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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 103 (17 Janvier 1885)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0206

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202

L'ART ORNEMENTAL.

en a fait une œuvre d'art magnifique. Néanmoins, les médailles exécutées
par les artistes français sous Charles VIII ne sont pas très nombreuses.
Elles sont généralement imitées de médailles italiennes de la même époque.
Celle de Charles VIII portant le collier de l'ordre de Saint-Michel, celles
d'Aymar de Prie, datée de 1485, de Pierre de Conthardy, premier président
du parlement de Paris, celle de Guillaume de Poitiers, où l'on voit, au
revers, un Mercure donnant la main à l'Abondance, et plusieurs autres
montrent, il est vrai, de grandes qualités, mais on ne saurait assurer qu'elles
soient françaises ou italiennes. Déjà, sous Louis XI, des médailles avaient
été exécutées en France par des artistes italiens. Mais ce n'est, en réalité,
qu'à partir de Louis XII que la gravure en médailles peut compter en
France comme une branche sérieuse de l'art national. Charles VIII avait
ramené d'Italie toute une colonie d'artistes ; Louis XII fit de même. Les

Italiens venaient d'eux-mêmes offrir leurs services et chercher du travail
dans un pays où ils avaient moins de concurrence et plus de bénéfices. Ces
migrations d'artistes durèrent pendant toute la Renaissance et principale-
ment sous François Ier.

Une très belle médaille fut offerte à Louis XII à son entrée à Tours.
Cette médaille est intéressante sous tous tes rapports : comme œuvre d'art,
elle est une des premières médailles purement françaises qui ait une grande
valeur. Son profil offre un caractère profondément individuel. Le modelé est
accusé par grands plans, sans détails inutiles, et le contour, fermement des-
siné, se présente sans sécheresse ; enfin, ce qui rend cette médaille dou-
blement intéressante, c'est qu'elle est attribuée au patriarche de l'école
française, à Michel Colombe, l'auteur du tombeau du duc de Bretagne.
Michel Colombe habitait Tours. A l'époque où toutes les provinces septen-

L A M P A D A I It K.

trionales de la France étaient désolées par la guerre civile et les Anglais,
la Touraine était devenue le centre des lettres et des arts. C'est là que Jean
Fouquet, notre célèbre miniaturiste, était né, et c'était là qu'il avait formé
d'excellents élèves à son retour de Rome. Les auteurs des belles miniatures
qui ornent le manuscrit de la Prise de Gênes par Louis XII, celui des
Heures d'Anne de Bretagne, s'étaient formés à l'école de Tours.

La sculpture n'était pas moins avancée que la peinture. C'est à un sta-
tuaire de Tours, Jean Juste, qu'on doit le tombeau de Louis XII et d'Anne
de Bretagne, attribué si longtemps à Paul-Ponce Trebatti. Il n'est pas
étonnant que la ville où s'étaient formés tant d'habiles peintres et sculp-
teurs soit aussi celle où s'est faite une des premières belles médailles de
la Renaissance française.

Ce ne fut pas avant François Ier que la centralisation commença à se
faire dans les arts. Ce prince attira et réunit, comme on sait, un grand
nombre d'artistes en tout genre, et tenta de faire pour le château de Fon-

tainebleau ce que Louis XIV devait réaliser plus tard pour celui de Ver-
sailles. Mais, sous Louis XII, nos écoles provinciales se formaient et nos
villes semblaient vouloir, comme en Italie, rivaliser par leurs artistes. Il est
certain que c'est sous Louis Xll que la France commença à produire des
médailles vraiment belles et dont le caractère original atteste la force de
nos graveurs. La médaille de Michel Colombe ne fut pas la seule impor-
tante de ce règne. Il y en a une plus grande qui fut offerte à la reine Anne
par la ville de Lyon, et qui représente d'un côté Louis XII et de l'autre
Anne de Bretagne. On sait que Louis XII avait épousé Anne de Bretagne,
la veuve de son prédécesseur Charles VIII. C'est celle que reproduit notre
gravure. On voit, d'un côté, le roi vêtu d'une robe à longs plis, coiffé d'un
bonnet, ceint de la couronne fleurdelisée ; il porte le collier de l'ordre de
Saint-Michel. Le champ est semé de fleurs de lis. Au revers, la reine, vue
à mi-corps, la couronne en tête, au cou une chaîne d'or. Le champ est semé
de fleurs de lis et d'hermine.
 
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