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https://doi.org/10.11588/diglit.3856#0114
80 CEREMONIES, MOEURS ET COUTUMES
jusqu'à ce que chacun fut de retour dans sa maison, pour allumer la chandelle deftinée au
jour du Sabbat. La sille delà Voix prononça, que tous ceux qui avoient été du convoi se-
roient sauves, excepté un seul qui mourut désesperé. Cette sille de la Voix étoit ordinai-
rement un bon ou un mauvais présage, que l'on tiroit des premières paroles prononcées
par la première personne qu'on écoutoit, ou qui se rencontroit sur les pas du confultant.
Cette parole étoit respettée comme un Oracle de la Providence ; & l'on a vu des Juiss
assez fanatiques, pour présérer aux Prophéties de l'Ancien Teftament ces paroles pronon-
cées fortuitement. C'eft ainsi que les Paiens ont consulté sur leur deftinée les Vers d'Ho-
mère & de Virgile, & que des Chrétiens superstitieux cherchoient autrefois le fuccès de
leurs entreprises dans la Bible ouverte au hazard en deux ou trois endroits disférens.
On compte au nombre des Contemporains de Juda le Saint un nommé Scimon, qui
étoit encore un homme à miracles. Un jour il rencontra un Lion assamé , qui l'auroit dé-
chiré , si Dieu n'avoit fait pleuvoir du pain, que le Lion préséra au corps de ce Docteur.
Il étoit si pauvre , qu'il n'avoit pas de quoi célébrer le Sabbat. Il témoigna fon chagrin à
Dieu , qui sit tomber du Ciel entre ses mains une pierre précieuse. Il l'engagea promte-
ment à un Jouailler, & sit un repas à ses amis. Sa semme n'approuva pas la conduite du
mari, & lui ordonna de rendre à Dieu sa pierre. En efset il retourna au lieu où il l'avoit
reçue, ôc la présenta à Dieu ,qui la reprit par un sécond miracle aufsi grand que le premier.
Les Charges Ecclésiaftiques étant naturellement supérieures à toutes les autres, il n'esl
pas difficile de concevoir comment on peut se persuader, que Dieu les savorise de certai-
nes grâces particulières. Il susfit d'être Prêtre ou Docteur, pour être crû le Dépofitaire des
secrets de l'Etre suprême, & qui plus eft, pour fe le perfuader souvent à soi-même. Delà
les opérations miraculeuses attribuées à ces emplois Religieux. Les Traditionnaires étoient
autresois chez les Juiss du nombre de ces privilégiés, parce qu'ils étoient les confervateurs
des Traditions, ôc qu'ils ont eu soin de ces contes ridicules, ôc de les saire passer à la dernière
postérité. Ces Traditions consinent en une insinité de pieuses minuties, fi nécessaires pour-
tant au Juif sidèle, que sans elles il eft impossible que la Loi que Dieu a donnée à Moïfe ,
lui sane trouver la route du Ciel. Il étoit jufte qu'un emploi fi difsicile sût accompagné de
plusieurs dons extraordinaires. Ces excellens guides avoient, dit-on, celui des miracles :
ils commandoient au Démon ; ils arrêtoient les opérations Magiques ; ils prévoioient ôc pré-
difoient la mort des Malades. Nous omettons à dessein les noms de ces Traditionnaires, ôc
leurs miracles qui sont fans nombre. Si l'on en eft curieux, on les trouvera sidèlement re-
cueillis dans le Thalmud,
CÉRÉMONIES
jusqu'à ce que chacun fut de retour dans sa maison, pour allumer la chandelle deftinée au
jour du Sabbat. La sille delà Voix prononça, que tous ceux qui avoient été du convoi se-
roient sauves, excepté un seul qui mourut désesperé. Cette sille de la Voix étoit ordinai-
rement un bon ou un mauvais présage, que l'on tiroit des premières paroles prononcées
par la première personne qu'on écoutoit, ou qui se rencontroit sur les pas du confultant.
Cette parole étoit respettée comme un Oracle de la Providence ; & l'on a vu des Juiss
assez fanatiques, pour présérer aux Prophéties de l'Ancien Teftament ces paroles pronon-
cées fortuitement. C'eft ainsi que les Paiens ont consulté sur leur deftinée les Vers d'Ho-
mère & de Virgile, & que des Chrétiens superstitieux cherchoient autrefois le fuccès de
leurs entreprises dans la Bible ouverte au hazard en deux ou trois endroits disférens.
On compte au nombre des Contemporains de Juda le Saint un nommé Scimon, qui
étoit encore un homme à miracles. Un jour il rencontra un Lion assamé , qui l'auroit dé-
chiré , si Dieu n'avoit fait pleuvoir du pain, que le Lion préséra au corps de ce Docteur.
Il étoit si pauvre , qu'il n'avoit pas de quoi célébrer le Sabbat. Il témoigna fon chagrin à
Dieu , qui sit tomber du Ciel entre ses mains une pierre précieuse. Il l'engagea promte-
ment à un Jouailler, & sit un repas à ses amis. Sa semme n'approuva pas la conduite du
mari, & lui ordonna de rendre à Dieu sa pierre. En efset il retourna au lieu où il l'avoit
reçue, ôc la présenta à Dieu ,qui la reprit par un sécond miracle aufsi grand que le premier.
Les Charges Ecclésiaftiques étant naturellement supérieures à toutes les autres, il n'esl
pas difficile de concevoir comment on peut se persuader, que Dieu les savorise de certai-
nes grâces particulières. Il susfit d'être Prêtre ou Docteur, pour être crû le Dépofitaire des
secrets de l'Etre suprême, & qui plus eft, pour fe le perfuader souvent à soi-même. Delà
les opérations miraculeuses attribuées à ces emplois Religieux. Les Traditionnaires étoient
autresois chez les Juiss du nombre de ces privilégiés, parce qu'ils étoient les confervateurs
des Traditions, ôc qu'ils ont eu soin de ces contes ridicules, ôc de les saire passer à la dernière
postérité. Ces Traditions consinent en une insinité de pieuses minuties, fi nécessaires pour-
tant au Juif sidèle, que sans elles il eft impossible que la Loi que Dieu a donnée à Moïfe ,
lui sane trouver la route du Ciel. Il étoit jufte qu'un emploi fi difsicile sût accompagné de
plusieurs dons extraordinaires. Ces excellens guides avoient, dit-on, celui des miracles :
ils commandoient au Démon ; ils arrêtoient les opérations Magiques ; ils prévoioient ôc pré-
difoient la mort des Malades. Nous omettons à dessein les noms de ces Traditionnaires, ôc
leurs miracles qui sont fans nombre. Si l'on en eft curieux, on les trouvera sidèlement re-
cueillis dans le Thalmud,
CÉRÉMONIES