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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 4.1886-1887

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Nr. 202 (11 Décembre 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19488#0186

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L'ART ORNEMENTAL.

supérieurs, dont on ne saurait trop admirer l'intelligente disposition. La
masse gigantesque de l'édifice repose sur de solides assises qui ne per-
mettent pas de douter de son origine romane.

Dans le premier vestibule, sur lequel débouche l'escalier, se voient les
armes des Montefeltro : deux aigles, la tiare et les clefs. Au second étage,
on trouve la statue du duc Frédéric, sculptée par Girolamo Campagna, de
Vérone. Plus haut, on rencontre, dans les appartements transformés en
musée, toute une série de statues, de bustes, de fragments antiques, d'ins-
criptions chrétiennes ou païennes, grecques ou latines.

Les panneaux sont entourés de bas-reliefs en marbre blanc délicieu-
sement sculptés, représentant des béliers, des tortues, des balistes, des
catapultes, etc.

Une vaste porte donne accès dans la grande salle, qui ne mesure pas
moins de 36 mètres de longueur sur 16 mètres de large. De cette salle, on

passe dans l'appartement du Magnifique, ainsi nommé parce que Laurent
de Médicis y séjourna, et dans le riche salon des Anges, puis enfin dans
les salles du Duc, de l'Arioste et du Realissimo, où se tenaient les doctes
conversations que décrit Baltasarre Castiglione dans son livre des Cour-
tisans.

Au temps des valeureux princes Feltreschi et Rovereschi, on voyait à
la cour d'Urbino un nombre considérable de statues et de tableaux d'une
grande valeur; mais, lorsque le duché fut fondu dans les domaines du
Saint-Siège, tout ce qui pouvait être transporté fut enlevé. Les archives
partirent pour Florence, et, sous le règne d'Alexandre VII, la bibliothèque
vint à Rome enrichir la collection du Vatican, où elle figure encore.

Sans insister davantage sur les richesses entassées dans ce palais, il
nous faut dire un mot des merveilles qui font l'admiration de tous les
visiteurs. C'est, en première ligne, les sculptures semées à profusion sur

Le Palais des ducs d'Urbino.
(Façade de l'Ouest.)

les colonnes, aux chapiteaux, aux voussures, sur les cheminées, au-dessus
des portes et des fenêtres, et enfin dans les deux petites chapelles, qui sont
de vrais bijoux. Fruits, animaux, insignes, armes, arabesques courent en
dessins capricieux, variés et élégants, et tout cela est dû au ciseau de
Francesco di Giorgio et d'un Barroci, bisaïeul du peintre.

Les bois sculptés des portes et du cabinet de travail de Frédéric ne
sont pas moins dignes d'admiration. On y voit ainsi reproduits, avec un
art inimitable, des armes, des livres, des instruments de musique et de
physique. Le plafond, en bois des îles, est orné d'une multitude de lettres
et de rosaces d'or sur fond bleu.

Près d'une des chapelles ducales, l'Académie royale conserve le moule
du crâne de Raphaël.

Dans une salle du rez-de-chaussée, on voit de curieuses sculptures
d'attributs maritimes et une statue où on reconnaît la manière de Donatello.

On ne peut se soustraire à un sentiment de respectueuse admiration
en parcourant ces lieux, maintenant déserts, qui ont abrité tant d'illustres
Personnages. C'est là que Torquato Tasso récitait l'Aminta, que l'Arioste

déclamait ses chants, que Raphaël recevait l'hospitalité de ses princes,
qu'accouraient enfin les savants, les lettrés et les artistes dont les noms
suffiraient à illustrer un siècle.

La Casa Fontl, à Milan.

Décoration d'une des fenêtres du Cortile

Nous avons déjà parlé de la Casa Ponti et du Cortile, dans notre
numéro du 29 mai dernier.

Disons seulement, à propos de la décoration d'une de ses fenêtres,
qu'aujourd'hui, quand on y entre et qu'on y attache ses regards, on le prend
pour une œuvre colossale d'orfèvrerie ciselée. On n'a pas à craindre d'en
être ébloui; on en est seulement frappé, comme d'un éclat vivant qui se
meut dans une atmosphère tranquille et lumineuse.

L'or commence pars'appliquer aux larges feuilles des chapiteaux et du
gorgerin dont elles se détachent; il en couvre les fleurs; il suit les listels
des volutes et de l'entablement; il s'étend sous les portiques et sur les
 
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