i^c CEREMONIES, MOEURS ET COUTUMES
se»
CHAPITRE PREMIER.
De certains Devoirs, & de pîufieurs Usages permis ou désendus
far /'Alcoran.
JU s Q,.u'i c i nous sommes entrés dans un grand détail au sujct de la Religion Maho-
métane ; & nous avons fait voir principalement dans les Chapitres VII. VIII.
Se IX. de la première Partie, quels étoient les principaux Dogmes enseignés par
Mahomet à ses Sectateurs, quelles Loix il leur avoir preserites, quels devoirs il leur
tivoit imposés , ôt quelles pratiques il leur a défendues ou ordonnées dans san nouvel
Evangile. Notre dessein est de faire voir dans ce Chapitre quel est l'usage des Ma-
hométans, au sujet de quelques-unes de ces pratiques permises ou défendues par
l'Alcoran.
De Vufage du Vin & des Liqueurs fortes.
Nous remarquerons d'abord (a) qu'on trouve dans l'Alcoran quelques précep-
tes négatifs, au sujet de certains usages que le seul abus peut rendre mauvais dans
la vie, & que le scandale doit faire éviter dans la Religion. Tel est le vin ; 6c sous
ce nom il faut comprendre toutes sortes de boissons fortes ÔC capables d'enivrer,
dont l'usage paroît être défendu en plus d'un endroit de l'Alcoran j par exemple,
au Chapitre IL où Mahomet dit expressément (&) que le péché commis en buvant
du vin est beaucoup plus grand, que l'utilité qu'on en peut tirer. Il est vrai cepen-
dant que ce passage ne contient pas une défense positive, à en juger par cette ma-
nière de s'exprimer. Mais il n'en est pas de même d'un antre du Chapitre V- où
Mahomet paroît se déclarer absolument contre le vin, en le mettant au rang des
abominations qui sont des œuvres de Satan. Si malgré cela on a voulu soutenir que
l'Alcoran n'a défendu que l'excès du vin 6c des autres liqueurs fortes , l'opinion la
plus générale &. la plus consiante, surtout des Mahométans rigides, a pourtant été,
qu'il ne doit nullement (c) être permis déboire de ces liqueurs, ôc que quelque peu
qu'on en boive, on commet toujours un péché. Les Persans tiennent que le vin a
toujours été interdit. Ils prétendent aum", sélon Chardin, qu'il n'y a rien que le vin
ne souille. A l'égard des Turcs, Thevenot nous dit, que les plus scrupuleux ne
croient pas pouvoir porter sans péché un habit qui a une tache de vin. Ceux qui
ont fait le Pèlerinage de la Mecque sont ordinairement les plus scrupuleux sur l'ar-
ticle de ces boisTons : encore n'est-ce rien pour eux que de n'en point boire, sî
même on n'évite de prejsurer du raisin , de vendre ou d'acheter du vin, ou dequoi
en faire ; enfin de se servir du gain qui provient de ces ventes 8t achats. On asiure
cependant que les Mahométans ne sont pas toujours invincibles en cette occaslon,
& que tentes plus d'une fois du plaisir de boire cette agréable liqueur, ils se tirent
d'affaire, en reprochant l'infraction continuelle des préceptes de l'Evangile aux Chré-
tiens , qui leur reprochent celle qu'ils font au Musulmanisme, lorsqu'il leur arrive
de boire du vin.
On a quelquefois mis en question chez les Musulmans, Ci le Caffé ne devoit pas
être compris entre les boissons défendues, à cause , dit-on, qu'il dérègle ausîî l'ima-
gination de ceux qui en font usage. Quoiqu'il en soit, cette boisson si généralement
permise
(a) Le commencement de ce Chapitre
est en partie traduit du Discours préliminaire
de M. Sale, qui a rassèmblé avec choix pîusieurs
particularités dispersées en différens Livres qui
ne sont connus que des Sçavans.
{b) Selon la version Lat. du P. MarAcci Se
l'Angloise de M. Sale.
(c) Voie* Chardin, T. IV, p. 148.Edit. in 4.
de
se»
CHAPITRE PREMIER.
De certains Devoirs, & de pîufieurs Usages permis ou désendus
far /'Alcoran.
JU s Q,.u'i c i nous sommes entrés dans un grand détail au sujct de la Religion Maho-
métane ; & nous avons fait voir principalement dans les Chapitres VII. VIII.
Se IX. de la première Partie, quels étoient les principaux Dogmes enseignés par
Mahomet à ses Sectateurs, quelles Loix il leur avoir preserites, quels devoirs il leur
tivoit imposés , ôt quelles pratiques il leur a défendues ou ordonnées dans san nouvel
Evangile. Notre dessein est de faire voir dans ce Chapitre quel est l'usage des Ma-
hométans, au sujet de quelques-unes de ces pratiques permises ou défendues par
l'Alcoran.
De Vufage du Vin & des Liqueurs fortes.
Nous remarquerons d'abord (a) qu'on trouve dans l'Alcoran quelques précep-
tes négatifs, au sujet de certains usages que le seul abus peut rendre mauvais dans
la vie, & que le scandale doit faire éviter dans la Religion. Tel est le vin ; 6c sous
ce nom il faut comprendre toutes sortes de boissons fortes ÔC capables d'enivrer,
dont l'usage paroît être défendu en plus d'un endroit de l'Alcoran j par exemple,
au Chapitre IL où Mahomet dit expressément (&) que le péché commis en buvant
du vin est beaucoup plus grand, que l'utilité qu'on en peut tirer. Il est vrai cepen-
dant que ce passage ne contient pas une défense positive, à en juger par cette ma-
nière de s'exprimer. Mais il n'en est pas de même d'un antre du Chapitre V- où
Mahomet paroît se déclarer absolument contre le vin, en le mettant au rang des
abominations qui sont des œuvres de Satan. Si malgré cela on a voulu soutenir que
l'Alcoran n'a défendu que l'excès du vin 6c des autres liqueurs fortes , l'opinion la
plus générale &. la plus consiante, surtout des Mahométans rigides, a pourtant été,
qu'il ne doit nullement (c) être permis déboire de ces liqueurs, ôc que quelque peu
qu'on en boive, on commet toujours un péché. Les Persans tiennent que le vin a
toujours été interdit. Ils prétendent aum", sélon Chardin, qu'il n'y a rien que le vin
ne souille. A l'égard des Turcs, Thevenot nous dit, que les plus scrupuleux ne
croient pas pouvoir porter sans péché un habit qui a une tache de vin. Ceux qui
ont fait le Pèlerinage de la Mecque sont ordinairement les plus scrupuleux sur l'ar-
ticle de ces boisTons : encore n'est-ce rien pour eux que de n'en point boire, sî
même on n'évite de prejsurer du raisin , de vendre ou d'acheter du vin, ou dequoi
en faire ; enfin de se servir du gain qui provient de ces ventes 8t achats. On asiure
cependant que les Mahométans ne sont pas toujours invincibles en cette occaslon,
& que tentes plus d'une fois du plaisir de boire cette agréable liqueur, ils se tirent
d'affaire, en reprochant l'infraction continuelle des préceptes de l'Evangile aux Chré-
tiens , qui leur reprochent celle qu'ils font au Musulmanisme, lorsqu'il leur arrive
de boire du vin.
On a quelquefois mis en question chez les Musulmans, Ci le Caffé ne devoit pas
être compris entre les boissons défendues, à cause , dit-on, qu'il dérègle ausîî l'ima-
gination de ceux qui en font usage. Quoiqu'il en soit, cette boisson si généralement
permise
(a) Le commencement de ce Chapitre
est en partie traduit du Discours préliminaire
de M. Sale, qui a rassèmblé avec choix pîusieurs
particularités dispersées en différens Livres qui
ne sont connus que des Sçavans.
{b) Selon la version Lat. du P. MarAcci Se
l'Angloise de M. Sale.
(c) Voie* Chardin, T. IV, p. 148.Edit. in 4.
de