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Babelon, Ernest [Hrsg.]
Le cabinet des antiques a la Bibliothèque Nationale: choix des principaux monuments de l'antiquité, du Moyen-Age & de la Renaissance conservés au département des médailles et antiques de la bibliothèque Nationale (Text) — Paris, 1887

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https://doi.org/10.11588/diglit.4845#0026
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pour 26.000 florins, à des marchands florentins1. Clément VII aliéna aussi une partie de ses joyaux,
et les inventaires de ses trésors d'orfèvrerie, dressés en 1379 et 1380, laissent constater une énorme
réduction dans le nombre des richesses artistiques du palais d'Avignon2. S'il n'est pas téméraire de
croire que le grand camée quitta la Sainte-Chapelle par suite de la détresse pécuniaire du roi de France,
on peut admettre, avec non moins de vraisemblance, que ce précieux monument reprit, plus tard, le
chemin de Paris, à cause des embarras politiques et financiers de Clément VII. Le pape d'Avignon
avait besoin de l'appui du roi de France contre le pape de Rome Urbain VI : il rendit le camée à
Charles V qui le réinstalla à la Sainte-Chapelle, non sans l'avoir orné d'une riche monture et d'un
piédestal sur lequel on grava l'inscription suivante : Ce camaïeu bailla à la Sainte Chapelle du Palais,
Charles cinquième de ce nom, roi de France, qui fut fils du roi Jean, l'an i}']')- Le grand camée resta donc
exilé à Avignon pendant 37 ans : nul doute qu'on en trouve la description dans les inventaires, encore
inédits, du trésor des papes pendant cette période.

Durant tout le moyen âge, l'agate de la Sainte-Chapelle fut considérée comme l'un des objets
les plus remarquables que nous ait légués l'antiquité sacrée. Elle passait pour représenter le triomphe
de Joseph en Egypte, et la figure montée sur Pégase était censée celle du fils de Jacob porté glorieu-
sement à travers le royaume des Pharaons. Les jours de fête, on exposait cette relique insigne à la
vénération des fidèles; les comptes de la chèvecerie de la Sainte-Chapelle nous apprennent qu'on la
porta dans la procession qui eut lieu pour le sacre du roi Charles VIII.

Les inventaires successifs du trésor de la Sainte-Chapelle ne manquent jamais de mentionner le
camaïeu. Celui qui fut rédigé en 1373, â la suite du vol d'un ciboire, et qu'a publié Doùet d'Arcq, nous
renseigne sur la manière dont on avait orné le joyau; il décrit les gemmes et les émaux dont on
l'avait entouré, le piédestal d'argent doré et émaillé que Charles V avait fait fabriquer par d'habiles
orfèvres pour lui servir de support :

Ung beau grand camahieu, assis sur une table quarrée, le derrière de laquelle et les costez sont d'argent doré, la partie
de devant, sur laquelle est assiz ledict camahieu, est d'or, semblablement la bordure; sur laquelle bordure y a plusieurs
pierres. Ladicte table est assize sur ung pied d'argent doré, auquel sont plusieurs relicques d'ung costé, garnies de sept
cristaulx et de plusieurs esmaulx dessoubs lesdictes relicques. En icellc table y a LXIII perles de seyne' avec leurs chattons
et six chattons desgarniz desdictes perles, plus trois gros saphirs, l'un desquelz tire ung peu sur couleur violet, et est percé
au long par dedans; aussi l'ung d'iceulx saphirs, scavoir est celuy qui est au hault de ladicte table, est rond et bond de ce
qu'il contient, au regard des deux autres; plus vingt sept presmes d'esmerauldes, dont y en a cinq bonnes, douze rubys de
peu de valleur; et aux quatre coings de ladicte table, du costé dudict camahieu, sont quatre potences d'or à ymages esmaillées
et lettres, et aux deux bouts d'en hault, près les dictes pottences, deux petites ymages plattes, d'or, esmaillé. Semblablement,
du costé dudict camahieu, au tour de la bordure, par dedans, sont vingtz petits esmaulx d'or, rondz. Laquelle table dessus
désignée fut donnée par Charles le Quint, ainsy qu'il appert par l'escripture estant au pied d'icelle. Et est ledict camahieu
aulcunement féellé, et rompu tout au long, en trois pièces, extimé, ainsi qu'il est, dix mil escuz, et vauldroit beaucoup
plus n'estoit ladicte féesleure. Pour ce XX1"". 4 »

1. Revue archéologique, avril 1882.

2. M. Faucon, La Librairie des papes d'Avignon, p. 56-57.

3. C'est-à-dire des semences de perles ou petites perles.

4. Doûet d'Arcq. Revue archéologique, t. V, p. 186-187. Cette description, extraite de l'inventaire de 1573, n'est que la traduction littérale d'un
inventaire latin encore inédit, de 1480 (Bibl. Nat., ms. lat. 9941), et dont M. E. Molinier a bien voulu nous communiquer la copie.
 
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