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https://doi.org/10.11588/diglit.3857#0434
396 MEMOIRES HISTORIQUES
Saint André, devant & derrière. Cétoient des Juiss pris pour la première sois &
repentansj on les condamne d'ordinaire à quelques années de Priion, ou à porter le
Sanbenit : chaque coupable de ces deux ordres étoit conduit jpar deux Familiers de
l'Inquisition.
Derrière eux venoient vingt Juiss, hommes ou semmes , relaps, pour la troisième
sois, & condamnés au seu. Ceux qui avoient témoigné fe repentir , dévoient être
étranglés, sélon la coutume , avant que d'y être jettes. Les autres, obslinés dans
l'erreur, dévoient être brûlés viss. Ils portoient des Sanbenits de toile peinte , qui
i-eprésentoient des diables & des slammes ; leurs bonnets étoient peints de la même
manière : cinq ou six d'entr'eux, plus obftinés que les autres, avoient des baaillons
à la bouche pour les empêcher de blafphémer.
Ceux qui étoient condamnés au dernier supplice, outre l'escorte des deux Fami-
liers , étoient entourés de quatre ou cinq Religieux de divers Ordres , qui les ex-
hortaient pendant le chemin.
Ces criminels parlèrent en cet ordre au dessous du Balcon du Roi d'Espagn5 &
après avoir fait le tour du Théâtre, ils surent placés fur 1* Amphithéâtre de la main
gauche , chacun entre les Familiers & les Religieux qui les avoient accompagnés.
Quelques Grands du nombre des Familiers se placèrent sur deux bancs qui leur
étoient deftinés au bas de l'autre Amphithéâtre.
Le Clergé de la Paroifie de Saint Martin arrivant enfuite, se plaça près de l'Au-
tel. Les Ossiciers du Confeil fuprême de l'Inquifition, les Inquisiteurs, les Qualisi-
cateurs , les Ofsiciers de tous les autres Confeils, & plusieurs autres Perfonnes consi-
dérables, Séculiers & Réguliers, qui sormoient une longue Cavalcade, arrivèrent
enfuite &c fe placèrent fur l'Amphithéâtre de la main droite, aux deux côtés de la
Chaire'préparée pour le Grand Inquïfiteur. Il marchoit le dernier, vêtu de vio-
let, accompagné du Président du Confeil de Caftille. Quand il fut monté à sa place,
le Préfident fe retira.
Alors on commença la Mésie, au milieu de laquelle le Célébrant quitta l'Au-
tel, & s'affit fur un fiége qui lui étoit préparé. Le Grand Inquifiteur defeendit de
fa place j & s'étant sait revêtir d'une Chape, la Mître en tête, après avoir falué
l'Autel,'il s'avança vers le Balcon du Roi. Il y monta les dégrés du bout de l'Am-
phithéâtre, avec quelques Osficiers de l'Inquifition qui y portèrent la Croix, les
Evangiles, & un Livre, qui contenoit le ferment par lequel les Rois d'Efpagne s'o-
bligent de' protéger la Foi Catholique, d'extirper les héréfies, & d'appuier de tou-
te leur autorité les procédures de l'Inquifition.
Le Roi d'Efpagne debout 6c tête nue* aiant à ses côtés un Grand qui tenoit l'E-
pée Roiale élevée, jura d'obferver le ferment dont un Confeiller du Confeil Roial
& de l'Inquifition venoit de faire la lecture. Il demeura en cette pofture jufqu'à ce
que le Grand Inquifiteur fût retourné à fa place, où il quitta fes habits Pontisi-
caux. * ,
Alors un Secrétaire de l'Inquifition monta dans une Chaire préparée, Se lut un
semblable ferment qu'il fit prêter aux Confeils & à toute l'Aflèmblée : enfuite un
Dominicain monta dans la même Chaire, & fit un Sermon rempli des louanges de
l'Inquifition & contre l'héréfie.
Il étoit près de midi lorfqu on commença à lire les Sentences de ceux qui avoient
été condamnés. On lut d'abord celles des coupables qui étoient morts dans la pri-
fon , ou qui avoient été jugés par contumace. Leurs efsigies furent portées sur le
petit Théâtre, & mises dans les cages : enfuite l'on continua la lecture des Senten-
ces à chaque criminel qu'on sit entrer l'un après l'autre dans les mêmes cages, afin
qu'ils fiuTent reconnus de tout le monde.
Parmi les vingt perfonnes condamnées au seu, fix hommes & deux semmes ne
voulurent jamais reconnoître leurs erreurs, ni fe repentir de leur impiété. Une jeune
femme fut renvoiée en prifon, parce qu'elle proteftoit toujours de fon innocence ,
&c qu'on crut devoir encore examiner son procès.
Ensin on fit la lecture des Sentences rendues contre ceux qui étoient convaincus
de bigamie, de fortiléo-e, de profanation des chofes faintes , & de plufieurs autres
crimes, auffi bien que contre les Juifs repentans; ce qui dura jusqu'à neus heures du
foir.
tiré ______________________^^_^^^^^^^_^^^^^^^^^^_^^^^^^^^^—
des ânes à trois cens pas hors k porte de Foncaral. Ils surent exécutés après minuit:
Saint André, devant & derrière. Cétoient des Juiss pris pour la première sois &
repentansj on les condamne d'ordinaire à quelques années de Priion, ou à porter le
Sanbenit : chaque coupable de ces deux ordres étoit conduit jpar deux Familiers de
l'Inquisition.
Derrière eux venoient vingt Juiss, hommes ou semmes , relaps, pour la troisième
sois, & condamnés au seu. Ceux qui avoient témoigné fe repentir , dévoient être
étranglés, sélon la coutume , avant que d'y être jettes. Les autres, obslinés dans
l'erreur, dévoient être brûlés viss. Ils portoient des Sanbenits de toile peinte , qui
i-eprésentoient des diables & des slammes ; leurs bonnets étoient peints de la même
manière : cinq ou six d'entr'eux, plus obftinés que les autres, avoient des baaillons
à la bouche pour les empêcher de blafphémer.
Ceux qui étoient condamnés au dernier supplice, outre l'escorte des deux Fami-
liers , étoient entourés de quatre ou cinq Religieux de divers Ordres , qui les ex-
hortaient pendant le chemin.
Ces criminels parlèrent en cet ordre au dessous du Balcon du Roi d'Espagn5 &
après avoir fait le tour du Théâtre, ils surent placés fur 1* Amphithéâtre de la main
gauche , chacun entre les Familiers & les Religieux qui les avoient accompagnés.
Quelques Grands du nombre des Familiers se placèrent sur deux bancs qui leur
étoient deftinés au bas de l'autre Amphithéâtre.
Le Clergé de la Paroifie de Saint Martin arrivant enfuite, se plaça près de l'Au-
tel. Les Ossiciers du Confeil fuprême de l'Inquifition, les Inquisiteurs, les Qualisi-
cateurs , les Ofsiciers de tous les autres Confeils, & plusieurs autres Perfonnes consi-
dérables, Séculiers & Réguliers, qui sormoient une longue Cavalcade, arrivèrent
enfuite &c fe placèrent fur l'Amphithéâtre de la main droite, aux deux côtés de la
Chaire'préparée pour le Grand Inquïfiteur. Il marchoit le dernier, vêtu de vio-
let, accompagné du Président du Confeil de Caftille. Quand il fut monté à sa place,
le Préfident fe retira.
Alors on commença la Mésie, au milieu de laquelle le Célébrant quitta l'Au-
tel, & s'affit fur un fiége qui lui étoit préparé. Le Grand Inquifiteur defeendit de
fa place j & s'étant sait revêtir d'une Chape, la Mître en tête, après avoir falué
l'Autel,'il s'avança vers le Balcon du Roi. Il y monta les dégrés du bout de l'Am-
phithéâtre, avec quelques Osficiers de l'Inquifition qui y portèrent la Croix, les
Evangiles, & un Livre, qui contenoit le ferment par lequel les Rois d'Efpagne s'o-
bligent de' protéger la Foi Catholique, d'extirper les héréfies, & d'appuier de tou-
te leur autorité les procédures de l'Inquifition.
Le Roi d'Efpagne debout 6c tête nue* aiant à ses côtés un Grand qui tenoit l'E-
pée Roiale élevée, jura d'obferver le ferment dont un Confeiller du Confeil Roial
& de l'Inquifition venoit de faire la lecture. Il demeura en cette pofture jufqu'à ce
que le Grand Inquifiteur fût retourné à fa place, où il quitta fes habits Pontisi-
caux. * ,
Alors un Secrétaire de l'Inquifition monta dans une Chaire préparée, Se lut un
semblable ferment qu'il fit prêter aux Confeils & à toute l'Aflèmblée : enfuite un
Dominicain monta dans la même Chaire, & fit un Sermon rempli des louanges de
l'Inquifition & contre l'héréfie.
Il étoit près de midi lorfqu on commença à lire les Sentences de ceux qui avoient
été condamnés. On lut d'abord celles des coupables qui étoient morts dans la pri-
fon , ou qui avoient été jugés par contumace. Leurs efsigies furent portées sur le
petit Théâtre, & mises dans les cages : enfuite l'on continua la lecture des Senten-
ces à chaque criminel qu'on sit entrer l'un après l'autre dans les mêmes cages, afin
qu'ils fiuTent reconnus de tout le monde.
Parmi les vingt perfonnes condamnées au seu, fix hommes & deux semmes ne
voulurent jamais reconnoître leurs erreurs, ni fe repentir de leur impiété. Une jeune
femme fut renvoiée en prifon, parce qu'elle proteftoit toujours de fon innocence ,
&c qu'on crut devoir encore examiner son procès.
Ensin on fit la lecture des Sentences rendues contre ceux qui étoient convaincus
de bigamie, de fortiléo-e, de profanation des chofes faintes , & de plufieurs autres
crimes, auffi bien que contre les Juifs repentans; ce qui dura jusqu'à neus heures du
foir.
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des ânes à trois cens pas hors k porte de Foncaral. Ils surent exécutés après minuit: