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Abbate, Washington: Les origines du Caire: esquisse historique sur Babylone et Fostatt
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.12692#0026
plaçait sur le bassin, et on attachait les rideaux de soie aux colonnes
d'argent. Le prince se couchait sur ce lit qui, sans cesse agité par le
mouvement du vif-argent, lui procurait un sommeil agréable.
Ce bassin était une invention absolument nouvelle, qui pouvait le
disputer à tout ce que le luxe des rois a jamais imaginé de plus ma-
gnifique. C'était un coup d'œil enchanteur de voir, pendant une
belle nuit, ce vif-argent réfléchir la lumière de la lune. Longtemps
après la destruction du palais, le peuple allait creuser le lit du
bassin pour y recueillir des restes de vif-argent. » (l)
Sous le règne du malheureux Mousta/iser-Billah, des troubles
surviennent. Les mercenaires turcs ont de sanglantes collisions avec
les milices nègres du Khalife (2). Les richesses accumulées par les
Fatimites sont pillées, leurs tombeaux profanés. Le quartier Kataï qui
contenait plus de 100.000 maisons et jardins est incendié et ruiné (3).
Puis, sous le khalifat d'El-Adhel, Amaurj Ier, roide Jérusalem
(allié de Chawar) essaye de s'emparer de Fostâtt pour la piller et se
la faire racheter à prix d'or.
Les habitants (comme le fit six siècles après Rostoptchine à Moscou)
mettent le feu à leur ville (4) dont l'incendie dure 54 jours. Le cupide
Amaury exige un tribut de quinze millions pour lever le siège, en
accepte un et demi et les troupes de Nour-Eddin-Àtabeg de Syrie,
appelées à son secours par le khalife Cherkoui, battent Amaury et
le chassent honteusement de l'Egypte.
Aujourd'hui Fostâtt n'est plus qu'un désert parsemé de collines,
de décombres, que le sable a recouvert !
En 358 de hégire (968 ère chr.), le khalife fatimite Moëz envoie
en Egypte son général Djawhar qui réorganise le pays désolé sous
les derniers règnes précédents. Le nouveau conquérant conçut l'idée
de fonder une ville qui devait éclipser les splendeurs de Baghdad, la
ville des Abassides. Il jeta les fondations d'une nouvelle capitale
(1) Etienne Quatremère, 1811 — Mémoires historiques et géographi-
ques sur l'Egypte.
(2) 427 à 487 de l'hégire (1036 à 1094 J.-C).
(8) Kodhaï affirme qu'il y avait à Masr-el-Attikah ou Fostâtt le nombre
incroyable de 1036 mosquées, de 8000 voies publiques de 1170 bains, et encore
n'arrivait-on au bain de Djemada à Kherafât qu'en fendant péniblement la
foule. Il rapportait 500 dirhams chaque vendredi.
(4) On employa à cet effet 20.000 vases pleins d'huile de naphte et 10.000
torches.
d'argent. Le prince se couchait sur ce lit qui, sans cesse agité par le
mouvement du vif-argent, lui procurait un sommeil agréable.
Ce bassin était une invention absolument nouvelle, qui pouvait le
disputer à tout ce que le luxe des rois a jamais imaginé de plus ma-
gnifique. C'était un coup d'œil enchanteur de voir, pendant une
belle nuit, ce vif-argent réfléchir la lumière de la lune. Longtemps
après la destruction du palais, le peuple allait creuser le lit du
bassin pour y recueillir des restes de vif-argent. » (l)
Sous le règne du malheureux Mousta/iser-Billah, des troubles
surviennent. Les mercenaires turcs ont de sanglantes collisions avec
les milices nègres du Khalife (2). Les richesses accumulées par les
Fatimites sont pillées, leurs tombeaux profanés. Le quartier Kataï qui
contenait plus de 100.000 maisons et jardins est incendié et ruiné (3).
Puis, sous le khalifat d'El-Adhel, Amaurj Ier, roide Jérusalem
(allié de Chawar) essaye de s'emparer de Fostâtt pour la piller et se
la faire racheter à prix d'or.
Les habitants (comme le fit six siècles après Rostoptchine à Moscou)
mettent le feu à leur ville (4) dont l'incendie dure 54 jours. Le cupide
Amaury exige un tribut de quinze millions pour lever le siège, en
accepte un et demi et les troupes de Nour-Eddin-Àtabeg de Syrie,
appelées à son secours par le khalife Cherkoui, battent Amaury et
le chassent honteusement de l'Egypte.
Aujourd'hui Fostâtt n'est plus qu'un désert parsemé de collines,
de décombres, que le sable a recouvert !
En 358 de hégire (968 ère chr.), le khalife fatimite Moëz envoie
en Egypte son général Djawhar qui réorganise le pays désolé sous
les derniers règnes précédents. Le nouveau conquérant conçut l'idée
de fonder une ville qui devait éclipser les splendeurs de Baghdad, la
ville des Abassides. Il jeta les fondations d'une nouvelle capitale
(1) Etienne Quatremère, 1811 — Mémoires historiques et géographi-
ques sur l'Egypte.
(2) 427 à 487 de l'hégire (1036 à 1094 J.-C).
(8) Kodhaï affirme qu'il y avait à Masr-el-Attikah ou Fostâtt le nombre
incroyable de 1036 mosquées, de 8000 voies publiques de 1170 bains, et encore
n'arrivait-on au bain de Djemada à Kherafât qu'en fendant péniblement la
foule. Il rapportait 500 dirhams chaque vendredi.
(4) On employa à cet effet 20.000 vases pleins d'huile de naphte et 10.000
torches.