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https://doi.org/10.11588/diglit.55560#0055
I S L E DE
Paroifles ou lurifdiétions : fçavoir Tovani, avec
feptvillages, Aregno avec feize,fainâ: André avec,
cinq , Giuflani avec fept, & Caccia. On trouve
apres fainét Ambroife , l’Ifle de Spano , 8c Calvi,
dontl’emboucheure, faite par le fleuve de Muca-
te,terminela Balagne. Calvi eft une des prin-
cipales villes de Corfegue pour Ion antiquité 8c
beauté des baftimens, elle eft clofe de bonnes
murailles 8c forts baftions,& a un bon port nom-
mé fainéte Marie de Calvi. Suivent Livorate avec
rifle , 8c Girolato avec un bon port, retraite des
Corfaires. De l’emboucheure de Calvi julques à
Montlannincoflly a cent dix miles, & c’eft ce qui
appartient au cofté de dehors depuis IcCapCorfe
jufques aux montagnesjapres lefquelles elt la val-
lée de Nolo , qui a dixhuit miles de tour, divifée
par le Guol en deux parties elgales. Nolo a efté
autrefois un bourg mieux peuplé qu’il n’eft à pre-
fent- On trouve apres Covafine , grand bourg ,
avec Ventifari,Solagio & Sornazofla Codé,Pru-
nelles, où font les bons bains de Pietra Pola, Ve-
naco,Rogne,bourg de huiét cens cinquante feux,
divifé en deux par le Tavignan. Suivent
Les cinq Paroifles, nommées Cinquepieve,
qui font Valliruftie, Orezze, qui a mille feux &
cinquante-huiét villages , peuplez d’habitans in-
duftrieux, qui vendent des toiles 8c des draps de
laine, Ampugnani avec vingt villages,dont le plus
renommé elt celuy de Caûbianca , où s’eft for-
mée la fadion des Roux 8c desNoirs,qui dure en-
cores, & tient une grande partie de Pille divifée,
Rollin 8c Cafacconi avec dix-neuf villages.
Les Paroifles d’Ajazze font Carceri, Mezana,
Sarlo,qui produid des vins excellens,Ornano,qui
contient trente villages,TalabOjCrufcaglia, Attab-
la &Sartena clos de murailles à caufe desCorlàires-
Celle Ifle n’a pas un bon air par tout, elle elt
pleine de forefts, 8c a un terroir pierreux, ne pro-
duisant rien qu’avec grand foin 8c culture.Les ar-
bres y font très-hauts & bien nourris. Elle a de
très-bons fruids 8c des vins délicats,qu’on eftime
fort à Rome. Les chaftagnes y abondent en plu-
fieurs endroits, les figues, les amandes, cerifes &
l’huile,particulièrement à Balagne y proviennent
es bons quartiers;& là où le pays elt découvert 8c
arroufé des rivières, il y croift du froment avec
quelques legumes. Les bons pafturages n’y man-
quent point à Nolo & ailleurs, avec la chafle des
cerfs, fangliers 8c des chevres qu’on y nomme
Meüfles,mefmes des faifans au pays de Nebio, &
la pefche de bons poiflbns. On trouve des mines
de fer délicat à Nonza,au Comté de Nebio,& de
là faind Florent. Le miel,la refine,& la cire font
de cefte Ifle , par le tefmoignage des anciens, le
miel en eft amer, à caufe de la fleur du buys,mais
la cire y eft tres-bonne. Entre la Corfegue & la
Sardaigne versBoniface fe trouve quantité de co-
rail. Il y a des chevaux forts 8c fougueux,de bons
chiens & de tout beftail. Les eaux falutaires,
chaudes 8c froides,font prés de Vico à Pietra Po-
la, Afco , en la vallée de Caroggia 8c à Campo
Cardeto, terroir de Nebio.
des Les Corfes ont efté anciennement de grands
mctetts' Corlàires,barbares en leurs mœurs,ay ans les fem-
mes communes, & les enfansmefines jufques à un
certain âge,qu’ils croyoient de pouvoir recognoi-
ïtalic»
CORSE. 37
ftre parla reflemblance des vi(àges,àqui ils appar-
tenoient. Ils fe nourrifloient de petits chiens do-
meftiques & fauvages, ce qui les rendoit cruels,
cholerés,hardis,prompts 8c robuftes,qui font les
qualitez de cet animal. Leur réputation pour
les brigandages alla fi avant, qu’il en fut fait pro-
verbe par les anciens.Diodore fait mention d’une
couftume finguliere obfervée parmy eux , qu’au
lieu des foins que les autres nations pouvoienf
apporter envers les femmes accouchées,les maris
fe mettoient au liét,comme s’ils eftoient malades,
8c y demeuroient durant certains jours. Les efola-
ves Corfes eftoient recognus parmy les autres,
pour leur grande ftupidité ou humeur ïàuvage.
Les habitans de cette Ifle retiennent de leur Mcemde
rudefle ancienne, n’ayans ni la civilité, ni la poli- cetemP*’
tefledes Italiens.Ils fontquerelleux,cruels&vin-
dicatifsjulqueslàqu’onnepeutpas mefme pren-
dre afleurance en eux, apres un accord & récon-
ciliation. Les Italiens ont leur proverbe là deflus,
portant qu’il ne fe faut pas fier à unCorfe ni vif ni
mort, s’ils fe trouvent en pays eftranger, ils fe
donnent fecours les uns aux autres, & publient
volontiers leur bonne extraétion & naiflance. Ils
font courageux & bons foldats. La valeur & les
fervices rendus à la France par Alfonfo d’Ornano,
le rendent recommandable à la pofterité , & la
nation, dont il a efté poflible l’unique ornement,
y peut eftablir fa principale gloire. Il eftoit Co-
lonnel d’un Régiment des Corfes, fous le Roy
Henry III, 8c en l’an 1587 il fe fignala contre les
Suifles,qui eftoient desj a entrez en Daufiné,dont
la Valete eftoit Gouverneur pour le Roy, auquel
on envoya douze drapeaux pris lur eux.Il fut fait
Marefchal de France fous le Roy Henry IV, qu’il
fervit 8c aflifta dignement, 8c l’an 1590 il fut pri-
fonnier de guerre,apres avoir confervé la ville de
Vienne en Daufiné , dans l’obeiflance du Roy
contre le party de la Ligue. Le trafic ou le voifi-
nage de la terre ferme peut rendre les habitans de
cette Ifle plus civilifez,comme font ceux de Cap-
Corfe 8c autres qui négocient le plus , qui ont de
la fimplicité 8c bonne foy.
Les Corfes s’addonnent àla navigation, font
trafic de leurs denrées & beftail, portent leurs
vins à Rome 8c autres endroits de l’Italie. Ils ont
des chanvres & lins dont ils font des toiles,& font
aufli quelques draps de laine. Le revenu que la
Seigneurie de Genes en retire, fe confiime en de--
ïpenfe pour la garde des places.
Nous avons mentionné les places fortes, fça- ForceSi‘
voir la Baftie, Calvy, Ajafle, Boniface & autres.
Il y a plufieurs garnifons entretenues par les Gé-
nois ou par l’Ofhce de fainét George , qui en a la
Garde 8c le Gouvernement, 8c a pris des foins
particuliers de munir 8c fortifier plufieurs en-
droits , & baftir force tours contre les Corfaires
ou les Turcs,lefquels y peuvent faire des ravages
par fiirprife,à quoy font payez quelques chevaux
légers du Gouvernement, qui courent le long de
la cofte. l’Ifle eft grandement peuplée, jufques à
pouvoir faire quatre vingts ou cent mille hom-
mes, capables de porter armes.
Les Phocéens ont efté maiftres de l’Ifle, & fu-
rent depuis chaflez par lesTyrreniens,qui rendi-
rent les Corfes tributaires,qui furent en fuite lub-
P juguez
Paroifles ou lurifdiétions : fçavoir Tovani, avec
feptvillages, Aregno avec feize,fainâ: André avec,
cinq , Giuflani avec fept, & Caccia. On trouve
apres fainét Ambroife , l’Ifle de Spano , 8c Calvi,
dontl’emboucheure, faite par le fleuve de Muca-
te,terminela Balagne. Calvi eft une des prin-
cipales villes de Corfegue pour Ion antiquité 8c
beauté des baftimens, elle eft clofe de bonnes
murailles 8c forts baftions,& a un bon port nom-
mé fainéte Marie de Calvi. Suivent Livorate avec
rifle , 8c Girolato avec un bon port, retraite des
Corfaires. De l’emboucheure de Calvi julques à
Montlannincoflly a cent dix miles, & c’eft ce qui
appartient au cofté de dehors depuis IcCapCorfe
jufques aux montagnesjapres lefquelles elt la val-
lée de Nolo , qui a dixhuit miles de tour, divifée
par le Guol en deux parties elgales. Nolo a efté
autrefois un bourg mieux peuplé qu’il n’eft à pre-
fent- On trouve apres Covafine , grand bourg ,
avec Ventifari,Solagio & Sornazofla Codé,Pru-
nelles, où font les bons bains de Pietra Pola, Ve-
naco,Rogne,bourg de huiét cens cinquante feux,
divifé en deux par le Tavignan. Suivent
Les cinq Paroifles, nommées Cinquepieve,
qui font Valliruftie, Orezze, qui a mille feux &
cinquante-huiét villages , peuplez d’habitans in-
duftrieux, qui vendent des toiles 8c des draps de
laine, Ampugnani avec vingt villages,dont le plus
renommé elt celuy de Caûbianca , où s’eft for-
mée la fadion des Roux 8c desNoirs,qui dure en-
cores, & tient une grande partie de Pille divifée,
Rollin 8c Cafacconi avec dix-neuf villages.
Les Paroifles d’Ajazze font Carceri, Mezana,
Sarlo,qui produid des vins excellens,Ornano,qui
contient trente villages,TalabOjCrufcaglia, Attab-
la &Sartena clos de murailles à caufe desCorlàires-
Celle Ifle n’a pas un bon air par tout, elle elt
pleine de forefts, 8c a un terroir pierreux, ne pro-
duisant rien qu’avec grand foin 8c culture.Les ar-
bres y font très-hauts & bien nourris. Elle a de
très-bons fruids 8c des vins délicats,qu’on eftime
fort à Rome. Les chaftagnes y abondent en plu-
fieurs endroits, les figues, les amandes, cerifes &
l’huile,particulièrement à Balagne y proviennent
es bons quartiers;& là où le pays elt découvert 8c
arroufé des rivières, il y croift du froment avec
quelques legumes. Les bons pafturages n’y man-
quent point à Nolo & ailleurs, avec la chafle des
cerfs, fangliers 8c des chevres qu’on y nomme
Meüfles,mefmes des faifans au pays de Nebio, &
la pefche de bons poiflbns. On trouve des mines
de fer délicat à Nonza,au Comté de Nebio,& de
là faind Florent. Le miel,la refine,& la cire font
de cefte Ifle , par le tefmoignage des anciens, le
miel en eft amer, à caufe de la fleur du buys,mais
la cire y eft tres-bonne. Entre la Corfegue & la
Sardaigne versBoniface fe trouve quantité de co-
rail. Il y a des chevaux forts 8c fougueux,de bons
chiens & de tout beftail. Les eaux falutaires,
chaudes 8c froides,font prés de Vico à Pietra Po-
la, Afco , en la vallée de Caroggia 8c à Campo
Cardeto, terroir de Nebio.
des Les Corfes ont efté anciennement de grands
mctetts' Corlàires,barbares en leurs mœurs,ay ans les fem-
mes communes, & les enfansmefines jufques à un
certain âge,qu’ils croyoient de pouvoir recognoi-
ïtalic»
CORSE. 37
ftre parla reflemblance des vi(àges,àqui ils appar-
tenoient. Ils fe nourrifloient de petits chiens do-
meftiques & fauvages, ce qui les rendoit cruels,
cholerés,hardis,prompts 8c robuftes,qui font les
qualitez de cet animal. Leur réputation pour
les brigandages alla fi avant, qu’il en fut fait pro-
verbe par les anciens.Diodore fait mention d’une
couftume finguliere obfervée parmy eux , qu’au
lieu des foins que les autres nations pouvoienf
apporter envers les femmes accouchées,les maris
fe mettoient au liét,comme s’ils eftoient malades,
8c y demeuroient durant certains jours. Les efola-
ves Corfes eftoient recognus parmy les autres,
pour leur grande ftupidité ou humeur ïàuvage.
Les habitans de cette Ifle retiennent de leur Mcemde
rudefle ancienne, n’ayans ni la civilité, ni la poli- cetemP*’
tefledes Italiens.Ils fontquerelleux,cruels&vin-
dicatifsjulqueslàqu’onnepeutpas mefme pren-
dre afleurance en eux, apres un accord & récon-
ciliation. Les Italiens ont leur proverbe là deflus,
portant qu’il ne fe faut pas fier à unCorfe ni vif ni
mort, s’ils fe trouvent en pays eftranger, ils fe
donnent fecours les uns aux autres, & publient
volontiers leur bonne extraétion & naiflance. Ils
font courageux & bons foldats. La valeur & les
fervices rendus à la France par Alfonfo d’Ornano,
le rendent recommandable à la pofterité , & la
nation, dont il a efté poflible l’unique ornement,
y peut eftablir fa principale gloire. Il eftoit Co-
lonnel d’un Régiment des Corfes, fous le Roy
Henry III, 8c en l’an 1587 il fe fignala contre les
Suifles,qui eftoient desj a entrez en Daufiné,dont
la Valete eftoit Gouverneur pour le Roy, auquel
on envoya douze drapeaux pris lur eux.Il fut fait
Marefchal de France fous le Roy Henry IV, qu’il
fervit 8c aflifta dignement, 8c l’an 1590 il fut pri-
fonnier de guerre,apres avoir confervé la ville de
Vienne en Daufiné , dans l’obeiflance du Roy
contre le party de la Ligue. Le trafic ou le voifi-
nage de la terre ferme peut rendre les habitans de
cette Ifle plus civilifez,comme font ceux de Cap-
Corfe 8c autres qui négocient le plus , qui ont de
la fimplicité 8c bonne foy.
Les Corfes s’addonnent àla navigation, font
trafic de leurs denrées & beftail, portent leurs
vins à Rome 8c autres endroits de l’Italie. Ils ont
des chanvres & lins dont ils font des toiles,& font
aufli quelques draps de laine. Le revenu que la
Seigneurie de Genes en retire, fe confiime en de--
ïpenfe pour la garde des places.
Nous avons mentionné les places fortes, fça- ForceSi‘
voir la Baftie, Calvy, Ajafle, Boniface & autres.
Il y a plufieurs garnifons entretenues par les Gé-
nois ou par l’Ofhce de fainét George , qui en a la
Garde 8c le Gouvernement, 8c a pris des foins
particuliers de munir 8c fortifier plufieurs en-
droits , & baftir force tours contre les Corfaires
ou les Turcs,lefquels y peuvent faire des ravages
par fiirprife,à quoy font payez quelques chevaux
légers du Gouvernement, qui courent le long de
la cofte. l’Ifle eft grandement peuplée, jufques à
pouvoir faire quatre vingts ou cent mille hom-
mes, capables de porter armes.
Les Phocéens ont efté maiftres de l’Ifle, & fu-
rent depuis chaflez par lesTyrreniens,qui rendi-
rent les Corfes tributaires,qui furent en fuite lub-
P juguez