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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 93 (8 Novembre 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0166

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IÔ2

L'ART ORNEMENTAL.

naissance du chœur. La brutalité avec laquelle les nouvelles constructions
sont soudées aux anciennes, en prouvant que les ordonnateurs l'entendaient
bien ainsi, doit désarmer les critiques que ferait naître dans un examen
d'ensemble la comparaison de ces diverses parties.

En 1497, la coupole n'était pas terminée. Ludovic, épuisé par ses
guerres, ne donnait plus d'argent. Les travaux languissaient; le couvent se
désolait, mais la bonne Vierge veillait toujours. L'année même, Béatrice
d'Esté mourut. Elle était adorée de son mari, et les dominicains, qui
possédaient déjà les corps des deux enfants, demandèrent et obtinrent celui
de la mère. Dès lors, il fallait bien un abri aux chères dépouilles, et la
douleur de Ludovic se traduisit en pluie de marbre et d'or.

L'église des Grâces sortit ainsi de cette nouvelle crise plus belle et plus
rayonnante que jamais.

L'église elle-même n'offre pas
grand intérêt : c'est le type com-
mun des églises italiennes où les ô'Tp. PETITE CHRONIQUE

formes gothiques subsistent, mais

contraire ; car il n'a jamais su donner à l'architecture cette coloration et
ce mouvement.

La chronique du père Gattico, la seule œuvre un peu digne de foi,
depuis la perte des archives du couvent, écrite au commencement du
xvii0 siècle, nous apprend que Louis le More dirigea l'œuvre lui-même
avec le concours de plusieurs architectes. Il est probable que Bramante fut
consulté et que Ludovic n'en fit qu'à sa tête. Comme les rois de cette
époque vivaient dans l'intimité des artistes et prenaient part à leurs
travaux, il n'est pas étonnant qu'un prince se soit fait le collaborateur
de l'architecte dont il avait été dans l'espèce l'inspirateur et le guide.
Bramante était l'ami de Ludovic, comme Michelozzo et Donatello étaient
les amis de Cosme de Médicis. L'art s'était dissous dans cette société
élégante et raffinée : il était dans l'air, on le respirait.

dénaturées par des réminiscences
de l'antique. On y remarque pour-
tant quelques anciennes fresques
intéressantes mais restaurées, la
boiserie du chœur et la sacristie.
L'abside même n'offre à l'inté-
rieur que de grands murs unis
revêtus d'un décor en grisaille.

L'abside se compose de qua-
tre corps de bâtiments qui se
coupent à angle droit en forme
de croix. Aux deux tiers de leur
hauteur et sur les trois côtés
laissés libres par la nef de l'église,
d'élégants hémicycles coupent
heureusement les grandes faces
rectilignes de ces murs. Au centre
de la croix, s'élève la coupole.
Pour remonter aux origines, on
peut dire que cette coupole est
de la famille des coupoles byzan-
tines transportées en Lombardie
par les Vénitiens, mais c'est mer-
veille de voir comme avec le
temps le génie indigène avait
assoupli le type primitif et l'avait
régularisé en se l'assimilant. Car
ce n'est pas ici l'arborescence
touffue, les excroissances super-
posées des siècles précédents.
La clarté du plan, sa vivacité,
sa régularité accusent partout
l'obéissance de la matière et la

— Nous lisons dans tous les
journaux la nouvelle suivante :
« M. Fallières, ministre de
l'Instruction publique et des
Beaux-Arts, a reçu la délégation
de l'Union centrale des Arts
décoratifs, qui avait à sa tête
M. Antonin Proust et qui était
accompagnée de M. Moyaux,
architecte de l'ancienne Gourdes
comptes. M. Antonin Proust a
exposé au ministre les détails du
projet de convention que l'Union
centrale désirerait voir adopter
par le gouvernement et par les
Chambres pour la construction,
sur les ruines du quai d'Orsay, du
Musée des Arts décoratifs. Le mi-
nistre a fait le meilleur accueil
aux propositions de l'Union cen-
trale.

« Celle-ci s'est réunie hier,
sous la présidence de M. Antonin
Proust, et a décidé de présenter
au. ministre un projet de conven-
tion, formulé en vingt articles.
D'après cette convention, le Mu-
sée serait construit dans un délai
de quatre ans et serait prêt, par
conséquent, pour le centenaire
de 17.S9.

« Rappelons que, de son côté,
le ministre des Beaux-Arts a pre-

domination impérieuse d'une vo- '3PÇé^* 'W^^k&^wMR^ /< :i '^Vf - n^'v' paré et fait accepter récemment

lonté. C'est le dernier effort d'un ^ijJP ^^^0*^ ^£~j/ SÊHÊf* au conseil des ministres un pro-

art frappé au cœur, la lueur su- jet de loi tendant à autoriser l'af-

prême de l'ancienne école ita- I or trait. fectation de l'ancienne Cour des

lienne qui avait grandi dans la Peinture alIcm;lndc <l646>> ^ire italien, comptes à la construction d'un

libre interprétation de l'antiquité. Musée des Arts décoratifs. Le

terrain serait remis à l'Union centrale, qui édifierait le Musée à ses frais ;
mais dans trente ans les bâtiments et les collections feraient retour à
l'État.

« L'accord intervenu entre le ministre et le conseil de l'Union centrale
va avoir pour conséquence le dépôt du projet de loi sur le bureau de la
Chambre. »

C'est-à-dire que :

i° On va dépenser tout le produit de la loterie à construire le conte-
nant. Quant au contenu, c'est-à-dire, à l'essentiel, aux objets d'art, on

attendra une autre occasion..... qui se présentera peut-être plus tard.

2" Le Musée des Arts décoratifs, avec les Ecoles qui devront y être
jointes, étant uniquement destiné aux ouvriers du Marais et du faubourg
Saint-Antoine, sera tout naturellement installé au quai d'Orsay, pour que
lesdits ouvriers n'y puissent arriver qu'en perdant plusieurs heures.

Quelques auteurs anciens et même modernes ont attribué cette œuvre
à Bramante et la proclament son chef-d'œuvre. Mais la raison proteste
contre cette attribution d'une œuvre qu'on opposerait volontiers à celles du
célèbre architecte pour demander la révision du procès entre lui et ses
devanciers. Il n'est pas possible qu'un homme se jette ainsi hors de lui-
même ; et si cela était, cette page, dans ses larges dimensions et avec son
autorité, apparaîtrait dans la vie de Bramante, non comme une exception,
non comme une curiosité, mais comme un remords et comme la condam-
nation solennelle de sa mission. A défaut de textes authentiques sur la
matière, la collaboration indiscutable de Bramante au cloître voisin, son
amitié avec Ludovic le More, surtout la porte de l'église dont nous
donnons la gravure, où l'on a cru trouver sa manière, ont continué à
entretenir et à propager cette erreur. Mais une comparaison attentive de
l'œuvre de Bramante avec cette porte conduirait plutôt à la preuve
 
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