PARIS DEPUIS LE RÈGNE DE SAINT LOUIS JUSQU’AUX BOURBONS
1226-1589.
DE SAINT LOUIS AUX VALOIS.
1226-1528.
u début du règne de saint Louis et pendant la minorité de ce prince, Paris se signala par une énergique
adhésion en faxeur de la lignée royale. Les chefs de la féodalité, ayant à leur tête Philippe Hurepel, comte
3de Boulogne, les comtes de Bretagne et de la Marche, avaient conspiré contre le pouvoir et la sûreté du roi,
et tandis que le jeune Louis, accompagné de la reine régente, Blanche de Castille, se rendait d’Orléans à Paris,
la noblesse et ses vassaux prirent position à Corbeil, avec des forces considérables, pour enlever le prince et sa mère
(1228). Blanche et saint Louis s’arrêtèrent à Monthléry et mandèrent à leur secours les Parisiens. Ceux-ci envoyèrent
en toute hâte leurs milices bourgeoises qui dégagèrent le roi et dispersèrent les rebelles. Dans le reste de sa vie,
Louis IX se plaisait à parler de cet événement, si honorable pour Paris. « Et me conta le saint roy, dit Joinville, que
il et sa mère qui estoient à Mont le Héri ne osèrent revenir à Paris jusques à tant que ceux de Paris les vinrent quérir
avec armes; et me conta qu’au retour de Mont le Héri estoit le chemin plein de gens à armes et sans armes jusques à
Paris, et tous crioient à Nostre Seigneur qu’il lui donnas! bonne vie et longue et le desfendist et gardast de ses ennemis. »
Sous un règne qui fut glorieux pour la France et que marquèrent à chaque pas des réformes utiles, des entreprises honorables,
des actes de courage et de dévoûment, l’histoire particulière de Paris ne fut signalée que par un petit nombre d’incidents
mémorables. Cette grande ville, déjà la première de l’Europe, jouit des bienfaits d’un ordre régulier et fit assez peu parler d’elle.
Elle se vit constamment gouvernée par un pouvoir paternel et fort, et ne ressentit ni le contre-coup des guerres féodales, ni les
souffrances occasionnées par les Croisades, ni le fâcheux effet des révoltes des Pastoureaux. Un fort petit nombre d’incidents
marquèrent ses annales. L’Université de cette capitale avait vu s’accroître et se consolider ses privilèges à mesure que sa popularité
se répandait dans toutes les parties de l’Europe civilisée. Elle attachait une importance excessive à des privilèges qui lui avaient
été autrefois accordés pour honorer la science, et non pour constituer au sein du royaume une république batailleuse et jalouse.
Or, vers l’an 4229, le repos de Paris fut troublé par une querelle suscitée, dans une taverne du faubourg Saint-Marcel, entre
les marchands de vin et les étudiants. Les bourgeois de Paris ayant pris la défense d’un cabaretier, les écoliers avaient été
rudement menés par les gens du peuple. Le lendemain de cette scène, jour de mardi-gras, les étudiants de l’Université,
déterminés à prendre une revanche, accoururent en force, enfoncèrent les boutiques des marchands de vin et se livrèrent à des
actes de violence envers les habitants des faubourgs. Ces désordres appelaient un châtiment; mais, pour être légale et régulière,
la répression devait s’exercer selon les prérogatives réservées à l’Université de Paris, et qui attribuaient à ce corps sa propre
police. La reine régente méconnut ces droits, sans doute à dessein, car elle se défiait du concours actif d’une corporation
intéressée à couvrir la faute de ses membres. Les archers royaux sévirent contre les coupables, et déployèrent une si grande
rigueur, qu’ils tuèrent deux ou trois jeunes gens étrangers aux violences de la veille. Ce fut le prétexte d’un vaste soulèvement.
Le recteur, les régents, les dignitaires de l’Université se rendirent auprès de la régente, protestant contre la violation de leurs
immunités et demandant réparation éclatante. L’Université n’ayant pas eu satisfaction, tous les maîtres et écoliers se dispersèrent,
et les lieux d’études de Paris demeurèrent déserts. Les Frères Prêcheurs profitèrent de la circonstance, et, du consentement
de l’évêque Guillaume et du chancelier de l’Eglise de Paris, ils établirent chez eux une chaire de théologie, dont la renommée
s’accrut en proportion de l’estime que s’était attirée le bienheureux Jourdain, leur général, et du grand nombre de docteurs et
d’étudiants qui étaient entrés dans cet ordre. Cependant le pape Grégoire IX, protecteur des sciences, intervint à plusieurs
reprises auprès du gouvernement de saint Louis pour pacifier une querelle si préjudiciable à l’enseignement. Après quelques
négociations infructueuses, une bulle du 1 3 avril 1231 termina le conflit à la satisfaction des deux intérêts. Il était dit dans ce
rescrit pontifical : « Paris, la mère des sciences, est une autre Cariath-Sepher (ville de lettres); c’est le laboratoire où la sagesse
1226-1589.
DE SAINT LOUIS AUX VALOIS.
1226-1528.
u début du règne de saint Louis et pendant la minorité de ce prince, Paris se signala par une énergique
adhésion en faxeur de la lignée royale. Les chefs de la féodalité, ayant à leur tête Philippe Hurepel, comte
3de Boulogne, les comtes de Bretagne et de la Marche, avaient conspiré contre le pouvoir et la sûreté du roi,
et tandis que le jeune Louis, accompagné de la reine régente, Blanche de Castille, se rendait d’Orléans à Paris,
la noblesse et ses vassaux prirent position à Corbeil, avec des forces considérables, pour enlever le prince et sa mère
(1228). Blanche et saint Louis s’arrêtèrent à Monthléry et mandèrent à leur secours les Parisiens. Ceux-ci envoyèrent
en toute hâte leurs milices bourgeoises qui dégagèrent le roi et dispersèrent les rebelles. Dans le reste de sa vie,
Louis IX se plaisait à parler de cet événement, si honorable pour Paris. « Et me conta le saint roy, dit Joinville, que
il et sa mère qui estoient à Mont le Héri ne osèrent revenir à Paris jusques à tant que ceux de Paris les vinrent quérir
avec armes; et me conta qu’au retour de Mont le Héri estoit le chemin plein de gens à armes et sans armes jusques à
Paris, et tous crioient à Nostre Seigneur qu’il lui donnas! bonne vie et longue et le desfendist et gardast de ses ennemis. »
Sous un règne qui fut glorieux pour la France et que marquèrent à chaque pas des réformes utiles, des entreprises honorables,
des actes de courage et de dévoûment, l’histoire particulière de Paris ne fut signalée que par un petit nombre d’incidents
mémorables. Cette grande ville, déjà la première de l’Europe, jouit des bienfaits d’un ordre régulier et fit assez peu parler d’elle.
Elle se vit constamment gouvernée par un pouvoir paternel et fort, et ne ressentit ni le contre-coup des guerres féodales, ni les
souffrances occasionnées par les Croisades, ni le fâcheux effet des révoltes des Pastoureaux. Un fort petit nombre d’incidents
marquèrent ses annales. L’Université de cette capitale avait vu s’accroître et se consolider ses privilèges à mesure que sa popularité
se répandait dans toutes les parties de l’Europe civilisée. Elle attachait une importance excessive à des privilèges qui lui avaient
été autrefois accordés pour honorer la science, et non pour constituer au sein du royaume une république batailleuse et jalouse.
Or, vers l’an 4229, le repos de Paris fut troublé par une querelle suscitée, dans une taverne du faubourg Saint-Marcel, entre
les marchands de vin et les étudiants. Les bourgeois de Paris ayant pris la défense d’un cabaretier, les écoliers avaient été
rudement menés par les gens du peuple. Le lendemain de cette scène, jour de mardi-gras, les étudiants de l’Université,
déterminés à prendre une revanche, accoururent en force, enfoncèrent les boutiques des marchands de vin et se livrèrent à des
actes de violence envers les habitants des faubourgs. Ces désordres appelaient un châtiment; mais, pour être légale et régulière,
la répression devait s’exercer selon les prérogatives réservées à l’Université de Paris, et qui attribuaient à ce corps sa propre
police. La reine régente méconnut ces droits, sans doute à dessein, car elle se défiait du concours actif d’une corporation
intéressée à couvrir la faute de ses membres. Les archers royaux sévirent contre les coupables, et déployèrent une si grande
rigueur, qu’ils tuèrent deux ou trois jeunes gens étrangers aux violences de la veille. Ce fut le prétexte d’un vaste soulèvement.
Le recteur, les régents, les dignitaires de l’Université se rendirent auprès de la régente, protestant contre la violation de leurs
immunités et demandant réparation éclatante. L’Université n’ayant pas eu satisfaction, tous les maîtres et écoliers se dispersèrent,
et les lieux d’études de Paris demeurèrent déserts. Les Frères Prêcheurs profitèrent de la circonstance, et, du consentement
de l’évêque Guillaume et du chancelier de l’Eglise de Paris, ils établirent chez eux une chaire de théologie, dont la renommée
s’accrut en proportion de l’estime que s’était attirée le bienheureux Jourdain, leur général, et du grand nombre de docteurs et
d’étudiants qui étaient entrés dans cet ordre. Cependant le pape Grégoire IX, protecteur des sciences, intervint à plusieurs
reprises auprès du gouvernement de saint Louis pour pacifier une querelle si préjudiciable à l’enseignement. Après quelques
négociations infructueuses, une bulle du 1 3 avril 1231 termina le conflit à la satisfaction des deux intérêts. Il était dit dans ce
rescrit pontifical : « Paris, la mère des sciences, est une autre Cariath-Sepher (ville de lettres); c’est le laboratoire où la sagesse