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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0413
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PROMENADES ET LIEUX DE PLAISANCE. 359
longues avenues de la Florida, ancien ermitage, dont le domaine
devint, sous Charles III, une maison de plaisance extrêmement fré-
quentée de l'aristocratie madrilénienne. On n'y va presque plus, excepté
le 12 et le 13 juin, anniversaire de la fête de saint Antoine de Padoue,
patron du vieil ermitage; preuve nouvelle que les choses mondaines
passent et qu'aux pompes de la terre survivent les pompes de la religion
et du ciel.
La promenade de la Vierge du Port, Virgen del Puerto, commençant
au port de Ségovie, finissant à la porte de San-Vicente; les avenues qui
vont de la porte de Bilbao à Chambéri, ou sur la route de France; la
promenade des Mélancoliques, depuis le pont de Tolède jusqu'au pont
de Ségovie, sont autant d'allées presque solitaires, animées par inter-
valles, à certaines heures, à certains jours, mais n'offrant presque
jamais le mouvement et la vie que comporte la proximité d'une capitale.
Les places de Madrid, presque toutes plantées d'arbres; les princi-
pales rues, telles que les rues d'Alcala, de San-Geronimo, d'Atocha, de
Carretas, la rue Royale, la rue de Tolède, ayant toutes de larges trottoirs
en bitume, des magasins et des cafés qui se rapprochent insensiblement
du genre parisien, forment aussi de véritables promenades. Rien n'est di-
vertissant et curieux comme de suivre, le long des maisons, la littérature
en plein vent qu'offrent les enseignes. Celles de Madrid, presque toutes
hyperboliques, dépeignent, d'une manière fort exacte, le caractère de la
capitale des Espagnes : ici le plus sale barbier se dit professeur en
chirurgie, artiste en accouchement; d'autres indiquent le chiffre de
leurs années d'études, la date de leur réception; un maréchal ferrant
se qualifie professeur en l'art vétérinaire. On ne rencontre sur son
chemin que despachos de vino, débits de vin; estancos nacionales,
débits de tabac; almacenes, tiendas, et petits écriteaux de location
appendus à l'angle des balcons. Le matin, j'allais très-volontiers de la
puerta del Sol à la rue de Tolède, ou vers la porte de Bilbao par la
rue Montera, assuré de rencontrer, chemin faisant, une foule de types
villageois, dont l'étude ne peut-être que d'un puissant intérêt pour
l'observateur. Dans le premier de ces deux trajets, je suivais la calle
Mayor, et passant sous ses arcades, montant une rampe d'escaliers, je
me trouvais au milieu de la plaza Mayor, reconstruite en 1672 et 1790
 
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