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Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]
Bulletin de l'Institut Egyptien — 3.Ser. 3.1892(1893)

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Abbate, Onofrio: Le suicide de Cléopatre au point de vue médical
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https://doi.org/10.11588/diglit.12564#0072

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— 62 -

der, il tenait les yeux fixés à terre. Glacée par l'impassibilité de cet
homme qui, sans être aucunement ému de ses charmes, de ses tour-
ments, de ses malheurs, discutait avec elle, l'enchanteresse, comme
un magistrat instructeur avide de justice et de répression, Gléopàtre
comprit qu'elle n'avait aucun intérêt, aucune pitié à espérer. La
mort qu'elle avait souhaitée sur le tombeau d'Antoine, lui appa-
raissait de nouveau comme la suprême libératrice ; elle répétait à
cet instant de désespoir l'expression « où, tkriafnveosamai » je ne
servirai pas au triomphe d'Octave, au lieu de servir à une pompe
fatale, dans cette Rome où elle avait passé les plus heureux jours
de son bonheur, de son faste, de sa beauté.

Dès lors, sa résolution fut arrêtée. Quelques.jours après cette
entrevue, vêtue de ses plus beaux atours, coiffée avec recherche,
la couronne royale sur la tète, Gléopàtre prit place à la table d'un
repas magnifique qu'elle avait commandé, Un paysan entra, por-
tant un panier de figues. Gléopàtre prit le panier, fit porter à
Octave une lettre qu'elle avait écrite le matin pour lui, et resta
seule avec Iras et Chadnion. Elle ouvrit le panier et écarta les
fruits. Elle espérait être piquée à l'improviste, mais le reptile dor-
mait. Le voilà donc, s'écria-t-elle, et elle se mit à l'exciter avec une
épingle d or. L'aspic la piqua au bras.

Voilà ce que raontent la légende et l'histoire sur sa mort qui
eut lieu le 21 mes ori, 15 août de l'an 30 avant J.-G.

Mais ce point Je l'histoire est tant soit peu incertain ; dans ces
tristes moments, personne ne pouvait être présent pour l'affirmer,
en dehors de Ghadnion et d'Iras, ses femmes fidèles, mortes aussi
en même temps que leur reine et maîtresse.

Tous les grands historiens, tous les poètes de l'antiquité et des
temps modernes, de Tite-Live, Suétone, Plutarque, Dion, Horace,
jusqu'au Dante, à l'Arioste, Shakespeare, Al fier i, tous, plus ou
moins, nous ont révélé le caractère étrange, cette puissance de
charmes et de volonté qui dominaient souverainement dans la
figure de Gléopàtre. Le livre récent d'Henri Houssaye est la
meilleure et la plus correcte rédaction des livres antérieurs(1;.

(1) N'en déplaise à mon ami le professeur Bolti, d'Alexandrie. Dans sa charmante communi-
cation faite à la Société de la jeûneuse italienne, Cléo-patra nella tradizione romana, avec une
verve et une élégance de phrases, il s'efforce de démontrer les bonnes qualités morales de la
fille des Lagides en l'entourant d'une auréole séduisante qui n'est pas absolument conforme à la
tradition, mais qui est le propre d'un esprit chevaleresque et romantique.
 
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