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Bates, Oric [Hrsg.]
Varia Africana (Band 2) — Cambridge, Mass., 1918

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https://doi.org/10.11588/diglit.49271#0325
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A. van Gennep

visitees, sont tres fiers de cet element culturel qui les differencie de leurs voisins. L’un
m’a dit: “La poterie des Beni Medour, aucun Frangais n’en a de pareille!”
La saison etait trop avancee pour voir travailler la terre. Le plus que j’aie pu appren-
dre, c’est qu’on va la chercher assez loin et qu’on la malaxe sur un gros billot de bois qui
est dans la cour de la maison, en ayant soin d’en retirer a mesure toutes les impuretes.
Toutes les femmes, et souvent les petits gargons, aident a cette operation.
La fagonnage se fait aussi dans la cour. C’est le role de la mere du mari ou de la
femme en premier de fagonner les poteries. Le fagonnage se fait toujours a la main: le
tour est absolument inconnu. Mais on utilise comme tournette une sorte de petit plateau,
identique a celui que j’ai trouve ensuite sur les confins algero-marocains, a Nedroma.26
C’est une galette faite de bouse de vache, de paille hachee et d’argile intimement malaxees
puis sechees au soleil. Ce plateau est assez fortement convexe a la partie inferieure et un
peu concave a la partie superieure, de sorte que 1’adherence de 1’argile est parfaite et que le
tout peut tourner sous 1’impulsion legere des doigts. D’autres femmes emploient dans
le meme but un petit plat ou un fragment de grand plat, ce qui correspond au mode de la
Kabylie centrale. Le plateau en bouse de vache est nettement distinct du plateau en
terre blanche qui est en usage a Sidi Aich et qu’on fait tourner avec 1’orteil du pied droit.27
Pour faire une cruche ou une tasse, on met sur le plateau un bloc de terre qu’on creuse
avec le poing pour faire le fond; puis on dispose tout autour un tres gros boudin. Si le
boudin est trop long pour la circonference, on le coupe. Il rfeulte des questions posees que
les femmes savent par habitude la quantity de terre necessaire pour obtenir un objet de-
termine sans avoir besoin de raj outer d’autre terre. Si ce cas se presente, elles ajoutent
un morceau pris du bout des doigts, mais jamais un nouveau boudin. Et jamais non plus
elles ne font un objet en enroulant un long boudin mince en spirale. C’est done le procede
de fagonnage du type VI de mon classement.28
Avec les doigts allonges, on 6tire la terre vers le haut, tout en faisant tourner le plateau
ou le tesson. Des que la hauteur d^passe la longueur des doigts, on appliques la main
gauche a 1’interieur et avec la main droite, on pousse la terre vers le haut au moyen d’une
planchette en bois appelee afegroun. Cette planchette permet d’egaliser 1’epaisseur sur
tout le pourtour et sur toute la hauteur du vase. On la mouille de temps en temps dans
une tasse ou se trouve de 1’argile dclayde, qui sert de barbotine. Pour les plats, on emploie
1’afegroun des le debut, afin de faire lisse la partie interieure. D’autres raclent avec un
couteau.
26 Voir plus loin pl. VI, fig. 1.
27 Etudes d’ethnogr. alg., p. 28-29 et fig. 9.

28 Ibid., p. 19-24.
 
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