ïf4 HISTOIRE DES GRANDS
4. Long-tems depuis la même penfée tomba en l’efprit d’Auguftc
Ceiar , iequel ayant vaincu Lepidus ôc Marc-Antoine , ôc réduit tou-
te la puiflànce Romaine fous la domination de fon Empire , fe voyant
en pleine paix , ferma le Temple de Janus, pour figne dïme tranqui-
lité univerielle par tout le Monde. Mais ayant fur ies bras grand nom-
bre de Legions deftinées à la garde de fes frontieres , afin que ies foi-
dats , dont elles étoient compofées, ■ ne vinflent à fe corrompre au
calme d’une fi profonde paix , comrne fait une eau croupiflànte : ôc
pour empêcher que i’oifiveté ne leur donnât occafion d’exciter des
leditions à l’encontre de ceux qui leur commandoient, ii s’avifa de
leur donner force exercice , ôc les mettre tous à faire des Grands Che-
mins de i’un des bouts de fon Empire à i’autre : empioyant les mêmes
mains, avec lefqueiies ii avoit dompté ies hommes , à dompter les
Monts & les Rochers , ôc furmonter mille difficultez qui ne ië pou-
voient vaincre , finon par ceux qui avoient auparavant vaincu tout
le Monde.
f. Encore fut-il neceflàire de joindre à ce travail les vaincus avec Ies
vainqueurs : ôc d’y embefogner les Peuples de chacune Province avec
ies Soldats Legionnaires, pour venir à bout de cet ouvrage : qui dc
tous les ouvrages faits de main d’homme , eit ( fans difficulté ) le plus
grand ôc ie pius admirable. Par ce moyen Augufle fit une œuvre trés-
utile à fon Empire , ôc à tout le genre humain : ôc évita de grands
maux, qui pouvoient fourdre des féditions que l’oifiveté fait naîtrepar-
my les Armées Ôc les Peupies oififs. C’efl: pourquoy Tacite dit, que
teis ôc fembiabîes ouvrages fe font, partie par neceflité , ôc partie pour
SJk i.&n- exterminer l’oifiveté hors des camps militaires : Ex necejjîtate , aut ad-
ntil, verfus otium cafirorum. A quoy vife ie témoignage d’Ifidore , déja par
nous empioyé en autre endroit : où ii dit que ceux de Carthage font
les premiers inventeurs des Voyes pavées : ôc que les Romains à leur
imitation en ont fait paver quafi tout le Monde , pour rédrefler les
chemins , ÔC pour empêcher que îa populace des Provinces Romaines
Zîb. ij, ne moifîft en oifiveté. Pofleà Romani per omnem penc Qrbem difpoj'uerunt^
$rig. c(tp. propter reftitudinem itinerum , & ne Plebs ejfet otiofa.
trift
4. Long-tems depuis la même penfée tomba en l’efprit d’Auguftc
Ceiar , iequel ayant vaincu Lepidus ôc Marc-Antoine , ôc réduit tou-
te la puiflànce Romaine fous la domination de fon Empire , fe voyant
en pleine paix , ferma le Temple de Janus, pour figne dïme tranqui-
lité univerielle par tout le Monde. Mais ayant fur ies bras grand nom-
bre de Legions deftinées à la garde de fes frontieres , afin que ies foi-
dats , dont elles étoient compofées, ■ ne vinflent à fe corrompre au
calme d’une fi profonde paix , comrne fait une eau croupiflànte : ôc
pour empêcher que i’oifiveté ne leur donnât occafion d’exciter des
leditions à l’encontre de ceux qui leur commandoient, ii s’avifa de
leur donner force exercice , ôc les mettre tous à faire des Grands Che-
mins de i’un des bouts de fon Empire à i’autre : empioyant les mêmes
mains, avec lefqueiies ii avoit dompté ies hommes , à dompter les
Monts & les Rochers , ôc furmonter mille difficultez qui ne ië pou-
voient vaincre , finon par ceux qui avoient auparavant vaincu tout
le Monde.
f. Encore fut-il neceflàire de joindre à ce travail les vaincus avec Ies
vainqueurs : ôc d’y embefogner les Peuples de chacune Province avec
ies Soldats Legionnaires, pour venir à bout de cet ouvrage : qui dc
tous les ouvrages faits de main d’homme , eit ( fans difficulté ) le plus
grand ôc ie pius admirable. Par ce moyen Augufle fit une œuvre trés-
utile à fon Empire , ôc à tout le genre humain : ôc évita de grands
maux, qui pouvoient fourdre des féditions que l’oifiveté fait naîtrepar-
my les Armées Ôc les Peupies oififs. C’efl: pourquoy Tacite dit, que
teis ôc fembiabîes ouvrages fe font, partie par neceflité , ôc partie pour
SJk i.&n- exterminer l’oifiveté hors des camps militaires : Ex necejjîtate , aut ad-
ntil, verfus otium cafirorum. A quoy vife ie témoignage d’Ifidore , déja par
nous empioyé en autre endroit : où ii dit que ceux de Carthage font
les premiers inventeurs des Voyes pavées : ôc que les Romains à leur
imitation en ont fait paver quafi tout le Monde , pour rédrefler les
chemins , ÔC pour empêcher que îa populace des Provinces Romaines
Zîb. ij, ne moifîft en oifiveté. Pofleà Romani per omnem penc Qrbem difpoj'uerunt^
$rig. c(tp. propter reftitudinem itinerum , & ne Plebs ejfet otiofa.
trift