Ballot, Marie-Juliette: Le décor intérieur au XVIIIe siècle à Paris et dans la région parisienne: boiseries sculptées et panneaux peints (Paris: Les éditions G. Van Oest, 1930)

ANGE-JACQUES GABRIEL ET LE RETOUR A L’ANTIQUE, 1760 1775

I
Dans les années qui précédèrent et qui suivirent la date de 1760, l’acti-
vité de Gabriel avait dû se ralentir, l’état manquait d’argent, les cons-
tructions furent presque abandonnées, l’École Militaire et la place
Louis XV en souffrirent particulièrement. « C’est vers cette époque, dit
le comte de Fels, que l’on peut placer le début delà troisième manière que
nous constatons dans l’œuvre de Gabriel, celle où l’influence du style
grec le plus pur vient renouveler la tradition française classique (1). »
Rappelons cependant que Ange-Jacques Gabriel n’a jamais été en
Italie et qu’il s’est inspiré de nos artistes du xvne siècle ; mais il eut l’intui-
tion de l’hellénisme. Une fois 1760, le mouvement est donné et, Gabriel
en tête, tous les artistes vont tendre au retour à l’antique. Parmi les
architectes il faut citer Contant d’Ivry (1698-1777) malgré son âge et
Jacques-Denis Antoine (1733-1801) très jeune au contraire; pour les des-
sinateurs: Pillement (1719-1808), Eisen (1722-1778) et Delafosse (1734-
1789), tandis que les sculpteurs sont Guibert et Antoine Rousseau.
Nous ne nous arrêterons pas sur l’histoire du retour à l’antique si
souvent étudié et si connu maintenant, mais nous croyons amusant de
citer deux décisions de l’Académie d’architecture. Le 18 novembre 1715,
en rentrant de vacance, la docte assemblée ne reprit pas la lecture de
Vitruve, qu’elle faisait avant de se séparer, suivant l’usage qu’elle avait
depuis sa fondation de lire les traités des architectes de l’Antiquité et
le 2 décembre on lit dans les procès-verbaux : « L’on s’est déterminé,

(1) de Fels, ouv. cité, p. 30.