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Audran, Gérard
Les Proportions Du Corps Humain: Mesurées sur les plus belles Figures de l'Antiquité — Paris, 1683 [Cicognara, 291]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6011#0009
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E ne crois pas q'ù’ilfoic befoinicy de m’étendre fur la necessité qu’ont tous les Deïïîghate'uï^
de connoistre parfaitement les proportions^ on fçait assez que pour peu qu ils se dispen-
sent de les observer exactement, ils ne font que des figures estropiées ■& monstrueuses.
Tout le monde convient de ce principe à le regarder en general, mais chacun le met en
pratique différemment 5 dé voila lepoindt de la difficulté , qui fe réduit toute à trouver des ré-
glés certaines pour la justesse &C pour la nobleise des proportions, sur lesquelles, comme les
avis sont sou vent partagez, il s agit d’établir un Juge à qui l’on s’en puisse rapporter avec
sureté.
sGela paroît d’abord fort aisé :Câs püîsqùe toute la perfection de l’Art cônsiste à bien imi-
ter la nature, il semble qu’il ne faille point consulter d’autre Maistre, Sc qu’on n’ait qu’à tra-
vailler d’après les modelles vivans; toutefois si l’on veut approfondir la chose,on verra qu’il
ne se trouve que peu ou point d’hommes dont toutes les parties soient dans leur jusle pro-
portion sans aucun defaut. Il faut donc choisir ce qu’ilyade beau dans chacun, & ne pren-
dre que ce qu’on nomme communément la belle nature. Mais qui osera presumer d’avoir le
discernement aisez jufle pour ne se point tromper dans un tel choix ?
Nos plus grands Maiftres s’y trouvent embaraisez, souvent ne conviennent pas entre
eux 5 ils se forment differentes idées de beauté, lesquelles ils règlent presque toujours sui vaut
leur pais &; leur tempérament.
Je dis sui van t leur pais: car comme tous les hommes, dans leur air dans leurs maniè-
res , tiennent toujours beaucoup du climat ou ils sont nez, les Peintres se forment des goûts
particuliers sur les objets qu’ils voyent sans cefse, dont ils se remplissent tellement l’imagina-
tion , qu’ils y conforment toutes leurs Figures.
De là vient qu’il y a des Provinces du nom desquelles on eara<terise les Peintres , en disanc
c’est du goût d’un tel Pais, ôé qu’en effet ce goûtse trouve, ou plus ou moins dans tous les
Deisignateurs de ces Nations.

Pour ce qui est du tempérament ,il agit encore plus puissamment en nous. Comme c’e'st luy
qui fait la distinction la plus essentielle d’un homme à un autre, il a part à tout ce que nous faisons.
G’esl dans ce sens qu’on peut dire qu’un Peintre se peint soy-mesme dans se s Ouvrages ,& que
si nous avions assez de pénétration, nous y pourrions lire ses inclinations dominantes. Un
sentiment secrct né avec nous, &: dont souvent on ne connoît pas la cause, est ordinairement
ce qui nous déterminé dans nostre choix, nous fait conformer nos figures à Pair des per-
sonnes pour qui nous aurions le plus de penchant.
Il y a mesmes des Peintres en quile tempérament est si marqué qu’on nesçauroit s’y mépren-
dre. Nous en avons eu qui ne se portoient d’eux-mesmes qu’à certains sujets 5 les uns à dessu-
jets agréables comme des bains de Diane, des jeux de Nymphes, &C choses semblables 5 d’au-
tres choisiiloient toûjours des sujets rudes, des sorrileges, des apparitions de morts toutes
choses naturellement effrayantes.
Si l’onprenoit la peine de les observer suivant cette remarque, on trouveroit que la façon
de vivre des uns & des autres répondoità leurs Ouvrages, &que le caraétere de leur esprit y
estoit marqué, non seulement dans le choix des sujets , mais encore dans chaque Figure en
particulier.
 
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