VOYAGE EN ESPAGNE.
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conquête de Séville, saluée du titre de C^alib, conquérant, avait répondu:
« Il n'y a de conquérant que Dieu (Galib ile Allah), » et cette expression de
modestie, devenue sa devise, couvrit les murailles du palais achevé
par Mohammed III (1314). Au nombre des merveilles de l'édifice, on
cite le patio de los Arrayenes ou de la Barca; le cuarto de la Sultana;
la galerie qui conduit à la Tour de Comares; la mosquée avec son Mihab
ou sanctuaire sacré du Coran, convertie en chapelle catholique; la salle
des Ambassadeurs, encore peinte et dorée; la tocador ou chambre de
toilette de la Reine; les bains avec leurs accessoires; la fameuse cour
des Lions, chef-d'œuvre d'architecture mauresque, ornée de colonnes
en marbre et d'une fontaine centrale avec bassin d'albâtre supporté par
douze lions qui ne font certes pas le moindre honneur à la sculpture
musulmane ; puis, autour de cette enceinte , différentes salles devenues
historiques, la salle des Abencerrages, la salle de la Justice et la salle
des Deux-Sœurs. Cette dernière, ainsi que les chambres à coucher con-
tiguës, sont admirables d'ornementation , de richesse et de bon goût.
En voyageur a comparé leurs colonnes à des blocs de perles d'où ruis-
selle une éblouissante lumière. La jolie fenêtre donnant sur le patio de
Linderaja formait, avec son embrasure, le boudoir de la sultane. Pour
le décorer, les arts et la poésie semblent avoir rivalisé d'imagination.
Entre autres inscriptions arabes, nous avons traduit celle-ci : «Dieu soit
loué! les doigts de l'artiste, après avoir incrusté les diamants de mon
diadème, ont délicatement brodé ma robe. Le peuple me compare au
trône d'une fiancée; mais je l'emporte bien sur lui, car je puis garantir
le bonheur de ceux qui me possèdent. Si quelque personne altérée s'ap-
proche de moi , elle recevra aussitôt une eau fraîche, limpide , douce et
pure.»
La grande mosquée de l'Alhambra , construite en 1308, par Moham-
med III, se trouvait près du couvent de San-Geronimo. Elle passait pour
une merveille. La guerre de la Péninsule consomma sa ruine. Diverses
tours, la Torre del Candil, la Torre de las Cautivas, la Torre de la Agita,
joignant un aqueduc qui traverse le ravin pour distribuer l'eau dans
toute la montagne, présentent des restes fort curieux d'architecture mi-
litaire. Ces tours complètent la physionomie délabrée de l'Alhambra,
dont la forme générale est celle d'un piano à queue ayant sa pointe
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conquête de Séville, saluée du titre de C^alib, conquérant, avait répondu:
« Il n'y a de conquérant que Dieu (Galib ile Allah), » et cette expression de
modestie, devenue sa devise, couvrit les murailles du palais achevé
par Mohammed III (1314). Au nombre des merveilles de l'édifice, on
cite le patio de los Arrayenes ou de la Barca; le cuarto de la Sultana;
la galerie qui conduit à la Tour de Comares; la mosquée avec son Mihab
ou sanctuaire sacré du Coran, convertie en chapelle catholique; la salle
des Ambassadeurs, encore peinte et dorée; la tocador ou chambre de
toilette de la Reine; les bains avec leurs accessoires; la fameuse cour
des Lions, chef-d'œuvre d'architecture mauresque, ornée de colonnes
en marbre et d'une fontaine centrale avec bassin d'albâtre supporté par
douze lions qui ne font certes pas le moindre honneur à la sculpture
musulmane ; puis, autour de cette enceinte , différentes salles devenues
historiques, la salle des Abencerrages, la salle de la Justice et la salle
des Deux-Sœurs. Cette dernière, ainsi que les chambres à coucher con-
tiguës, sont admirables d'ornementation , de richesse et de bon goût.
En voyageur a comparé leurs colonnes à des blocs de perles d'où ruis-
selle une éblouissante lumière. La jolie fenêtre donnant sur le patio de
Linderaja formait, avec son embrasure, le boudoir de la sultane. Pour
le décorer, les arts et la poésie semblent avoir rivalisé d'imagination.
Entre autres inscriptions arabes, nous avons traduit celle-ci : «Dieu soit
loué! les doigts de l'artiste, après avoir incrusté les diamants de mon
diadème, ont délicatement brodé ma robe. Le peuple me compare au
trône d'une fiancée; mais je l'emporte bien sur lui, car je puis garantir
le bonheur de ceux qui me possèdent. Si quelque personne altérée s'ap-
proche de moi , elle recevra aussitôt une eau fraîche, limpide , douce et
pure.»
La grande mosquée de l'Alhambra , construite en 1308, par Moham-
med III, se trouvait près du couvent de San-Geronimo. Elle passait pour
une merveille. La guerre de la Péninsule consomma sa ruine. Diverses
tours, la Torre del Candil, la Torre de las Cautivas, la Torre de la Agita,
joignant un aqueduc qui traverse le ravin pour distribuer l'eau dans
toute la montagne, présentent des restes fort curieux d'architecture mi-
litaire. Ces tours complètent la physionomie délabrée de l'Alhambra,
dont la forme générale est celle d'un piano à queue ayant sa pointe