ŚREDNIOWIECZNE EMALIE Z LIMOGES W ZBIORACH KRAKOWSKICH
reliure d'un missel du XIIIe siacie qui se trouve dans le De-
partement de manuserits des Colleetions Czartoryski (fig. 4),
est une excellente illustration du changement du type de la
decoration avec un fond couvert des lors d'email bleu et de
rosaces colorees; sur ce fond des figures reservees sont placóes.
On remarque une ressemblance nette entre cotte plaque et
la reliure d'un Evangeliaire de la collection de Giannalis
Feltrinelli de Genóve, attribuóe au Maitre G. Alpais (fig. 5),
ce qui pormet de suggerer 1'hypothese qu'elle a ete exócutóe
dans le meme atelier et de la dater d'environ 1190. Un aussi
haut niveau caractórise ógalement une plaque du dóbut du
XIIIe siócle, en formo de mandorle avee le Christ trónant
(fig. 6), montóe dans un fond du XIXe siecle avec lequel elle
eonstitue la reliure d'un manuscrit du XIVe siecle De Officiis
de Ciceron (Dópartement de manuserits des Colleetions
Czartoryski). La plaque a ete sans doute rognóe, ótant a l'ori-
gine rectangulaire. Ses angles ótaient probablement dócores
d'effigies des quatre óvangólistes qui avee le Christ bónissant
au milieu formaient la reprósentation do Maiestas Domini.
Une effigie du Christ analogue se trouve sur l'avers d'un
eoffret eucharistique du Musee Munieipal de Limogos (fig. 7).
La eroix du trósor de 1'eglise Corpus Christi (fig. 8, 9) peut
etre datee du debut du XIIIe siecle: elle fut soit apportee
5 Craeovie par les ehanoines reguliers qui, en 1405, y vinrent
de Kłodzko en Silesie, soit elle se trouvait a Craeovie avant
eette date et fut ensuite offerte aux moines nouveaux venus.
La figurine du Christ, placee sur eette eroix, rappelle eelle
du Christ de la reliure de l'óvangeliaire de la eolleetion de
Giannalis Feltrinelli, mentionnee ei-dessus, ainsi que eelle
du Christ de la plaque centrale de la eroix du Musee de Cluny
(fig. 10). La eroix de 1'eglise Corpus Christi n'est pas mal-
heureusement conservee tout entiere, et les plaque qui exis-
tent ont ete mal appliqueos au bois. On observe un phenomene
analogue par rapport a la croix dite de Szczepankowo (fig. 11)
qui montre eertaines ressemblanees avee la croix de la col-
lection de Paul Thoby de Nantes (fig. 13). La plaque centrale
de la croix d'Albigowa (fig. 14) peut etre attribuee a 1'atelier
d'oh sont sorties deux croix de la premiere dócennie du XIIIe
siecle se trouvant en Suede dans une eglise d'Arla (fig. 15)
et a l'Universitets Historiska Museum de Lund. L'analyse
detaillee de la croix des Colleetions Czartoryski (fig. 16)
prouve que probablement au XIXe siecle elle a ete composee
de deux croix, executees dans la meme póriode c'est-a-dire
au 2e quart du XIIIe siecle. La plaque centrale provient de
l'une des croix et les plaques sur les deux bouts de la traverse
de 1'autre. L'apparence do la figure du Christ et du titre de la
plaque centrale de la croix exposee au tresor de la Couronne
au Musee du Wawel (fig. 18) suggere que la croix est un faux
du XIXe siecle. Le reliquaire des Colleetions Czartoryski
(fig. 19) montre 1'ótape suivante du developpement de la de-
coration oh sur un fond bleu il y a un rinceau róservó. Une
dócoration analogue, des módaillons a demi-figures d'anges,
permet d'attribuer cet objet d'art a 1'atelier oh l'on a execute un
reliquaire do 1'eglise d'Ullanger de Suede de la 2e moitie du
XIIIe siecle (fig. 20). L'unique crosse de Limoges, qui se
trouve a Cracovie dans les Colleetions Czartoryski, appartient
au groupe de erosses dont la volute a la forme de serpent est
remplie de representations figurees et date d'environ 1270
(fig. 21). La erosse de 1'Ermitage (fig. 22) lui ressemble beau-
coup, et le meme motif enferme dans la volute, le lion que
le serpent tient par la queue, dócore une crosse de la collection
d'Eugene Dutuit (fig. 23). Deux reliures des livres liturgiques,
conservóes dans les Colleetions Czartoryski, sont dignes d'un
interet partieulier. Ellos ont etó faitos de fragments authen-
tiques au XIXe sieele, selon le modele módióval. La premiero
fait partie du groupe a fonds d'ótoiles (fig. 24); jusqu'a nos
jours elle a ete prise pour l'oeuvre homog^ne. Cependant une
analyse dótaillee prouve quo les plaques dans les angles de la
reliure, la eroix et les grands caboehons au-dessus de la tra-
verse de la croix ont óte probablement exócutes au XIXe
siecle. Les autres 616ments: la figure du Christ (analogue
a la figurine de 1'eglise de Kestad en Suede, fig. 25) et celles
des Saints Temoins, ainsi que le fond et la bordure (los angles
exceptes) peuvent etre dates de 1260 a 1270; on peut los
prendre pour le travail du meme atelier. Par contre la reliure
d'un Evangóliaire du XIe siecle dit Codex Aureus Pultoriensis
(fig. 26) est composee d'elements qui ont ete appliques a un
fond du XIXe siecle et dont les styles different les uns des
autres. La croix et les angles de la bordure datent de la meme
periode. Les autres ólements sont des produits de Limoges
authentiques, mais ils proviennent des objets divers. Les
fragments de la bordure avec les demi-figures d'anges datent
du milieu du XIIIe sibele. La figurine du Christ a ete executee
un peu plus tard, au 3e quart du XIIIe siecle, probablement
dans le meme atelier que la figure du Christ de 1'eglise de
Reversjó en Su5de (fig. 27). C'est du 4e quart du XIIIe siecle
qu'on peut dater la figurine de Marie et celles de St Pierre
et des saints non identifies, placees 5 , l'oppose du scheme
iconographique, et qui d'ailleurs montrent un niveau d'exe-
cution tres bas.
La collection d'emaux de Limoges, conservee a Cracovie,
est non seulement la plus riche de Pologne, mais elle est aussi
l'une des plus importantes de 1'Europe tant pour son nombre
que pour son niveau artistique. Notre collection qui comprend
24 pióces eonstitue la moitie de la quantite d'objets d'art de ce
type se trouvant en Hongrie, et elle depasse d'environ neuf
pióces les colleetions de Tehecoslovaquie. Cracovie est donc
la ville oh l'on a rassemble une quantite d'emaux limousins
extraordinaire 4 1'óchelle de 1'Europe centrale bien que sans
doute elle ne eonstitue qu'un pourcentage minime des collee-
tions mondiales.
Traduit par Krystyna Jachieć
reliure d'un missel du XIIIe siacie qui se trouve dans le De-
partement de manuserits des Colleetions Czartoryski (fig. 4),
est une excellente illustration du changement du type de la
decoration avec un fond couvert des lors d'email bleu et de
rosaces colorees; sur ce fond des figures reservees sont placóes.
On remarque une ressemblance nette entre cotte plaque et
la reliure d'un Evangeliaire de la collection de Giannalis
Feltrinelli de Genóve, attribuóe au Maitre G. Alpais (fig. 5),
ce qui pormet de suggerer 1'hypothese qu'elle a ete exócutóe
dans le meme atelier et de la dater d'environ 1190. Un aussi
haut niveau caractórise ógalement une plaque du dóbut du
XIIIe siócle, en formo de mandorle avee le Christ trónant
(fig. 6), montóe dans un fond du XIXe siecle avec lequel elle
eonstitue la reliure d'un manuscrit du XIVe siecle De Officiis
de Ciceron (Dópartement de manuserits des Colleetions
Czartoryski). La plaque a ete sans doute rognóe, ótant a l'ori-
gine rectangulaire. Ses angles ótaient probablement dócores
d'effigies des quatre óvangólistes qui avee le Christ bónissant
au milieu formaient la reprósentation do Maiestas Domini.
Une effigie du Christ analogue se trouve sur l'avers d'un
eoffret eucharistique du Musee Munieipal de Limogos (fig. 7).
La eroix du trósor de 1'eglise Corpus Christi (fig. 8, 9) peut
etre datee du debut du XIIIe siecle: elle fut soit apportee
5 Craeovie par les ehanoines reguliers qui, en 1405, y vinrent
de Kłodzko en Silesie, soit elle se trouvait a Craeovie avant
eette date et fut ensuite offerte aux moines nouveaux venus.
La figurine du Christ, placee sur eette eroix, rappelle eelle
du Christ de la reliure de l'óvangeliaire de la eolleetion de
Giannalis Feltrinelli, mentionnee ei-dessus, ainsi que eelle
du Christ de la plaque centrale de la eroix du Musee de Cluny
(fig. 10). La eroix de 1'eglise Corpus Christi n'est pas mal-
heureusement conservee tout entiere, et les plaque qui exis-
tent ont ete mal appliqueos au bois. On observe un phenomene
analogue par rapport a la croix dite de Szczepankowo (fig. 11)
qui montre eertaines ressemblanees avee la croix de la col-
lection de Paul Thoby de Nantes (fig. 13). La plaque centrale
de la croix d'Albigowa (fig. 14) peut etre attribuee a 1'atelier
d'oh sont sorties deux croix de la premiere dócennie du XIIIe
siecle se trouvant en Suede dans une eglise d'Arla (fig. 15)
et a l'Universitets Historiska Museum de Lund. L'analyse
detaillee de la croix des Colleetions Czartoryski (fig. 16)
prouve que probablement au XIXe siecle elle a ete composee
de deux croix, executees dans la meme póriode c'est-a-dire
au 2e quart du XIIIe siecle. La plaque centrale provient de
l'une des croix et les plaques sur les deux bouts de la traverse
de 1'autre. L'apparence do la figure du Christ et du titre de la
plaque centrale de la croix exposee au tresor de la Couronne
au Musee du Wawel (fig. 18) suggere que la croix est un faux
du XIXe siecle. Le reliquaire des Colleetions Czartoryski
(fig. 19) montre 1'ótape suivante du developpement de la de-
coration oh sur un fond bleu il y a un rinceau róservó. Une
dócoration analogue, des módaillons a demi-figures d'anges,
permet d'attribuer cet objet d'art a 1'atelier oh l'on a execute un
reliquaire do 1'eglise d'Ullanger de Suede de la 2e moitie du
XIIIe siecle (fig. 20). L'unique crosse de Limoges, qui se
trouve a Cracovie dans les Colleetions Czartoryski, appartient
au groupe de erosses dont la volute a la forme de serpent est
remplie de representations figurees et date d'environ 1270
(fig. 21). La erosse de 1'Ermitage (fig. 22) lui ressemble beau-
coup, et le meme motif enferme dans la volute, le lion que
le serpent tient par la queue, dócore une crosse de la collection
d'Eugene Dutuit (fig. 23). Deux reliures des livres liturgiques,
conservóes dans les Colleetions Czartoryski, sont dignes d'un
interet partieulier. Ellos ont etó faitos de fragments authen-
tiques au XIXe sieele, selon le modele módióval. La premiero
fait partie du groupe a fonds d'ótoiles (fig. 24); jusqu'a nos
jours elle a ete prise pour l'oeuvre homog^ne. Cependant une
analyse dótaillee prouve quo les plaques dans les angles de la
reliure, la eroix et les grands caboehons au-dessus de la tra-
verse de la croix ont óte probablement exócutes au XIXe
siecle. Les autres 616ments: la figure du Christ (analogue
a la figurine de 1'eglise de Kestad en Suede, fig. 25) et celles
des Saints Temoins, ainsi que le fond et la bordure (los angles
exceptes) peuvent etre dates de 1260 a 1270; on peut los
prendre pour le travail du meme atelier. Par contre la reliure
d'un Evangóliaire du XIe siecle dit Codex Aureus Pultoriensis
(fig. 26) est composee d'elements qui ont ete appliques a un
fond du XIXe siecle et dont les styles different les uns des
autres. La croix et les angles de la bordure datent de la meme
periode. Les autres ólements sont des produits de Limoges
authentiques, mais ils proviennent des objets divers. Les
fragments de la bordure avec les demi-figures d'anges datent
du milieu du XIIIe sibele. La figurine du Christ a ete executee
un peu plus tard, au 3e quart du XIIIe siecle, probablement
dans le meme atelier que la figure du Christ de 1'eglise de
Reversjó en Su5de (fig. 27). C'est du 4e quart du XIIIe siecle
qu'on peut dater la figurine de Marie et celles de St Pierre
et des saints non identifies, placees 5 , l'oppose du scheme
iconographique, et qui d'ailleurs montrent un niveau d'exe-
cution tres bas.
La collection d'emaux de Limoges, conservee a Cracovie,
est non seulement la plus riche de Pologne, mais elle est aussi
l'une des plus importantes de 1'Europe tant pour son nombre
que pour son niveau artistique. Notre collection qui comprend
24 pióces eonstitue la moitie de la quantite d'objets d'art de ce
type se trouvant en Hongrie, et elle depasse d'environ neuf
pióces les colleetions de Tehecoslovaquie. Cracovie est donc
la ville oh l'on a rassemble une quantite d'emaux limousins
extraordinaire 4 1'óchelle de 1'Europe centrale bien que sans
doute elle ne eonstitue qu'un pourcentage minime des collee-
tions mondiales.
Traduit par Krystyna Jachieć