4 VOYAGE EN ESPAGNE.
considérés comme gentilshommes. Ainsi, du temps de Philippe V, un
hidalgo, signant son contrat de mariage, écrivait : « Noble comme le
roi, et encore, encore1....»
Les femmes, non moins robustes et plus agiles que les hommes, se
livrent aux mêmes travaux. Nubiles à quatorze ans, elles se marient
huit ou dix ans plus tard, deviennent alors très-fortes et jouissent d'une
excellente santé. Généralement les paysannes, les servantes marchent
pieds nus, excepté le dimanche; mais pour peu qu'une femme soit dans
l'aisance elle porte des bas toute la semaine. Cheveux peignés avec soin,
tressés et flottant sur les épaules; tête couverte, soit par la montera,
chapeau de feutre, soit par un mouchoir de mousseline dont les extré-
mités retombent en arrière , ou dont les angles forment trois cornes
au-dessus des oreilles et du front; corsage pincé, juste à la taille, avec
manches étroites et jupe assez ample, mais courte; vêtements ordinai-
rement blancs le dimanche et garnis de rubans roses ou bleus, voilà le
costume actuel de la campagnarde du pays basque.
L'homme affectionne le béret bleu pour coiffure; la ceinture rouge,
le gilet de couleur tranchée, le pantalon à raies, et préfère aux souliers
de cuir les espartilles à semelle de chanvre. On rencontre çà et là
quelques reclecillas enveloppant les cheveux, quelques bonnets de feutre
pointus, la culotte courte ainsi que les guêtres de cuir tradition-
nelles; mais chaque jour ce dernier costume devient moins commun,
et généralement le paysan coupe assez court sa chevelure qu'il portait
jadis très-longue.
Agriculteur dans les campagnes, industriel dans les villes, pêcheur
et marin sur les côtes, le Basque mène une existence très-occupée en
même temps qu'agréable. Son esprit lui suggère des distractions in-
stantanées. Chaque village ayant au moins un poëte, un chef de chœur,
constamment au lever de l'aurore , au déclin du jour, des chants mélo-
dieux retentissent à travers les vallées des monts Cantabres. Il y a peu
de repas ordinaires , peu d'intervalles de repos qui ne soient marqués
par des chants souvent improvisés. Ce sont des récitatifs mêlés de cou-
plets, genre de composition auquel la langue s'accommode à merveille,
1 Don ..., noble como el rey, e aun... aun.
considérés comme gentilshommes. Ainsi, du temps de Philippe V, un
hidalgo, signant son contrat de mariage, écrivait : « Noble comme le
roi, et encore, encore1....»
Les femmes, non moins robustes et plus agiles que les hommes, se
livrent aux mêmes travaux. Nubiles à quatorze ans, elles se marient
huit ou dix ans plus tard, deviennent alors très-fortes et jouissent d'une
excellente santé. Généralement les paysannes, les servantes marchent
pieds nus, excepté le dimanche; mais pour peu qu'une femme soit dans
l'aisance elle porte des bas toute la semaine. Cheveux peignés avec soin,
tressés et flottant sur les épaules; tête couverte, soit par la montera,
chapeau de feutre, soit par un mouchoir de mousseline dont les extré-
mités retombent en arrière , ou dont les angles forment trois cornes
au-dessus des oreilles et du front; corsage pincé, juste à la taille, avec
manches étroites et jupe assez ample, mais courte; vêtements ordinai-
rement blancs le dimanche et garnis de rubans roses ou bleus, voilà le
costume actuel de la campagnarde du pays basque.
L'homme affectionne le béret bleu pour coiffure; la ceinture rouge,
le gilet de couleur tranchée, le pantalon à raies, et préfère aux souliers
de cuir les espartilles à semelle de chanvre. On rencontre çà et là
quelques reclecillas enveloppant les cheveux, quelques bonnets de feutre
pointus, la culotte courte ainsi que les guêtres de cuir tradition-
nelles; mais chaque jour ce dernier costume devient moins commun,
et généralement le paysan coupe assez court sa chevelure qu'il portait
jadis très-longue.
Agriculteur dans les campagnes, industriel dans les villes, pêcheur
et marin sur les côtes, le Basque mène une existence très-occupée en
même temps qu'agréable. Son esprit lui suggère des distractions in-
stantanées. Chaque village ayant au moins un poëte, un chef de chœur,
constamment au lever de l'aurore , au déclin du jour, des chants mélo-
dieux retentissent à travers les vallées des monts Cantabres. Il y a peu
de repas ordinaires , peu d'intervalles de repos qui ne soient marqués
par des chants souvent improvisés. Ce sont des récitatifs mêlés de cou-
plets, genre de composition auquel la langue s'accommode à merveille,
1 Don ..., noble como el rey, e aun... aun.