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A. van Gennep
surtout au point de vue agricole, de 1’Algerie. Leurs debouches sont, selon la direction
des vallees, la grande plaine du Chelif ou la mer, qui offre beaucoup d’anses ou se sont
etablis des 1’aurore de 1’epoque historique un grand nombre de petits ports que 1’occu-
pation romaine developpa, mais que la conquete arabe puis turque fit pericliter: Cherchel,
Gouraya, Tenes, et bien d’autres.
J’ai reussi a obtenir des renseignements nouveaux et abondants sur les poteries peintes
de cette longue region, notamment pour les deux extremites du massif. Mais il doit cer-
tainement exister d’autres centres de fabrication et d’autres types de decors. Il parait en
effet presque impossible, etant donne 1’aspect du massif entier et 1’isolement reciproque des'
diverses tribus qui 1’habitent, que la poterie peinte ne se fasse que dans les massifs secon-
daires situes aux extremites, a savoir le massif du Zaccar et celui du Gourin d’une part, et
celui des Mediouna de 1’autre.
Poteries du Zaccar dites de Miliana. A Miliana meme, situee contre les pentes du
Zaccar, on ne fait plus de poterie indigene depuis longtemps. Mais les tribus berberes
islamisees qui vivent alentour, notamment les Rhirha de la region de Margueritte, en font
toujours encore, ainsi que les Beni Menacer qui habitent le petit massif qui va de Miliana a
Cherchel. C’est de ces deux groupes de tribus que proviennent celles du Musee d’Alger
qui sont etiquetees “Miliana.”
N’ayant pu aller dans le pays, je dois me contenter des renseignements fragmentaires
obtenus d’indigenes originaires de ces regions. Les poteries sont faites par les femmes
uniquement, et a la main. Leur pate est toujours rougeatre et assez fine. Les decors sont
noirs et rouges, ou seulement rouges, mais rarement seulement noirs. On ne met aucun
engobe; mais avant la cuisson on enduit les poteries, lissees avec soin et peintes du decor
voulu, d’une couche resineuse qui tient tres bien et qui avive les couleurs des dessins, etant
tres translucide.
L’examen des poteries d’Alger et du pot (pl. IV, nos. 15 et 16), provenant de cette
region que j’ai acquis d’un Algerois dont le grand-pere, originaire du Zaccar, 1’avait apporte
en venant s’etablir en ville, fournit quelques elements de differentiation assez nets. Le
caractere fondamental est la finesse des traits de pinceau (fig. 15, II). Il est visible sur les
originaux que pour obtenir des raies plus larges on n’a pas employe un pinceau epais, mais
qu’on a repasse plusieurs fois avec le meme pinceau fin. En outre, les depassements de ce
pinceau fin aux points de rencontre avec des lignes obliques ou perpendiculaires sont nets et
permettent de reconnaitre qu’il doit etre tres elastique. Il parait que les potieres de cette
region etaient tres fieres de la finesse de leurs decors. Le petit pot a mamelons, ici reproduit,
est un bon exemple de travail soigne tel qu’on le faisait aux debuts de 1’occupation
frangaise.
Le noir et le rouge sont d’une couleur tres vive. Ils seraient obtenus avec des terres
A. van Gennep
surtout au point de vue agricole, de 1’Algerie. Leurs debouches sont, selon la direction
des vallees, la grande plaine du Chelif ou la mer, qui offre beaucoup d’anses ou se sont
etablis des 1’aurore de 1’epoque historique un grand nombre de petits ports que 1’occu-
pation romaine developpa, mais que la conquete arabe puis turque fit pericliter: Cherchel,
Gouraya, Tenes, et bien d’autres.
J’ai reussi a obtenir des renseignements nouveaux et abondants sur les poteries peintes
de cette longue region, notamment pour les deux extremites du massif. Mais il doit cer-
tainement exister d’autres centres de fabrication et d’autres types de decors. Il parait en
effet presque impossible, etant donne 1’aspect du massif entier et 1’isolement reciproque des'
diverses tribus qui 1’habitent, que la poterie peinte ne se fasse que dans les massifs secon-
daires situes aux extremites, a savoir le massif du Zaccar et celui du Gourin d’une part, et
celui des Mediouna de 1’autre.
Poteries du Zaccar dites de Miliana. A Miliana meme, situee contre les pentes du
Zaccar, on ne fait plus de poterie indigene depuis longtemps. Mais les tribus berberes
islamisees qui vivent alentour, notamment les Rhirha de la region de Margueritte, en font
toujours encore, ainsi que les Beni Menacer qui habitent le petit massif qui va de Miliana a
Cherchel. C’est de ces deux groupes de tribus que proviennent celles du Musee d’Alger
qui sont etiquetees “Miliana.”
N’ayant pu aller dans le pays, je dois me contenter des renseignements fragmentaires
obtenus d’indigenes originaires de ces regions. Les poteries sont faites par les femmes
uniquement, et a la main. Leur pate est toujours rougeatre et assez fine. Les decors sont
noirs et rouges, ou seulement rouges, mais rarement seulement noirs. On ne met aucun
engobe; mais avant la cuisson on enduit les poteries, lissees avec soin et peintes du decor
voulu, d’une couche resineuse qui tient tres bien et qui avive les couleurs des dessins, etant
tres translucide.
L’examen des poteries d’Alger et du pot (pl. IV, nos. 15 et 16), provenant de cette
region que j’ai acquis d’un Algerois dont le grand-pere, originaire du Zaccar, 1’avait apporte
en venant s’etablir en ville, fournit quelques elements de differentiation assez nets. Le
caractere fondamental est la finesse des traits de pinceau (fig. 15, II). Il est visible sur les
originaux que pour obtenir des raies plus larges on n’a pas employe un pinceau epais, mais
qu’on a repasse plusieurs fois avec le meme pinceau fin. En outre, les depassements de ce
pinceau fin aux points de rencontre avec des lignes obliques ou perpendiculaires sont nets et
permettent de reconnaitre qu’il doit etre tres elastique. Il parait que les potieres de cette
region etaient tres fieres de la finesse de leurs decors. Le petit pot a mamelons, ici reproduit,
est un bon exemple de travail soigne tel qu’on le faisait aux debuts de 1’occupation
frangaise.
Le noir et le rouge sont d’une couleur tres vive. Ils seraient obtenus avec des terres