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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

DOI issue:
Nr. 74 (28 Juin 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0091

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86

L'ART ORNEMENTAL.

Metz le 26 septembre 1637. Son père était orfèvre et habile dessinateur.
11 fut le véritable maître de son fils, qui se montra d'une excessive préco-
cité. Dans ses premières œuvres, Sébastien Le Clerc s'inspire de sa ville
natale. A côté de quelques planches représentant des sujets religieux,
il exécute un profil de Metz et deux vues des environs de la ville, dont
l'une nous montre l'aqueduc de Jouy. Ces œuvres sont publiées à Metz, où
existait une imprimerie en taille-douce. Il y publie aussi ses premières
Messes ou Heures dévotes, suite de pièces pour un livre de prières, et les
Modes de Met^, où il s'inspire de Callot et où il prend sur le vif les mœurs
lorraines.

Il quitte sa ville, en 1665, et arrive à Paris. D'abord il continue ou
reprend quelques-unes de ses premières pièces : les conditions de la vie
artistique étant les mêmes de tout temps, il produit pour satisfaire à des
commandes; il travaille pour les libraires parisiens et illustre quelques-uns
des plus beaux livres qui paraissent à cette époque.

Un peintre en miniature, Jacques Bailly, lui fait graver des dessins de
devises pour le livre des Tapisseries du Roy. Quand ces reproductions
sont exécutées, il les place
sous les yeux de Le Brun,
qui lui confie huit sujets, les
Saisons et les Eléments. Une
période de succès commence
pour l'artiste. Colbert lui
fait obtenir une pension de
600 écus et un logement à
la manufacture des Gobelins.
Installé dans le bâtiment
royal, il est, pour ainsi dire,
au service du roi. Il reprend,
il est vrai, un moment son
indépendance, avec le con-
sentement de Colbert, pour
se livrer à toutes les inspi-
rations de son esprit; mais
il n'en reste pas moins gra-
veur du roi. Il retrace les
faits principaux des cam-
pagnes royales; il cherche
des compositions ingénieuses
pour rappeler les services
des grands. Il grave d'après
les dessins de Le Brun le
mausolée élevé, à l'Oratoire,
au chancelier Séguier. Le
Brun est tellement satisfait
de son graveur qu'il le pré-
sente à l'Académie de pein-
ture. L'estampe du mausolée lui sert de morceau de réception.

Peu de temps après, il épouse Charlotte de Kerkhove, fille du teinturier
en chef des Gobelins. Il avait alors trente-six ans. Après son mariage il
entreprend des planches pour Mascaron et Fléchier, pour l'Art de peindre
de Dufresnoy, pour les Conversations de M"8 de Scudéry.

Les séries officielles se succèdent. Le Brun meurt en 1690 : Sébastien
Le Clerc grave encore les Batailles d'Alexandre, les Petites Conquêtes de
Louis XIV. Une nouvelle série de sujets religieux, les Figures de la Passion,
est dédiée à M,I1C de Maintenon. Nous ne parlerons pas des gravures de
médailles, d'emblèmes scientifiques, de plans d'architecture et de fortifi-
cations. Enfin, il meurt en 1714, dans toute la plénitude de son talent.

Une carrière d'artiste aussi féconde est marquée par des productions
multiples. Il semble difficile d'en saisir tout d'abord l'unité; et pourtant on
aperçoit bien l'ensemble de cet œuvre. Quelques motifs de fantaisie s'en
détachent çà et là; mais nous retrouvons, réunie par un lien naturel, la
suite ingénieuse de toutes ces compositions. On y remarque des points
principaux. Parmi les pièces de début, nous avons signalé les Modes de
Met?). Dans ces 'gravures originales, toutes les conditions civiles et
religieuses défilent sous nos yeux, pape, cardinaux, président à mortier,
marchands, cabaretiers, courtisanes. Cette série dut satisfaire son auteur,
car il y est revenu vers la fin de sa vie en une inspiration analogue qui s'est
traduite par ses Figures à la mode. C'est aussi une suite de personnages,
nobles et bourgeois, laquais et paysans, dames richement parées, soldats,

gens de petits métiers; il y a là un monde charmant de vérité, d'observation
et de naturel.

Ces types font partie de la comédie humaine, telle qu'elle se développe
à une époque. Au même point de vue, d'autres pièces sont faites pour nous
intéresser. Il faut examiner entre autres celles qui accompagnent le texte
des Conversations de M11» de Scudéry. Ce livre ennuyeux est relevé par ses
planches, où l'on voit de jeunes gentilshommes et des dames qui devisent,
dans les allées d'un parc, avec toute l'élégance et la dignité des gens de
cour.

Les mêmes personnages reparaissent dans le labyrinthe de Versailles.
On les voit circuler à côté des grottes et des jets d'eau. Là n'est pas le côté
le plus étroit de cet œuvre d'un graveur classique : il anime les jardins
royaux, comme Watteau le fera un demi-siècle plus tard. Par moments, il
nous rappelle les opéras de Quinault et la Princesse d'Elide, de Molière.

Toute différente est l'impression que donnent les gravures où il retrace
les solennités et les cérémonies royales. Il est sévère, pompeux et noble ; il
recherche l'allégorie; il entoure le portrait de Louis XIV d'emblèmes, de

fleurons, d'attributs mytho-
logiques. Ces compositions,
qui ont uniquement le roi
pour objet, sont, en général,
peu attachantes; mais nous
ne pouvons nier que le style
classique n'y atteigne sa
plus grande hauteur.

En somme, l'œuvre de
Le Clerc a trop d'étendue
on n'y découvre pas cet en-
semble d'observations, d'im-
pressions qui rendent un
artiste vraiment individuel.
Il a de grandes qualités,
mais il ne les concentre pas
dans un domaine bien dé-
fini. On sent qu'il a trop
obéi aux exigences de son
époque et à la facilité qui
lui était naturelle.

La bibliothèque de Paris
possède trois volumes de
Sébastien Le Clerc.

Le premier volume con-
tient un portrait du maître au
milieu des cadres des Petites
Conquêtes de Louis XIV,
les Tableaux de la messe,
des cadres, des titres, des
armoiries, des lettres ornées, l'Hyménée, deux apothéoses, dont celle
d'Iris, des tombeaux, des autels, des cartouches, des titres et vignettes,
des têtes de pages, des encadrements, des frontons et des écrans.

Le second volume contient les funérailles de Charles XI, roi de Suède,
le catafalque du président Séguier, des tombeaux, des titres, des obélisques,
des plafonds, des encadrements, etc.

Le troisième volume contient un beau titre. Les dix livres d'architec-
ture de Vitruve, l'Arc de triomphe de Louis XIV à la porte Saint-Antoine,
des vases de fleurs, quatre pièces rondes.pour fonds de plats d'orfèvrerie :
la première représente un paysage entouré d'une guirlande de fleurs; la
seconde, une couronne de lauriers entourée de sujets de chasse; la
troisième, une rosace entourée de cavaliers combattant; et la quatrième,
les quatre Saisons.

La Chalcographie du Louvre possède de Le Clerc quatorze lettres
ornées.

PETITE CHRONIQUE

— A l'occasion de l'achèvement de la statue de la Liberté éclairant le
monde, qui va bientôt être expédiée à New-York, le ministre des Etats-
Unis a donné aux membres de l'Union franco-américaine un grand dîner

Poires a poudre.
 
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