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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0050

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PARIS DANS SA SPLENDEUR.

Trois ans après, en 1053, un nouveau concile mi-laïc, mi-ecclésiastique, se réunit à Paris pour assister à la reconnaissance et
à la vérification des reliques de saint Denis que l’on prétendait avoir été transportées en Allemagne lors des invasions normandes.
On s’assura que le précieux dépôt était intact.
L’évêque Imbert et le roi Henri terminèrent leur vie (1060) par la restauration du prieuré de Saint-Martin-des-Champs dont
nous avons parlé déjà en traitant du IVe siècle. C’est aujourd’hui le Conservatoire des Arts et Métiers; bien que cet édifice soit
de tous les établissements religieux de Paris celui qui a le mieux gardé l’aspect général et la physionomie d’un monastère, on
n’y trouve aujourd’hui aucune trace des constructions primitives. La petite église de Sainte-Marine dans la Cité, dont tous les
paroissiens étaient marguilliefs, date aussi de ce régne.
Philippe Ier avait huit ans lorsque mourut son père : roi sans puissance et homme sans valeur, presque toutes ses actions
furent ou honteuses ou criminelles. Il commence par comploter avec le prévôt de Paris Étienne (D ]e pillage du trésor de
Saint-Germain-des-Prés; puis on le voit, brigand couronné, courir les grands chemins pour détrousser les marchands : Néron avait
de ces goûts. Dégradé par le vice, il ne lève pas la tête au bruit de la conquête de l’Angleterre, de la querelle des investitures,
de la première Croisade; il aime mieux enlever à un de ses vassaux l’adultère Bertrade, trafiquer des évêchés et des bénéfices,
et mériter les anathèmes de Grégoire VII et d’Urbain IL
Philippe fit pourtant quelques donations aux monastères, par convenance, par habitude royale, ou peut-être dans des moments
de remords. Il appela les religieux de Marmouticrs à Notre-Dame-des-Champs, réforma l’abbaye de Saint-Magloirc, alors située
rue Saint-Denis, etc. Son archichancelier, l’évêque de Paris, Geoffroy, fils du comte de Boulogne, était trop bien avec un pareil
roi pour être exempt de tout reproche : c’était l’oncle de Godefroy de Bouillon. Accusé de simonie par le grand réformateur de
l’Église, par Grégoire VII lui-même, pour avoir acheté l’évêché de Chartres à un de ses neveux, il lut excommunié dans un concile
et contraint d’aller se justifier à Rome en 4077. Geoffroy parvint pourtant à se faire absoudre et jouit d’un puissant crédit
à la cour jusqu’à sa mort arrivée en 1095. L’évêque suivant, Guillaume de Montfort, au contraire, quoique frère de la trop
fameuse Bertrade, n’accepta l’évêché qu’avec une répugnance modeste; il fallut les conseils du vénérable Yves de Chartres
et l’approbation formelle d’Urbain II, pour le déterminer à approuver le choix des chanoines de Notre-Dame. Malheureusement
Guillaume était trop jeune; il se laissa aller à partager les amusements mondains des seigneurs qui l’entouraient, et devint
évêque chasseur, abus trop commun dans les temps féodaux : en 1102, il entreprit, peut-être par pénitence, le pèlerinage de
Jérusalem, et mourut en route.
Foulques ne parut qu’un instant sur le siège de Paris (1102-1104); il fut remplacé par Gualon, légat du pape en Pologne.
Le premier acte de cet évêque fut d’assister au synode de Beaugency, pour la réconciliation du roi avec l’Église. Dans un autre
synode assemblé à Paris, une absolution solennelle fut donnée à Philippe au nom du pape; car le pécheur endurci s’était 'enfin
soumis, et aussitôt après Gualon partit pour Rome, où le pape l’accueillit avec une grande bienveillance, tandis que le clergé de
Paris écrivait au souverain pontife pour le remercier de lui avoir donné un pasteur aussi vénérable, un ami de saint Anselme de
Cantorbéry. Une lettre de Pascal II à l’abbé de Saint-Denis rend à cet évêque le même témoignage. Il souscrivit une charte
mémorable de Louis VI qui accorde aux serfs de l’Église de Paris des droits judiciaires égaux à ceux des hommes libres, c’est-à-dire
le droit d’être témoins et de se battre en duel, singulière concession qui était pourtant un progrès notable sur l’état antérieur.
IMPORTANCE CROISSANTE DE LA ROYAUTÉ ET DE LA CAPITALE. — MOUVEMENT INTELLECTUEL,
t . ■ . * . ■ \ -
1108-1180. .
ependant Paris grandissait, il se développait matériellement, moralement surtout. Le progrès avait d’abord été
insensible; vers la fin du XIe siècle, au temps de la Croisade, il avait été plus marqué, mais avec Louis VI commence
un remarquable mouvement intellectuel, une véritable renaissance trop longtemps méconnue, mais presqu’aussi
et plus vraie que celle du XVIe siècle. L’esprit humain, fécondé, anobli par le Christianisme, s’élève peu à peu
Mus sereines grandeurs de l’art et de la poésie inspirées par la Foi : Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, saint Thomas
d’Aquin et Dante projettent sur le Paris de saint Louis un incomparable éclat, qui pâlira et s’effacera plus tard. Mais ces splendeurs
appartiennent au XIIIe siècle : le XIIe, plus humble, ne*fait que les préparer et les entrevoir.
Il s’ouvre par Abeilard et saint Bernard, la raison orgueilleuse et la croyance soumise et inflexible. Nous ne referons point l’histoire
de l’amant d’Héloïse; nous dirons seulement en quoi elle se mêla à celle de Paris et quelle influence cet homme exerça sur la ville.
(1) Ce prévôt est le premier dont l’histoire de Paris fasse mention.
 
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