Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0109
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LE DESERT. 81
semble harmonieux d'une Adoration clans la crèche, surmontée d'un
Calvaire , qui décore une grande stalle n° 29, et que nous n'hésiterons
pas d'attribuer au même artiste; malheureusement les attaches, la mai-
greur du Christ, jurent avec les autres parties du bas-relief, qui sans
cela pourrait être regardé comme un chef-d'œuvre. Juan de Juni, dont
les productions abondent au musée deValladolid, était un grand maître;
on le voit toujours capable d'exprimer ce qu'il veut, l'exécuter d'une
manière large et ferme, copier la nature en anatomiste consommé, mais
forcer les attitudes, brusquer les contours et tomber dans l'exagération.
Avec lui l'art descend vers sa décadence, tandis qu'avec Hernandez il
se débat contre l'envahissement du mauvais goût et demeure fièrement
assis sur le trépied posé des mains de Michel-Ange. Je regarde Her-
nandez comme un des plus grands sculpteurs de l'Espagne.
On ne saurait étudier d'une manière trop attentive les sculptures du
musée de Valladolid, parce qu'elles serviront de points de départ et
d'objets de comparaison entre les œuvres si diverses qui peuplent les
églises de la Péninsule; mais on ne s'arrêtera que devant quinze ou
vingt toiles, et encore!...
La bibliothèque n'offre rien de très-intéressant, ni de très-vieux,
car les manuscrits de Diego Sarmiento de Acuîïa, qu'avaient épargnés
les vers et l'humidité, ont été consumés par le feu des Vandales mo-
dernes; et les livres des couvents se sont presque tous égarés de la
route qu'ils devaient suivre. Quinze mille volumes composent cette
collection; chiffre bien minime pour une ville universitaire, mais plus
que suffisant relativement à l'affluence des lecteurs.
En qualifiant Valladolid du titre de ville littéraire, je n'ai jamais pré-
tendu dire que ce fût une ville lettrée, malgré ses quatorze libraires,
ses nombreux encuadernaclores (relieurs), sa légion d'élèves et son
professorat académique; car les professeurs parlent dans le vide; les
élèves, mal logés, mal nourris , mal disciplinés, vont à la chasse; les
encuadernaclores habillent des ouvrages qu'on ne lit pas, et les libraires
mourraient de faim s'ils n'avaient pas la vente des images et des livres
d'église. Ici les enseignes, les inscriptions monumentales sont criblées
de fautes, et malgré l'admiration tardive que les Valladolidiens vien-
nent de témoigner pour Cervantès, dont le grand nom patronne un café

11
 
Annotationen