Banier, Antoine; Le Mascrier, Jean-Baptiste; Picart, Bernard [Ill.]: Histoire générale des cérémonies, moeurs et coutumes religieuses de tous les peuples du monde: représentées en 243 figures (Band 5) (Paris, 1741)

DISSERTATION
SUR
LORIGINE ET LE PROGRES
DE L'IDOLATRIE.


JE mot Idolâtrie est: Grec , &c composé de deux
autres qui lignifient Culte , & Repréfentation > soit en
Statue , ou de quelqu'autre manière. . A l'égard
du terme Idole, Tertulien prétend (a) que c'en;
un diminutif de celui d'eita? qui veut dire Image.
Quelques Sçavans tirent au contraire l'éthymolo-
gie du nom d'Idole de deux mots Grecs, dont
un lignifie Image, l'autre Douleur, conformément
au mot Hébreu Hatfabbim, qui veut dire la mê-
me chose , pour faire comprendre par là que les
Idoles sont la source de la douleur, & en même-tems des cnâtimens dont
Dieu punilïbit ceux qui s'abandonnoient à leur culte. Quoiqu'il en soit
de ces différentes opinions , il est certain que dans l'idée commune oc or-
dinaire , par le mot d'Idolâtrie, on entend le culte rendu aux Statues ôc
aux autres représentations des faillies Divinités, de par celui d'Idoles, tout
ce qui représentoit ces mêmes Dieux. Après ce préambule que nous avons
crû nécessaire , examinons quelle a été l'origine de l'Idolâtrie , en quel
tems elle a commencé, quel en a été le premier objet, & quels progrès elle
a faits dans le Monde.
I. {h) Au commencement les hommes ne servoient & n'adoroient qu'un
Dieu, Créateur, Eternel, Tout-puissant. Adam sortit immédiatement des
mains de Dieu, en conserva dans sà famille l'idée la plus pure i &; on
ne- sçauroit douter qu'elle ne se soit perpétuée dans la bouche de Seth jus-
qu'au Déluge. Il n'en fut pas de même de la famille de Caïn. Sqs des-.

(a) I^ib. de ldol. Cap. $.'

| (b) Origine de l'Idolâtrie.