Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Babelon, Ernest [Hrsg.]
Le cabinet des antiques a la Bibliothèque Nationale: choix des principaux monuments de l'antiquité, du Moyen-Age & de la Renaissance conservés au département des médailles et antiques de la bibliothèque Nationale (Text) — Paris, 1887

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4845#0025
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Ce célèbre monument, connu sous le nom d'Apothéose d'Auguste, est cité pour la première fois en
1341, sous Philippe de Valois, dans l'inventaire de la Sainte-Chapelle, qui lui consacre laconiquement
la mention suivante : Item : ununi pulcherrimum commit in cujus circuitu sunt plurcs reliquiae'. Comment
et à quelle époque ce chef-d'œuvre de la glyptique romaine fut-il déposé à la Sainte-Chapelle?
On ne le sait point d'une manière positive. Il est vraisemblable qu'il fit partie du trésor des Césars à
Rome, puis de celui des empereurs byzantins, et qu'il fut transporté en France à l'époque des
Croisades. La tradition affirme qu'il était au nombre des joyaux et des reliques engagés à saint Louis
par l'empereur de Constantinople, Baudouin II, au moment où ce prince faisait argent de tout pour
défendre son trône chancelant2. A la vérité, le grand camée n'est pas mentionné dans l'acte
d'abandon, daté de 1247, dans lequel Baudouin énumére toutes les reliques transportées, à diverses
reprises, du Bucoléon à Paris; mais, comme le remarque un savant critique ', Baudouin et saint Louis
n'attachaient de prix qu'aux reliques elles-mêmes, et il ne faut pas s'étonner si aucun des joyaux qui
les accompagnaient ne se trouve cité dans la lettre de 1247 qui constitue le premier inventaire des
reliques de la Sainte-Chapelle.

Peu de temps après la rédaction de l'inventaire de 1341, Philippe de Valois envoya le grand camée
au pape Clément VI, à Avignon. L'aumônier de la reine, Simon de Braelle, trésorier de la Sainte-
Chapelle, fut chargé d'accompagner le convoi, et sur le registre d'inventaire, à côté de la mention que
nous avons rapportée, on écrivit le mot vacat. Simon de Braelle était de retour à Paris au mois de
juin 1343+. On ne dit point les motifs qui portèrent Philippe de Valois à céder au pape le plus important
de ses joyaux, mais il nous paraît aisé de les deviner. C'était l'usage, au moyen âge, de considérer
les objets conservés dans le trésor du roi ou ceux des églises, comme une réserve qu'on pouvait
engager ou vendre dans un moment de crise financière. A chaque page de notre histoire, les
princes, à bout de ressources, sont contraints d'aliéner, pour soutenir leurs guerres, les pierres
précieuses et les bijoux d'or et d'argent de leur trésor; des chapitres sont forcés eux-mêmes de vendre
ou de porter au creuset les richesses d'orfèvrerie de leurs églises. Parfois même, et c'est ce que fit
l'empereur Baudouin II pour la Couronne d'épines, on s'ingénie à tourner les lois ecclésiastiques qui
interdisent le commerce des reliques. Or, vers 1342, la situation des finances de Philippe de Valois
était des plus critiques; ce fut pour la sauver, sans doute, qu'il engagea le grand camée, et nous
ajouterons, pour confirmer cette hypothèse, que le pape Clément VI, dont la richesse était proverbiale,
donna à plusieurs reprises des sommes considérables au roi de France5.

Plus tard, lors du grand schisme d'Occident, les papes d'Avignon, à leur tour, se trouvèrent dans
la nécessité de se dépouiller de leurs objets d'art. On a publié la liste de ceux que vendit Innocent VI

1. Voyez Doûet d'Arcq, dans la Revue archéologique, 1848, t. V, p. 169.

2. Montfaucon. L'antiquité expliquée, t. V, ire part., p. 154; J. Morand. Histoire de la Sainte-Chapelle, p. 58.

3. Comte Riant. Exuviae sacrae Constanlinopolitanae, t. I, p. clxxx.

4. La lettre par laquelle le roi ordonne à la Chambre des Comptes de payer à Simon de Braelle ses frais de voyage et de supprimer le grand camée
de l'inventaire de la Sainte-Chapelle, est datée du 21 juin 1343. Elle est publiée dans la Revue archéologique, 1848, t. V, p. 169, note, et dans Riant,
Exuviae sacrae Constanlinopolitanae, t. II, p. 161.

5. M. Faucon. Prêts faits aux rois de France par Clément VI et Innocent VI, dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 1879, p. 570. Du 26 novembre
1345 à la fin de janvier 1350, Clément VI prêta à Philippe de Valois 592,000 florins d'or et 5,000 écus.
 
Annotationen