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P.ELIGIEUSES DES CATHOLIQUES. ^t
point dans le feu avec la Sainte Hoftie, & voulut même qu'il changeât d'habits, dé
peur de quelque enchantement. Les habits surent changés : mais on ne relâ-
cha rien sur l'autre article -y 6c la contestation ayant duré jusqu'au foir, le Peuple
fort mécontent de ne voir entrer perfonne dans le seu, auroit sort maltraité le
P. Savonarole 6c son Compagnon , si le resped dû au S. Sacrement 6c la crainte
qu'excitoient les Soldats n'eussént été pour eux une fauVegarde, qui les mit à cou-
vert de toute insulte jusqu'au Couvent de S. Marc. Ils ne furent pas fi heureux le
lendemain ^ car leurs ennemis 6c le peuple soulevé profitant de cette occasion ,
engagèrent la Seigneurie à les saire arrêter la nuit du Dimanche des Rameaux au
Lundi. Leur Procès fut fait auez vite j 6c ils furent brûlés vifs le 23. de Mai fui-
vant, dans la même Place où. devoit fe faire la célèbre épreuve.
L'Epreuve de /'Eau sroide*
(a) L'Epreuve de l'Eau froide s dit le P. le Brun ^ fe faîfoit en cette
manière. On dépouilloit un homme entièrement : on lui lioit le pied droit avec
la main gauche , 6c le pied gauche avec la main droite , de peur qu'il ne pût
remuer -, 6c le tenant par une corde, on le jettoit dans l'eau. S'il alloit au sond,
comme doit y aller naturellement un homme ainfi lié, qui ne peut fe donner
aucun mouvement, il étoit reconnu innocent : mais s'il furnageoit fans pouvoir
enfoncer , il étoit cenfé coupable.
Les anciennes Formules que M. Baluze a recueillies, & qu'il a sait imprimer
dans le fécond Tome des Capitulaires de France, nous apprennent les Cérémonies
de cette épreuve.
Premièrement on disoit la Messe folemnellement pour les Accusés : on les exhor-
toît au nom de la Sainte Trinité 6c par les Reliques des Saints de ne point appro-
cher de l'Autel, s'ils étoient coupables : on leur donnoit enfuite la Communion ,
en leur disant, que le Corps 6c le Sang de Jefus-Christ foient aujourd'hui en
épreuve pour vous , à la gloire de Dieu , & à l'édification de l'Eglife. Après cela,
on faîfoit de l'Eau-bénite, que le Prêtre portoit au lieu de l'épreuve. Il en faifoit
boire à tous les Aflistans qui étoient à genoux en prières , 6c fur-tout à celui
qu'on alloit jetter dans l'Eau, en lui difant : Cette Eau-bénite vous soit en épreuve
par Notre Seigneur Jesus-Chrift, qui est le véritable & le jujïe Juge.
Après cette première Cérémonie on dépouilloit l'Accufé, 6c on exorcisoit l'Eau
dans laquelle il devoit être plongé. On l'adjuroit au nom de Dieu le Père Tout-
puissant, Créateur des Eaux, par le nom inessable de Jesus-Christ, qui avoit mar-
ché sur la Mer, qui se servoit de l'Eau pour en faire la matière du Baptême,
qui avoit sait palier le Peuple d'Israël au travers de la Mer Rouge, 6cc. Ensin après
avoir dit tout ce qu'on peut imaginer à la louange de l'Eau , on la prioit de ne
point recevoir le coupable -, mais de le rejetter par la vertu de Notre Seigneur Je-
îus - Chrift , asin que tous les Fidèles vijjent qu'il n'y a ni Crime ni Prcstiges qui
s-uisent rèfistcr a la vertu Divine , & qui ne foient découverts & manisejlès par ce
moyen.
On revenoit ensuite à l'Accusé. On lui faisoit de nouvelles adjurations au nom»
de Dieu, de la Sainte Trinité, des Anges, des vingt-quatre Anciens, du jour re-
doutable du Jugement dernier, de la Sainte Vierge, des quatre Evangelistes, des
Apôtres, des Saints Martyrs, 6cc. On lui saifoit baifer l'Evangile-.on le lioït, com-
me nous l'avons dit ^ 6c après l'avoir arrofé d'eau bénite, on le jettoit à l'eau.- mais
Se le coupable, 6c ceux qui le plongeoient dévoient être à jeun. Hincmar dit ( b)
qu'on lioit celui qui devoit saire l'expérience, 6c qu'on le retenoit avec une corde
pour deux raisons. La première, pour lui ôter tout moien d'ufer d'artifice : la fécon-
de , pour pouvoir le tirer facilement de l'eau, fi étant innocentai enfonçoit. On
faifoit fouvent cette épreuve dans une rivière, èc quelquefois aufsi dans un ton-
neau plein d'eau. Car la manière dont on lioit celui qui devoit être plongé, le ré-
duifoit à un fi petit volume, qu'un tonneau de trois mi quatre pieds de diamètre
pouvoit fusïïre pour l'expérience. On peut s'en convaincre, en jettant les yeux fur
la figure que l'on voit ici , &c qui explique parfaitement ce que nous venons
d'expofer.
Il n'eft pas ici queftion de difeuter la vérité des faits qu'on allègue au fujet de
(a) Hils. Crh. des Prat. Snpir[t. T. II. L. 6.C.U \ (b) Dt Vivort. Loth. & Thtu
Tome II. s *
 
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