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Banier, Antoine; Le Mascrier, Jean-Baptiste; Picart, Bernard [Ill.]
Histoire générale des cérémonies, moeurs et coutumes religieuses de tous les peuples du monde: représentées en 243 figures (Band 1) — Paris, 1741

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https://doi.org/10.11588/diglit.3856#0148
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ïi2 CEREMONIES, MOEURS ET COUTUMES
à leurs Synagogues, ôc ensuite aux Eglises ou premières Assemblées des Chrétiens, comme
nous l'avons dit ailleurs.
Ce grand Consistoire ne pouvoit se tenir que dans la Ville de Jérusalem, en un lieu
qu'on appelloit Lifcat-hagazit, le Conclave de pierre, ôc qui étoit joignant au Temple, ou
plutôt une partie du Temple même ; de la même manière que nos Conciles se sont assem-
blés ordinairement dans les Eglises. Ce Lifcat-hagazit étoit à-peu-près la même chose ,
que ce qu'on appelloit autrefois à Constantinople In Trullo. Les Thalmudistes lui donnent
le nom de Basilique. On y jugeoit des causes majeures, ôc. en dernier ressort ; ôc c'est le
sens qu'on doit donner à ces paroles de saint Luc , (a) qu'un Prophète ne peut mourir hors
de Jérusalem. Lorsqu'il s'agissoit de quelque cas, sur lequel la Tradition n'avoit rien dé-
cidé , au moins qui fût clair, chaque Sénateur avoit voix décisive, aussi-bien que voix con-
sultative.
Lorsque les Juifs retournèrent de Babylone à Jérusalem, il fut nécessaire qu'ils y tins-
sent une de ces grandes Assemblées, pour le bon ordre de leur Etat. Elle fut composée,
sélon leur opinion, de 120. Notables, ausquels Esdras , surnommé le Scribe, présida en
qualité de Nafci, ou Chef. Ils ajoutent, que dans cette même Assemblée se trouvèrent
les Prophètes Aggée, Zacharie, Malachie ôc quelques autres grands hommes inspirés de
Dieu, comme Daniel, Néhémie , Mardochée, Zorobabel, Azarias,Misaëlôc Hananias.
Quoiqu'on ne doive pas ajouter foi à tout ce que les Juifs ont rapporté en particulier de
cette gande Assemblée, on ne laisse pas d'en conclure en général, que les Prophètes ôc les
autres personnes illustres y étoient admises avec les Anciens, ou Sénateurs.
Il n'y avoit rien de plus grand dans la République des Hébreux, que ce Sanhédrin, qui
avoit le pouvoir, comme parlent les Juifs, de faire Such la tora, une haie à la Loi, parce"
qu'il étoit le maître de l'expliquer, sélon qu'il jugeoit le plus à propos pour les tems ôc les
occasions. (b) C'est en ce sens que R. Moïse lui donne le nom de Fondement de la Loi de
bouche, ôc de Colomne de la véritable Doctrine. Aussi ceux qui refusoient de s'y soumet-
tre, étoient-ils considérés comme des rébeles ôc des excommuniés : à quoi sans doute le
Fils de Dieu faisoit allusion, lorsqu'il prononce cette Sentence contre ceux, qui ne vou-
dront point se soumettre à la décision de l'Eglise ou de l'Assemblée ; (c) Sit tibisicut Eth-
nicus & Publicanus.
En effet, si nous comparons la discipline de l'Eglise dans les Assemblées, ou Conciles,
avec celle de la Synagogue, nous trouverons peu de différence entre l'une ôc l'autre. Pre-
mièrement , Notre-Seigneur dans l'établissement de sa nouvelle Loi, étant le Souverain
Législateur , dont Moïse, qui n'étoit que comme l'interprète étoit la figure, n'a pas eu des
qualités inférieures à celles de Moïse. Et comme Moïse laissa ce même pouvoir à Josué ,
ôc aux Anciens de son tems, pour ce qui regardoit l'interprétation de la Loi ; aussi Notre-
Seigneur laissa-t-il saint Pierre pour lui succéder, en qualité de Nafci, ou Chef de son Egli-
se; ôc saint Paul qualifie quelques-uns des Apôtres du nom de Colomnes:(i) Jacobus &
Cephas & Joannes, qui videbantur ejje columnœ. Les Catholiques attribuent à leurs Conci-
les une certaine infaillibilité , qu'ils reconnoissent être dans l'Eglise, de la même manière
que les Juifs étoient persuadés de l'infaillibilité de leur grand Consistoire ou Sanhédrin. En
quoi Us ont imité les Apôtres ôc les Anciens, ausquels saint Pierre présidoit en qualité de
Nasci, ou Prince, aiant de droit divin la primauté dans l'Eglise, lorlqu'ils écrivirent à leurs
frères d'Antioche, de Syrie ôc de Cilicie ce qu'ils avoient arrêt? dans leur Assemblée : (e)
Vifum eft, disent-ils, Spiritui fanfto & nobii ; faisant connoître par ces paroles, qu'ils avoient
été véritablement inspirés.
L'Evêque de Rome qui est le véritable successeur de saint Pierre, a aussi succédé à la
qualité de Nasci, ou Chef de l'Eglise. Il ne faut pourtant pas restraindre le lieu de cette
infaillibilité, ou inspiration, à la Ville de Rome , comme les Juifs l'avoient attaché à Jé-
rusalem. Il n'est pas aussi vrai, que le seul Conseil du Pape avec son Clergé représente
l'ancien Sanhédrin. Il est représente par l'Eglise entière, dont le Successeur de saint Pierre
est Hannasci, ou le Prince. C'est en ce sens que les anciens Pères, en parlant de l'Eve-
que de Rome , lui ont toujours donné la préférence par-dessus les autres Evêques, Prœ-
rogativam fuffragii. De plus, comme les Anciens dans le Sanhédrin des Juifs avoient tous
voix décisive ; de même dans les Conciles, les Evêques ont aussi voix décisive avec le
Pape , qui est le Nasci, ou Président. La raison pourquoi on ne donne pas la même autorité
au Consistoire de Rome dans la nouvelle Loi, que le Sanhédrin de Jérusalem avoit dans
l'ancienne Loi, vient de ce que la Religion que le Messie devoit annoncer, n'étoit pas
une Religion qui dût être renfermée dans un petit coin de la terre, comme a été la
Religion
(a) Luc. 13. 3j. I (d) S.?aul,Ep.auxGal.z.9.
(b) Rambam. I (e ) A&. If. 28.
(O Matth. 18. 17. 1
 
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