d'York. • .,, >■, > . ,
que nous reproduisons ne serait que la jeune gentilhomme élégant et beau est
copie. La chose est pour nous secon- Dessin de J. B. Diouot. également placé à côté des vierges folles,
daire. Il nous suffit que la gravure soit mais les reptiles qui rampent sur son dos
belle, bien arrangée, d'un sentiment ornemental intéressant, et elle l'est
incontestablement ; le reste est affaire aux archéologues iconophiles dont
nous n'avons relaté les doutes, les hésitations et les conclusions qu'à titre
de pure curiosité.
Aiguière en vermeil du cardinal d'York.
Nous avons donné déjà dans notre n° 26 le plateau de cette aiguière.
Tympan du portail central de la cathédrale de Strasbourg.
Le tympan du portail central de la cathédrale de Strasbourg est divisé
en quatre bandes où se déroule toute l'histoire de Jésus-Christ.
expriment aux yeux des fidèles son caractère diabolique.
Toutes ces décorations ornementales sont claires et très intelligibles.
On sent qu'elles ont été conçues et dirigées par des ecclésiastiques. Dans
les périodes qui suivent, où les laïques se substituèrent aux moines, ces
décorations sont toutes différentes, beaucoup moins naïves et plus compli-
quées : on y voit l'allégorie satirique se substituer au symbolisme reli-
gieux.
« Dans les cloîtres, s'écrie saint Bernard devant des frères occupés à
lire, à quoi servent ces monstruosités ridicules, ces admirables difformités ?
Que font ici ces singes immondes, ces lions farouches, ces centaures, ces
moitiés d'hommes, ces tigres tachetés, ces soldats combattant, ces
chasseurs sonnant du cor ? Vous pouvez voir plusieurs corps réunis sous
une seule tête, ou plusieurs têtes sur un seul corps ; un quadrupède à