Blanc, Charles: Histoire des peintres de toutes les écoles: École Ombrienne et Romaine (Paris: Jules Renouard, Librairie-éditeur, 1870)

GIOVANNI SANTI
NÉ EN 143”? — MORT EN 1 4 94.


Lors même que Giovanni Santi n’eût pas été le père de Raphaël,
il serait impossible de ne pas lui donner place dans VHistoire des
Peintres, tant à cause du rôle qu’il a joué parmi les maîtres de
l’École ombrienne que du livre précieux qu’il a écrit en prose riméesur
l’histoire de son pays. Du reste, autant il avait été négligé par les
biographes, qui l’ont traité de peintre médiocre, de pauvre artiste,
autant aujourd’hui on a mis de soin à réhabiliter sa mémoire, à
rechercher la trace de ses ouvrages et à exhumer ses poésies.
En 1822, le père Luigi Pungileoni publiait sur Giovanni Santi
un volume de choses intéressantes et de documents curieux.
Depuis, Passavant, dans sa biographie de Raphaël, a consacré à
Giovanni Santi trente-deux pages dans lesquelles il a rassemblé tout
les faits relatifs à la vie de ce peintre, sans compter trente-deux
autres pages qui renferment de nombreux extraits de la Chronique
rimée, c’est-à-dire du poème historique composé par Giovanni en
l’honneur du duc d’Urbin, Frédéric de Montefeltro.
Né à Colbordolo, petit bourg situé dans le duché d’Urbin, Giovanni

s’appelait de son nom patronymique Santé ou Santi, que les Italiens, pour plus d’euphonie, changèrent
en Sanzi et Sanzio. Sa famille n’était pas sans quelque fortune, mais elle avait été aux trois quarts ruinée
en 1446, lorsque Sigismond Malatesta, traversant avec les troupes du pape le duché d’Urbin, mit à feu et
à sang le bourg de Colbordolo, où le grand-père de Giovanni, Peruzzolo Santé, possédait une maison sur
la place du Château, avec quelques dépendances rurales. Le fils de Peruzzolo, c’est-à-dire le père de Giovanni,