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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 94 (15 Novembre 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0170

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i-66 L'ART ORNEMENTAL

EXPLICATION DES PLANCHES

Un Tournoi à Florence. Tapisserie.

ateliers n'eurent qu'une existence éphémère et qu'ils ne se composaient
bien souvent que d'un seul métier.

Le plus ancien atelier italien connu jusqu'ici est celui de Mantoue.
Dès 1419 un tapissier français, Johannes Thomac, de Francia, y travaillait
pour les Gonzague, au service desquels il resta jusque vers 1442. Il fut suivi
de près par Nicola de France, puis par Guidone et Adamante, également
Français. Le peintre dei Corradi, de Crémone, était chargé de leur fournir
les cartons.

Cette belle tapisserie, qui représente un épisode de tournoi à Florence,
appartient au palais royal de cette ville. C'est un très curieux travail

italien du xv° siècle. Elle offre un intérêt Vers le milieu du xve siècle, grâce à

tout particulier au point de vue des cos- l'influence de la marquise Barbe de Bran-

tumes et des édifices; elle permet de con- i^rf^^^^^^^^ÊÊS^SÊÊÊÊÊÊÊÊSS^fint debourg, la fabrication des tapisseries prit

stater que le dallage des rues, qui s'est friSS1'"'^f^mÊÊKSÊBl^M jlflf " " le plus brillant essor à Mantoue. Un artiste

perpétué jusqu'à nos jours sur les bords 1 considérable, Rinaldo Boteram, dirigeait

de l'Arno, y était dès lors en usage. IHHHHk' ^'Ç'ïî^ijïillp" ■ ■ j:',,!,!| ".,t/'!■,"^?ï. les haut-lissiers et Andréa Mantegna leur

L'Italie, dit M. Miïntz, avait le privi- jff - ^^^^^^^j^^^^^m^/mJ^S^Ss'^ fournissait les cartons,

lège d'attirer les émigrants. De 1420 à 15oo, BËÈÈÈf *&ÊBSË8ÊÊsiÈ$'' hHIII Dans le dernier tiers du si" siècle,

des essaims de tapissiers originaires d'Ar- j J.'.'j ' fflËKtÊÈiÊÈÈiïiÈÈ «pi '• lÊÊÊÊBÊ l'atelier de Mantoue commença à languir:

ras, de Lille, de Bruges, de Tournay, de fiËB^w^B^mMffl^SB^M^MWBn^r^mi fabriqua cependant encore longtemps et

Bruxelles, s'abattirent sur les États du MfipflHBfSfltf ., • BP mourut de consomption,

marquis de Mantoue, du duc de Ferrare, ' M^^B^IBiBl I '"CS ate''ers ^° Venise sont presque

du duc d'Urbin; sur la Vénétie, la 'l'os- ^^ffijj^^ Ilii aussl anciens que celui de Mantoue; dès

cane, l'Ombrie. A Rome, on trouve même vâ"S6 n>l Tj'ffi'., ^'f^-lS^S^j^^a? ■J1'' Il 11 '421 nous trouvons à leur tête Jehan de

un Parisien. iliHilHHnHi:'ftf »?&ifflefI Bruges et Valentin d'Arras. Mais ils

Le bagage des nouveaux venus était II ' M'^i*'-} Zt - ~K ■■ '■IfôWluS^MElKœ 1 fil n'offrent ni l'importance, ni l'esprit de
d'ordinaire passablement léger; l'établis- '^SBHlHnH^H l^^^|^^^ffl^i||BP su'te P:'°Pres ;'1 l'établissement crée par
sèment d'un métier de haute lisse n'exige Hffff i : les Gonzague; on les voit naître et dispa-
pas un outillage fort compliqué. L'Italie '; • raître avec une égale facilité, selon les
leur offrait en outre en abondance les wB&*ÊÊËÊKÊtBm WÈÊÊÊÊaMïBKÊÊÊL convenances ou les besoins des artistes
matières textiles premières; tout au plus ^MSaS^^1^^ : ; ■ 0 %/,, W.'*' qui les dirigent.

apportaient-ils avec eux quelques cartons. Ferrare, qui s'était laissé distancer

Les commandes affluaient-elles, ils fai- \ÊS^-f^^T^Ê'v^'- ^$Ê$$$$$$$ '\Il V Par Mantoue et par Venise, car la plus

saient appel à la coopération de leurs lj||^^^^^^^^P^Mi^^^H]^^S II ancienne mention d'un tapissier établi

femmes. Les prétentions des émigrés w^^Ê&^^^SÊIBSÊS^BÊÊmÊÊÊ^ dans cette ville est de 14'jô, ne tarda pas

étaient d'ordinaire fort modestes; ils se i| j à regagner le temps perdu. Sous Giacomo

contentaient d'un léger subside, donné par \t\^' "^^^^^^^^ÊÊ mBSÊMÊimm d'Angelo d'abord, sous Pictro di Andréa,

les princes ou les municipalités. Partout m^g^^^wB iljijj j ]\/\ j | [ 'j, j J1 i sous Liévin de Bruges, sous Rinaldo di

où ils se présentaient, ils s'offraient à la H^^^^^^^^ ;• ''liji^Aj<\ \<\ V!|'|'l||ï. Gualtieri Boteram, et enfin sous un certain

fois à travailler sur commande et à former P^kt^iHRI|^'fi''\V'1^^Wi' Bernardino, une pléiade de tapissiers

des élèves. Leur tâche remplie, le filon JjSk:^|^^hII| \ ■!|\l|\l'^'ïIf1 français ou allemands fut employée dans

épuisé, ils allaient chercher fortune ail- B|Ph^^'- -^i^^l ¥' ' 1 ^ll»""''''"" les ateliers de Venise.

leurs ; quelques privilégiés, comme Rinaldo wÈÊÊÊÊÈÈÊÊÊÊmV i''!''!''I' L'intérêt témoigné à la tapisserie par
Boteram, retournaient même de temps en ■JËSpËgi^'': || U{'\[ ï la république de Sienne mérite une men-
temps dans leur patrie, Bruxelles, pour y mSÊÊÈÈÊ&ÊÊt-' ;'jhi |, jji.i| : tion toute spéciale. En 1438, Rinaldo di
faire des achats et embaucher des compa- jSïIf ^^w'vJï Gualtieri Boteram sollicita un léger sub-
gnons. MaBBÊBÊÊm' ' ' J1'1 ' side, moyennant quoi il s'offrit à instruire
L'Italie, qui jusqu'à ce moment n'avait dans sa profession deux élevés ou plus,
eu qu'une part fort indirecte au dévelop- WÊÊKÊÊÊ/ÈÊË'wÊRÊm ®n 'lt bon accueil à sa requête. Mais
pement de la tapisserie, intervint désor- mS^Êm^^M^\'\ ^'i Renaud renonça-t-il à profiter de ces avan-
mais comme facteur essentiel. Non cou- flHHHHHlwlmHi tages ou bien lui donna-t-on un concur-
tents de favoriser l'établissement dans H^^^^^^nillllllllI rent? Toujours est-il que, dès 1442, Sienne
leur pays de tapissiers flamands et de IBflHlilffllM agréait les offres de service de Jacquet
lutter avec des ateliers indigènes contre le BEj^MKj@^Wiilllllllll 11 d'Arras qui, pendant dix ans, accumula
monopole que s'étaient assuré les Pays- wH9BHJBpH|H0J dans le palais public de Sienne des banc-
Bas, non contents de produire des tentures ^^^^HUI|HmaU||Hf quiers, des espalliers, des couvertures de
qui n'avaient rien à envier pour la richesse IRRIm 1 1 1 nt et quantité d'autres pièces qui subsis-
de la matière première, pour la science, «■?*»««.«. taient encore au commencement de ce
la finesse de l'exécution, aux chefs-d'œuvre , siècle.

... . „ „ : . . ,. Gaine en cttut d'un couteau de chasse. _ , , .. . ,.

d Arras et de Bruxelles, les Italiens en- En 1456,le maître artésien disparaît, et

voyèrent de ce côté-ci des monts des avec lui son industrie qui pendant plusieurs

cartons, que les tapissiers français ou lustres avait jeté sur Sienne un si vif éclat.

flamands furent chargés de reproduire sur le métier et qui préparèrent
les voies à la Renaissance. Nous savons que, dès le milieu du xv° siècle,
les cartons envoyés à Bruges par les Médicis obtinrent un tel succès que le
tapissier dut en exécuter plusieurs répliques.

On ne s'étonnera pas de cette marque de faveur quand on saura que
les auteurs de ces cartons s'appelaient Cosimo Tura ou Mantegna, et que
le grand Léonard de Vinci lui-même composa un modèle de portière, le
Péché originel.

On connaît aujourd'hui une dizaine d'ateliers de haute lisse établis en
Italie pendant le xve siècle. Hâtons-nous d'ajouter que bon nombre de ces

Les ateliers de Rome et de Florence n'eurent au xve siècle qu'une
existence éphémère. Ces deux villes, du reste, ne semblent pas avoir fait
grand effort pour propager l'industrie de la haute lisse. L'atelier de la Ville
éternelle fut fondé par le pape Nicolas V vers 1455 ; il eut pour directeur
le Parisien Renaud de Maincourt, et mit au jour une suite que les contem-
porains citent comme une merveille, l'Histoire de la création. Le successeur
de Nicolas, Calixte III, s'empressa de congédier les tapissiers une fois cet
ouvrage achevé.

A Florence, le gouvernement commanda à Liévin de Bruges une suite
importante pour la décoration de son palaiselle n'avait pas moins de
 
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