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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 73 (21 Juin 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0087

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82

L'ART ORNEMENTAL.

EXPLICATION DES PLANCHES

Plat décoré de sujets tirés de la Genèse.

lozzo. Chose incroyable ! toutes ces dépenses furent paye'es par Pigello
Portinari qui dirigeait à Milan la banque de Cosme. L'histoire de cette
maison ne peint-elle pas toute une époque ? Ces princes qui se font de
pareils cadeaux, cette quantité de splendeurs embellissant encore un don
royal, cet architecte qui sème en se jouant de pareilles sculptures, et comme
couronnement de toutes ces magnificences passe un marchand qui tire son
portefeuille et paye la note.

Michelozzo, selon l'habitude du temps, fut peintre, sculpteur, archi-
tecte et ingénieur. La renommée de la porte Dei Bossi fut grande en Italie
et balança longtemps celle des fameuses portes de Ghiberti. Elle est tout
entière en marbre blanc, sculptée en bas-relief, et se compose, dans ses
lignes essentielles, de deux pilastres réunis par un cintre qui supporte un
élégant entablement. Dans la large frise, deux génies portent un écusson
aux armes de Milan. Les triangles inscrits par le cintre de la porte, les
pilastres et la frise offrent les portraits en médaillon de François Sforza et

Ce plat est celui qui accompagne l'aiguière dont nous avons donné
la reproduction. Il est également de Pierre Raymond et peint en grisaille
sur fond noir. Il représente les principales scènes de la Genèse, depuis la
création de la femme jusqu'à la mort d'Abel, grisailles sur fond noir et
directement inspirées, au moins dans leurs parties principales, de l'école
italienne et particulièrement de compositions de Raphaël. Comme on en
peut juger, le dessin des figures est grand et magistral. Quant à la bordure,
elle est composée d'élégants rinceaux dans le goût le. plus pur de la
Renaissance italienne. Elle est fort riche et exécutée avec beaucoup de soin

et de précision. de Bianca, sa femme; enfin, dans

/Jî^ij. l'épaisseur des pilastres et la vous-

Lampe en bronze. Zf'fl» sure de l'archivolte, les armes des

:CfgLail- différents personnages (le faucon

C'est un travail italien du com- ^^w^^^^^^^S^. avec une Dague à diamant pour

mencement du xvr siècle. Sa hau- _ |>vS<!i^«B2si'''^\ Cosme et le paon pour François!

teur est de -zib millim., sa largeur ^|)ff,^j^jHr^%jxv forment en alternant avec une bous-

de 202 millim. et sa profondeur de if% *°myI'wkh^L S0'e Un cnarmant thème de décora-

94 millim. Il appartient au South ■S^HS tion. Mais la partie dominante, celle

Kensington Muséum. j^^M[^cÊMmw \\ °" ic ta'cnt uc l'artiste s'est affirmé

f\ T&$%smË^jH«Er S m avec le plus d'amour et d'autorité,

Porto dite « Dei Bossi ». 5)T«^y«SMHHF /Jf c'est cette curieuse pyramide d'hom-

(Muscc archéologique de Brera, à Milan.) BIT JSUÊr JlÊ ^ d'Cœb,èn,e*' Jc &ain 1ui> !,u

^££^8^^, p'\; jWaaPHa J^W sortir de la contrainte des lignes et

Le musée Brera, «lit M. Gin- ë&- -^ff'^^fi'- -^m^«^SH^§^^ de la tyrannie des moulures, semble

driez, est un des sanctuaires les plus f^^^^k^ ' '^^W^jaillWffW11''11..... "uL^-^ ■J^ dans ce coin de libre espace comme

retentissants parmi tant de splen- ^^^^^^É^ ^ff/^ '^^^^^^^M^è^^^^-H^^^^ '3 revanc^e <^u sculpteur et sa pro-

dides musées consacrés à l'art italien. [y ^f^^^^'^^ ■■ ' ÊÊlÊÈt' ■ éÊ^^^^^^^^^^^^^K testation contre l'architecte. La pyra-

Lors de la suppression de l'ordre mide commence par un guerrier
des Humilies, les Jésuites, en partie ^^^Mè"^^^/^^^^^M^^^^^^BK^^^^^,\cuirassé et farouche qui brandit sa

héritiers de leurs biens, firent exé- j j W^jW massue; puis s'adoucit et s'effile en

cuter par le Richini ce bel et vaste J^ijS^^S^^^i^B' JÊBk un adolescent qui soutient au bout

édifice dont quelques restaurations ^S^^pS^ ~~^Br.^^3SHk d'une lance les emblèmes ducaux

n'ont pas sensiblement altéré le ^É|fgî|^ï SÊÊm \ËmÊÈÈsSËa l'u donateur. La composition, con-

caractère. Bannis à leur tour, ils BÊ^lnÊÊiÊÈs tinuée par une chute de Heurs, de

cédèrent la place à l'Académie des ■ J^|N\ ||Bpk Jr/ lœBw fruits, d'oiseaux, se termine par un

Beaux-Arts en 1776. Il faut croire f '' ^ ^srar^W '-^^^s enfant qui danse et se fond dans un

que sur ce sol mouvant, signalé par W**^^$;l ^^^^t^^*'^^ itftÊÊÈr sourire.

les deux célèbres catastrophes, la ^Y^'M'4^ ^^S^^^^Ê^^^^^ Michelozzo, selon Vasari, a été

nouvelle institution jeta de fortes sCîfî ''Jli^l^BBiPi^^^'^^^^^^M^K^^gH^^V regardé comme le plus grand des

racines; car, sous différents titres, Â[___^g^^flii......................,................-„. ,......».........^^^B^mZmL^m^J^ architectes de la fin du xv siècle,

elle subsista à travers toutes les ^^^^tfz^±rz^^^^^^^^^MM^3^^^^^^^^^^^^ê0->.■ entre Brunelleschi et Bramante. Un

secousses de l'Italie dans les temps '^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^S^^^^^~xrÙi^^^^^^^^^^^ pareil jugement n'a rien qui sur-

modernes. C est ainsi que lente- prenne, quand on considère la com-

, 1 1 Lampe en bronze. ... , „ , , . ,

ment, mais sûrement, dans la calme position de cette porte, la beauté de

et studieuse retraite respectée des . ses lignes, la fermeté de ses profils.

orages, germèrent et grandirent à son ombre ces deux collections qui en

sont comme l'épanouissement: le Musée archéologique et la Pinacothèque.

Cette histoire sommaire de Brera n'est pas inutile. Aujourd'hui que les
escaliers, les vastes cours désertes, les longs portiques silencieux sont
peuplés de tableaux et de statues ; qu'une foule de curieux, d'étrangers,
d'artistes, circule et s'y déploie dans une illumination de chefs-d'œuvre,
qui pourrait retrouver dans cette fête des élégances bruyantes et des
richesses mondaines l'humble berceau primitif, ce pauvre ordre des Humi-
liés qui vivait dans la pauvreté et filait la laine ?

Un homme, Joseph Bossi, avait fait de la création de ce musée son
rêve, son œuvre et le but même de son existence. Il fut très attaqué pendant
sa vie, poursuivi même après sa mort, et peu à peu, tout ce bruit, toutes
ces injustices, toutes ces amertumes se sont éteintes dans la plus cruelle de
toutes, le silence et l'oubli.

Cette porte, dite Dei Bossi, appartenait à une riche maison donnée
par François Sforza, duc de Milan, à Cosme de Médicis, qui la fit agrandir
et embellir par les soins de son architecte Michelozzo Michclozzi. Vasari
vante l'intelligente disposition, la magnificence et le goût de cette maison,
et nous apprend que les sculptures de la porte sont de la main de Miche-

Avec la chapelle de l'église San Eustorgio, elle constitue la seule œuvre
architecturale bien authentique de Michelozzo, qu'il faut chercher, comme
on sait, dans les éblouissements de ce Panthéon merveilleux qui s'appelle
Florence. Elle fut composée de 1460 à 1465, et cette date peut donner
matière à quelques réflexions. A cette époque Bramante était jeune encore
et inconnu. Son influence n'avait pas encore nivelé et aplati l'architecture
sous les pages doctrinaires et monotones du livre de Vitruve. Cette porte
montre comment, en dehors de lui et avant lui, l'antiquité était étudiée et
comprise et quels fruits aurait portés cette étude faite librement par les
véritables artistes du temps. La réforme de Bramante et de J. B. Alberti,
dans ce monde plein de sève et d'originalité, fut un peu la revanche des
médiocrités honnêtes et laborieuses. Elle apporta dans son cercle étroit et
autoritaire des études consciencieuses, une régularité parfaite, des qualités
mécaniques précieuses enfin, bien faites pour étouffer le beau feu de la
Renaissance.

La maison de Cosme de Médicis appartint dans la suite aux comtes
de Barbe, et, si l'on veut savoir pourquoi dès le xvm= siècle on n'y trouvait
plus les peintures de Michelozzo et de Foppa, c'est que les nouveaux maîtres
la firent réparer dans de meilleures conditions de bien-être qu'il est
 
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