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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 104 (24 Janvier 1885)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0210

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L'ART ORNEMENTAL.

L'ART ORNEMENTAL.

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EXPLICATION DES PLANCHES

Fontaine, par Jean de Bologne, aux jardins Boboli, à Florence.

Jean Boullongne, dit M. René Ménard, connu en Italie sous le nom de
Giovanni ou Gian Bologna, et en France sous
celui de Jean de Bologne, est né à Douai, à
une époque où cette ville faisait partie des
Pays-Bas. Le nom de Jean de Bologne que
nous lui donnons pourrait faire croire qu'il
s'agit d'un artiste bolonais et non d'un fla-
mand, mais, ne pouvant pas réagir contre une
habitude invétérée, force nous est de maintenir
le nom sous lequel l'artiste dont nous allons
parler est connu dans notre pays.

La date de sa naissance n'est pas absolu-
ment certaine. Baldinucci la place vers 15a5,
Borghini vers i53o et Mariette vers i 529. C'est
cette dernière opinion qui a été adoptée par le
Catalogue du Louvre. Son père le destinait
tout simplement au notariat, mais rien ne peut
entraver une vocation bien déterminée, et il
fallut, malgré les intentions bien arrêtées de la
famille, placer le jeune homme chez un sculp-
teur de Douai, nommé Beuch, où Jean de
Bologne commença ses études artistiques. Son
maître, qui dans sa jeunesse avait visité l'Italie,
lui en fit une telle description, que notre jeune
artiste résolut d'aller visiter Rome. Il y séjourna
deux ans et y reçut des conseils de Michel-
Ange.

On raconte, à ce sujet, que Jean de Bologne
porta un jour au vieux maître un modèle de
son invention qu'il avait terminé avec un soin
extrême; mais Michel-Ange, ayant pris dans
ses mains le modèle, en changea totalement la
disposition, disant au jeune homme qu'il fallait
apprendre à composer une figure et à l'ébau-
cher avant de songer à la finir.

Si le séjour de Rome a été utile à Jean de
Bologne pour ses études, il ne semble pas qu'il
y ait trouvé des travaux suffisants pour vivre.
Ne pouvant y prolonger son séjour, il résolut
de retourner dans son pays natal.

En passant par Florence, il fit la connais-
sance de Bernardo Vecchietti, orfèvre et fon-
deur en bronze, qui passait pour très riche et
très instruit. Ce Vecchietti, ayant vu les dessins
que Jean rapportait de Rome, l'engagea forte-
ment à prolonger son séjour à Florence et lui
en facilita les moyens, en pourvoyant à ses
besoins et en mettant à sa disposition un
logement dans sa villa, où il avait une forge et
un atelier.

Il est difficile de savoir au juste si, en
faisant cette proposition à un étranger, Vec-
chietti voulut agir en Mécène, ou simplement
en fabricant, exploitant un jeune homme qu'il
trouvait habile. Il avait de hautes relations et,
dans une lettre à François de Médicis, auquel
il envoie deux figures de Termes, esquissées
par Jean de Bologne, on remarque cette phrase
significative: « Si vous désirez qu'elles soient
fondues et nettoyées dans mon atelier, ce
travail sera fait avec tout soin et toute dili-
gence.

une collection d'ceuvres d'art, qui fait honneur au goût de Vecchietti. Cet Jean de Bologne a passé en ce lieu les plus belles années de sa jeu-
heureux amateur possédait, entre autres choses, un fragment de carton nesse. Il n'est pas douteux qu'un pareil séjour n'ait eu sur son talent une
de la Guerre de Pise, par Michel-Ange; une étude d'homme mort, par influence considérable.

Léonard de Vinci; le modèle du Persée, de Cellini, etc. Borghi, qui en On commençait à parler de lui dans Florence, mais, on disait que si

fait la description, ajoute : « La première chambre est entourée de modèles le jeune artiste flamand faisait de ravissantes maquettes en cire et en

Piqué de ce propos, Jean de Bologne exécuta en marbre une Vénus
que Vecchietti trouva si remarquable, qu'il la montra sur-le-champ au duc
François, en lui présentant son protégé. Le duc, ravi, accorda immédiate-
ment au jeune artiste son patronage avec une pension annuelle, et se rendit
acquéreur de la Vénus, qu'il fit placer dans sa chambre à coucher. Cette

Vénus, le premier ouvrage important de Jean
de Bologne, est aujourd'hui placée dans la
grotte faisant face à l'entrée des jardins Boboli.

Le sculpteur flamand est là en bonne com-
pagnie. Ce n'est pas, du reste, la seule œuvre
de lui qui se trouve aux jardins Boboli. Le
bassin de l'Isoletto, que nous reproduisons, est
formé d'une grande vasque, d'où s'élève une
statue de Neptune. Aux pieds de la statue, trois
figures, personnifiant le Gange, le ATi7 et l'Eu-
phrate, versent dans la vasque l'eau qui s'é-
chappe d'une urne. En haut du terrain, on
voit aussi une statue de ïAbondance, dont Jean
de Bologne a fourni le modèle; mais la figure a
été terminée par Tacca, son élève.

Jean de Bologne ne fut pas heureux dans
un concours que François de Médicis institua
pour l'érection d'une fontaine sur la place de la
Seigneurie, à Florence. Vasari dit que son mo-
dèle était supérieur à tous les autres. Mais l'in-
trigue racontée par Benvenuto Cellini dans ses
Mémoires décida le choix de l'artiste. Jean ne
perdit pas son travail, du reste, car tout porte
à croire que l'esquisse qu'il avait faite pour
Florence servit de modèle à la fontaine qu'il
exécuta plus tard pour la grande place de
Bologne.

Après avoir terminé ce monument, Jean
de Boiogne revint s'établir à Florence, où il
exécuta son fameux Mercure, qui est le plus
célèbre de ses ouvrages. Tout le monde con-
naît cette statue, où le messager des Dieux,
le pied posé sur le souffle d'Éole, s'élance dans
les airs. Le Louvre en possède une belle repro-
duction. L'exécution de ce Mercure marque la
période la plus brillante de la carrière de Jean
de Bologne. Il fît, peu après, VEnlèvement d'une
Sabine, groupe que nous reproduirons ulté-
rieurement et qui se trouve aujourd'hui dans
la Loggia de' Lan^i de Florence, ainsi que le
groupe d'Hercule combattant un Centaure, éga-
lement dû au ciseau de l'artiste et dont nous
donnerons la gravure.

Jean de Bologne, qui jouissait d'une grande
et légitime réputation, était enlouré d'une mul-
titude d'élèves florentins ou flamands qu'il
employait dans ses travaux. Ce fut avec leur
aide qu'il put exécuter son colossal Génie des
Apennins, au-dessus du bassin Pratolino, dans
une maison de plaisance du grand-duc. Un
colombier était établi dans la tête du colosse,
dont le corps contenait une grotte remplie de
coquilles et de jets d'eau. Cette énorme statue,
dans une attitude un peu ramassée, étonne par
sa singularité, mais elle ne compte pas parmi
les meilleurs ouvrages de l'artiste.

Le palais qu'avaient élevé en ce lieu les
Médicis n'existe plus aujourd'hui, et le vaste
parc qui l'entourait est abandonné. Cette rési-
dence est surtout célèbre par le séjour qu'y
fit Bianca Capello, qui devint grande-duchesse

Son atelier était attenant à la villa dont Tapisserie des Gobelins, composée par Charles Le Buun. de Toscane et dont tout le monde connaît la

nous avons parlé et situé environ à cinq kilo-
mètres de Florence, en un lieu qu'on appelait il Reposo. Cette villa, qui
était un rendez-vous d'artistes et de beaux esprits, renfermait en outre

par Gian Bologna, et 4e statues et dessins d'autres maîtres; en somme, on argile, il était, faute d'études suffisantes, incapable de faire une yérjtahle

trouve dans cette villa tout ce qui peut plaire au çprps, et nourrir l'esprit. 9 Statue.

fin dramatique ainsi que celle du duc François,
son mari. Avec François de Médicis, Jean de Bologne perdit un protec-
teur, mais il en retrouva un autre dans le duc Ferdinand, par ordre
 
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