32i CEREMONIES, MŒURS ET COUTUMES
leur Patrie, Ôc allèrent s'établir dans les Indes. Les Mahométans donnent le nom
de Gaures & de Guébres à ces Perses. Gaure veut dire infidèle.
Les Gaures sont aujourd'hui répandus en planeurs endroits de la Perse, principa-
lement dans le Kirman. Cette Province étant la plus mauvaise 5c la moins fertile de
toute la Perfe , les Mahométans qui ne se soucient pas d'y demeurer, y laiiTent vi-
vre les Gaures, & jouir paisiblement de l'exercice de leur Religion* Par tout ailleurs,
les Perses Mahométans les traitent avec beaucoup de mépris. On dit que rien n'est
plus admirable, que la patience avec laquelle ces Gaures supportent leur oppression.
Avant que d'entrer dans aucun détail, il faut caraclériser en gros des gens qui ne sont
pas moins fidèles à leurs dogmes parmi les Mahométans, que les Juifs à leur Reli-
gion parmi les Chrétiens.
Les Gaures vivent dans la pauvreté : leur morale est. rigide , leur manière d'agir
franche, & leur procédé sincére. Dans la pauvreté de leur état , ils conservent,
comme nous venons de le dire , un zélé étonnant pour la Religion de leurs Ancêtres.
Ils font profeiïion de n'adorer que Dieu, & témoignent beaucoup d'aversion pour
l'Idolâtrie ordinaire, c'est-à-dire, pour celle, qui paroit ne s'attacher qu'au bois & à
la pierre. Cette distin&ion est nécesîaire, à cause que les Gaures nient que leur Culte
soit Idolâtre. Cependant ils font l'exercice de leur Religion devant le feu, & en se
tournant vers le Soleil Levant : mais ils déclarent en meme-tems qu'ils n'adorent ni
l'un, ni l'autre. Dieu , disent-ils, réside particulièrement dans ces Créatures : elles
sont le symbole particulier de sa présence 5 & c'est pour cela que nous nous tournons
vers elles dans notre Culte. Ils trouvent dans le feu de cet Astre l'image de la pu-
reté divine j & quelques-uns d'eux croient que Dieu y a fixé sa 'demeure, que par
conséquent le Soleil est le véritable Paradis &. le séjour des bienheureux. Us ont pour
ZoroaJirey ou Zerdujl, la même vénération que les Juifs pour iMoïse. C'est-la un
abrégé de leur caractère & de leur Culte. Remontons à leur première origine.
Bcnas»
CHAPITRE PREMIER.
Religion des Sabéens.
LE S Sabéens dont il est ici question ne sont pas ces Chrétiens de Saint Jean dont il
a été déjà (a) parlé, quise qualifient eux-mêmes en leur Langue (b) Difciples
de S. Jean, quoi qu'ils aient conservé beaucoup d'ancien Sabéisme dans leur Religion.
Il s'agit ici de certains Sabéens, qui peut-être subiistcnt encore en quelques endroits,
& qui professent une Religion que Mahomet crut devoir mériter la tolérance, puis-
que le Prophète Arabe lui donne uneespéce de saut conduit dans son(e) y^/<wvz/z, de
même qu'au Christianisme & au Judaïsme.
Chardin dit (d) » que lesAuteurs Mahométans assurent, mais pourtant avec peu de certi-
„tude , que les Sabis Paiens*subsistent encore , &, qu'il en relie sur les rivages de
„ l'Euphrate & du Tigre 5 que leur créance &. leur Culte sont les mêmes que des
, anciens Chaldéens ; qu'ils reconnoistent un premier & suprême Etre j qu'ils prient
, Dieu trois fois le jour , sçavoir, au lever du Soleil, quand il est au Zenith, & quand
, il se couche ; qu'ils se tiennent tournés vers le Septentrion en priant ; qu'ils invo-
, quent les Astres, & particulièrement le Soleil & la Lune ; qu'ils ont trois Carê-
„ mes , un de sept jours , un de neuf, Se un de trente, &: qu'ils s'abstiennent de plu-
(<*) Dans le Volume des Cérémonies, &c. qui
contient les Grecs, &c. pag. 172. & suiv.
(*) Mtndai.Ja.bia.
(O i- Au Chap. 2. de V Alcoran il semble
<jUe Mahomet n'exclud du salut, ni les Juifs,
ni les Chrétiens , ni les Sabéens : sur quoi on
peut lire la note Angloise de Sale sur ce Cha-
pitre. 2. La même chose est répétée au Ch. 5.
3. Ils sont compris dans cet Alcoran entre les
Peuples du Livre, c'est-à-dire, qui ont une révé-
lation.
(W) Tome III. p.. 42p. Ed. in 4. de 1755:
leur Patrie, Ôc allèrent s'établir dans les Indes. Les Mahométans donnent le nom
de Gaures & de Guébres à ces Perses. Gaure veut dire infidèle.
Les Gaures sont aujourd'hui répandus en planeurs endroits de la Perse, principa-
lement dans le Kirman. Cette Province étant la plus mauvaise 5c la moins fertile de
toute la Perfe , les Mahométans qui ne se soucient pas d'y demeurer, y laiiTent vi-
vre les Gaures, & jouir paisiblement de l'exercice de leur Religion* Par tout ailleurs,
les Perses Mahométans les traitent avec beaucoup de mépris. On dit que rien n'est
plus admirable, que la patience avec laquelle ces Gaures supportent leur oppression.
Avant que d'entrer dans aucun détail, il faut caraclériser en gros des gens qui ne sont
pas moins fidèles à leurs dogmes parmi les Mahométans, que les Juifs à leur Reli-
gion parmi les Chrétiens.
Les Gaures vivent dans la pauvreté : leur morale est. rigide , leur manière d'agir
franche, & leur procédé sincére. Dans la pauvreté de leur état , ils conservent,
comme nous venons de le dire , un zélé étonnant pour la Religion de leurs Ancêtres.
Ils font profeiïion de n'adorer que Dieu, & témoignent beaucoup d'aversion pour
l'Idolâtrie ordinaire, c'est-à-dire, pour celle, qui paroit ne s'attacher qu'au bois & à
la pierre. Cette distin&ion est nécesîaire, à cause que les Gaures nient que leur Culte
soit Idolâtre. Cependant ils font l'exercice de leur Religion devant le feu, & en se
tournant vers le Soleil Levant : mais ils déclarent en meme-tems qu'ils n'adorent ni
l'un, ni l'autre. Dieu , disent-ils, réside particulièrement dans ces Créatures : elles
sont le symbole particulier de sa présence 5 & c'est pour cela que nous nous tournons
vers elles dans notre Culte. Ils trouvent dans le feu de cet Astre l'image de la pu-
reté divine j & quelques-uns d'eux croient que Dieu y a fixé sa 'demeure, que par
conséquent le Soleil est le véritable Paradis &. le séjour des bienheureux. Us ont pour
ZoroaJirey ou Zerdujl, la même vénération que les Juifs pour iMoïse. C'est-la un
abrégé de leur caractère & de leur Culte. Remontons à leur première origine.
Bcnas»
CHAPITRE PREMIER.
Religion des Sabéens.
LE S Sabéens dont il est ici question ne sont pas ces Chrétiens de Saint Jean dont il
a été déjà (a) parlé, quise qualifient eux-mêmes en leur Langue (b) Difciples
de S. Jean, quoi qu'ils aient conservé beaucoup d'ancien Sabéisme dans leur Religion.
Il s'agit ici de certains Sabéens, qui peut-être subiistcnt encore en quelques endroits,
& qui professent une Religion que Mahomet crut devoir mériter la tolérance, puis-
que le Prophète Arabe lui donne uneespéce de saut conduit dans son(e) y^/<wvz/z, de
même qu'au Christianisme & au Judaïsme.
Chardin dit (d) » que lesAuteurs Mahométans assurent, mais pourtant avec peu de certi-
„tude , que les Sabis Paiens*subsistent encore , &, qu'il en relie sur les rivages de
„ l'Euphrate & du Tigre 5 que leur créance &. leur Culte sont les mêmes que des
, anciens Chaldéens ; qu'ils reconnoistent un premier & suprême Etre j qu'ils prient
, Dieu trois fois le jour , sçavoir, au lever du Soleil, quand il est au Zenith, & quand
, il se couche ; qu'ils se tiennent tournés vers le Septentrion en priant ; qu'ils invo-
, quent les Astres, & particulièrement le Soleil & la Lune ; qu'ils ont trois Carê-
„ mes , un de sept jours , un de neuf, Se un de trente, &: qu'ils s'abstiennent de plu-
(<*) Dans le Volume des Cérémonies, &c. qui
contient les Grecs, &c. pag. 172. & suiv.
(*) Mtndai.Ja.bia.
(O i- Au Chap. 2. de V Alcoran il semble
<jUe Mahomet n'exclud du salut, ni les Juifs,
ni les Chrétiens , ni les Sabéens : sur quoi on
peut lire la note Angloise de Sale sur ce Cha-
pitre. 2. La même chose est répétée au Ch. 5.
3. Ils sont compris dans cet Alcoran entre les
Peuples du Livre, c'est-à-dire, qui ont une révé-
lation.
(W) Tome III. p.. 42p. Ed. in 4. de 1755: