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Banier, Antoine; Le Mascrier, Jean-Baptiste; Picart, Bernard [Ill.]
Histoire générale des cérémonies, moeurs et coutumes religieuses de tous les peuples du monde: représentées en 243 figures (Band 2) — Paris, 1741

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https://doi.org/10.11588/diglit.3857#0255
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%so CEREMONIES, MŒURS ET COUTUMES
des Rameaux au Peuple: pendant qu'on chante laPassion, tous les Fidèles ont léus
Rameau à la main.
Le jour des Rameaux les Autels sont ornés de Palmes, ou de Rameaux d'Oli-
viers. Les Rameaux deftinés à être distribués sont mis sur une crédence près de
l'Autel, ôc y relient couverts d'une nappe blanche jusqu'à la Bénédiction.
Il seroit inutile d'indiquer au Lecteur l'événement, dont cette cérémonie sait la
commémoration. Les Rameaux bénits nous apprennent, dit-on, (a) que nos pen-
fëes, nos désirs, tout ce qui dépend de nous doit être ossert à Dieu, être fait dans
son esprit 8c par le mouvement de sa grâce. Cette explication mystique est un peu
forcée,
Une coutume remarquable du jour des Rameaux, & qui fe pratique encore en
plusîeurs Païs Chrétiens, eft celle de délivrer un prisonnier. L'Evêque 8c le Clergé
sont en Procession la Cérémonie de cette délivrance, qui eft l'image de notre liberté
spirituelle. Cette coutume vient des Juiss , qui délivroient autrefois un prisonnier
le jour de Pâques , en mémoire de leur délivrance de la fervitude des Egyp-
tiens.
Après la diftrïbution des Palmes, on sait la Proceffion des Rameaux. La Planche
qui représente cette Cérémonie & celle de la Proceffion du S. Sacrement, a été des-
sinée d'après nature à Paris. Le Diacre présente au Célébrant un Rameau , en
baifant ce Rameau ôc la main du Célébrant ^ après quoi le Soudiacre prend la Croix,
&c se rend au milieu des deux Céroféraires à l'entrée du Prefbytére ou Sanctuaire.
C'eft de là que commence la marche, auffi-tôt que le Diacre , après avoir fait une
génuflexion, s'eft tourné vers le peuple, Se lui a dit ( b ) procedamus in sace. Com-
me cette Proceffion se fait à deflein de repréfenter l'entrée triomphante de Jefus-
Chrift à Jérufaiem, pour pouvoir retracer aux yeux du peuple toutes les circonftan-
ces de cette entrée folemnelle , & jufqu'aux branches d'arbres dont on joncha les
chemins par où N. S* devoit paner, il salloit non feulement entrer dans la Ville, &
par conséquent venir de dehors, mais y entrer comme en triomphe, avec des branches
ôc des Rameaux d'arbres à la main. C'eft pour cela qu'autrefois la bénédiction Se la
diftribution des Rameaux se saifoit hors de la Ville , & s'y fait encore en plufîeurs
endroits, & que dans ceux où cette Cérémonie fe fait dans l'Eglise, on en fort en-
fuite proceffionnellement, ou pour aller à quelque autre Eglife, ou du moins pour faire
le tour du Cimetière, afin d'avoir lieu de rentrer enfuite en triomphe avec les Ra-
meaux. C'eft encore pour cette même raison , que dans les lieux où la Proceffion
fort à la campagne, &: dans ceux où elle fait feulement le tour du cimetière, elle trou-
ve à fon retour la porte de la Ville ou de l'Eglife fermée, ainu que cela s'obfèrve à
la réception folcnnelle des Princes & des Rois dans les villes. C'eft entre autres ce
qui fe pratiqua, lorfque Loiiis XIV. fît fon entrée à Paris, la porte S. Antoine aiant
été fermée exprès en sa préfence, & ouverte auffi-tôt après qu'on lui eut présenté les
clefs de la Ville. La Proceffion étant donc arrivée à la porte de la Ville, ou de
l'Eglife qu'elle trouve sermée , le Célébrant srape à cette porte avec le pied de la
Croix, comme étant chargée, dit (c) Dom de Vert, de l'image de N. S. ôc par con-
féquent très propre pour fervir d'inftrument à fraper à la porte d'un lieu , ou l'on
veut repréfenter N. S. faisant fon entrée. C'est en quelque forte comme s'il y srapoit
lui-même. Cependant le Chœur chante , (d ) Ouvre savons, fortes grandes & élevées >
sortes Eternelles, levez^vous , afin que le Roi de Gloire fafse fon entrée. A quoi ceux qui
sont au dedans de la Ville ou de l'Eglise répondent , (c) Qui eft ce Roi de Gloire ?
Ce qui paroit n'être autre chofe , ajoute l'Auteur que nous venons de citer, qu'exprimer
en termes de l'Ecriture, & faire en cérémonie ce qui fe pasfe naturellement tous les
jours, lorfqu'on frape à une porte, qui eft de dire en même tems, ouvrez la porte;
sur quoi ceux qui font dans la maifonprennent, avant que d'ouvrir, la précaution de
demander, Qui eft là-? Cette Cérémonie fe répète trois fois : à la troifiéme la porte s'ou-
vre , & la Proceffion rentre.
Après la Proceffion on dit la Messe -, & pendant qu'on chante la Paffion, chacun
tient à la main fon Rameau, même le Célébrant 8c les Miniftres de l'Autel, excepté
les Diacres qui difent la Paffion , & les Acolytes qui les fervent. A ces mots de
la Passion 5 expiravit, ou emifit fpiritum , ou tradidit spiritum; il expira , il rendit l'ef-
frit3 tout le monde fe met à genoux, ôc fè profterne le vifage contre terre. Autre-

( a ) Rituel dAlet,
(b) Allons* en P-aix,
(c) Explic. des Cérém, Torri. 11. p. 349.

td) Attollite portas, &C.
( e ) Qnjs ejî iffle Rex Gloria }
 
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