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Artaud de Montor, Alexis François; Gigault de LaSalle, Achille Etienne
Italie — Paris, 1835

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https://doi.org/10.11588/diglit.10180#0338
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2G6

L'UNIVERS.

Le grand-duc écrivait au doge, Nicolas
da Ponte : « Je regarde cette signora
comme la fille de votre sérémssimë
république, dont je vais devenir le
fils par alliance, comme je l'ai été jus-
qu'à présent par inclination et par vé-
nération pour elle. » Il exaltait ensuite
l'heureuse fécondité de son épouse.

Venise, si elle avait été admise dans
les conseils du prince , n'eût pas dicté
ces dépêches dans d'autres termes :
elle se souvenait des avantages qu'elle
avait su trouver à déclarer fille de
Saint-Marc, Catherine Cornaro, reine
de Chypre. Venise annonça publique-
ment qu'elle acquiesçait aux vœux de
François. La réception faite à l'am-
bassadeur florentin, embellie de toutes
les inventions du luxe oriental, l'ap-
pela presque les fêtes données à Hen-
ri III en 1574. Quarante sénateurs
allèrent au-devant de l'ambassadeur
toscan, le comte Sf'orza di Santa Fiora,
qui fut conduit en cérémonie au palais
Capello. Là, le patriarche d'Aquilée,
Grimani, le reçut à la porte, en ha-
bits pontificaux. Dans l'audience accor-
dée par le doge, la république voulut
surpasser ses magnificences les plus
extraordinaires. Apres l'audience, l'am-
bassadeur fut reconduit au palais Ca-
pello, avec des honneurs encore plus
marqués) Le fait le plus merveilleux
de cette fête fut le décret par lequel
la seigneurie voulut rendre pur, hon-
nête et sérieux, ce qui avait mérité jus-
qu'alors, dans toute l'Italie, les quali-
fications contraires. Le 16 juin, Bianca,
auparavant diffamée, fut déclarée à
l'unanimité dans lespregadi ( le sénat )
« ftlle véritable et particulière de la
« république, en considération des qua-
« Ydés rares et précieuses qui l'avoient
« rendue très-digne de la plus haute
« fortune, et pour répondre à l'bon-
« rieur que le grand-duc avoit fait à la
« république , par la résolution très?
« sage qu'il venoit de prendre. »

A'cette nouvelle, les cloches de
Saint-Marc et de toutes les églises
sonnèrent en réjouissance : tous les
quartiers retentirent dei salves nom-
breuses d'artillerie. Le père et le frère
de la nouvelle jil/e de Saint-Marc fu-

rent nommés chevaliers; la seigneurie
en corps, les dix parmi lesquels on
distinguait les trois inquisiteurs d'é-
tat, les avogadors di Comun, les pro-
curateurs allèrent rendre visite à l'am-
bassadeur Sforza, et le féliciter de la
nouvelle affiliation de la grande-du-
chesse. Qu'on se représente la joie de
Bianca et du grand-duc quand ils ap-
prirent tant de merveilles. François
ne voulut pas rester en arrière : il
envoya don Jean de. Médicis, son frère
naturel, pour remercier la république.
Cet ambassadeur de douze ans partit
avec une suite de ce qu'il y avait de
plus noble et de plus riche a Florence.
Quand ii approcha de Venise, quarante
membres des pregadi vinrent le com-
plimenter. Le sénat, par un décret
qui est conservé dans les archives,
donna plein pouvoir à Vittorio Capello
d'honorer, d'amuser et de divertir don
Jean de Médicis aux dépens de la ré-
publique. Il arriva même une circon-
stance remarquable. A son retour;
l'enfant étant tombé malade de la pe-
tite vérole à Padoue, fa république
décréta qu'il serait traité par Fabrice
d'Aquapendente , élève- de l'illustre
Fallope, et par Mercuriali, alors cé-
lèbre médecin. Le sénat nomma en-
suite des ambassadeurs chargés de
mettre Bianca en possession des privis
léges de fillette Saint-Mare. Du coté
du grand-duc, les bals , les carrousels,
les comédies, les combats de taureaux
et de buffles, les plaisirs du paretajo
( chasse aux petits oiseaux particulière
à la Toscane), toutes les différentes
sortes de jeux se -renouvelèrent cha-
que jour. Enfin, en présence de Fran-
çois orné de sa couronne ducale, on
plaça sur la tête de lïianca la couronnfl
royale. On assigna à la princesse les
armoiries de la patrie. Les dépenses
supportées alors psr la Toscane furent
évaluées à trois cent mille ducats d'or-
Cette union ne fut pas heureuse-
lïianca continua d'abuser de son pou-
voir , et François ne put jamais recou-
vrer son autorité. Ce prince, qui s'oc-
cupait trop de chimie, mourut ppUÏ
s'être administré des drogues periUT
cieuses, et Bianca ne lui survécut que
 
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