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Blinkenberg, Christian [Hrsg.]; Dyggve, Ejnar [Hrsg.]; Carlsbergfondet [Hrsg.]
Lindos: fouilles et recherches 1902 - 1914 et 1952;; fouilles de l'acropole (1,Texte): Les petits objets — Berlin: De Gruyter, 1931

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https://doi.org/10.11588/diglit.52556#0222
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OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES

404

Ceux qui proviennent de l’île même de Chypre portent
des graffites en caractères chypriotes, v., p. e.,
Cesnola, Salaminia, p. 92, fig. 86; Myres, Handibook
of the Cesnola coll., p. 529 (= Atlas of the Cesnola
Coll., III, pl. 127); sur deux figurines de Naukratis
on lit des inscriptions grecques, v. Naukratis, II, p. 57,
pl. 13, n° 5 (Καλλι - - ) et p. 66, n° 794, pl. 21 (dédi-
cace ionienne de Polyermos) ; Dadja a fourni un graf-
fite remarquable en écriture et en dialecte cnidiens
(v. Kunstmuseets Aarsskrift, VI, 1920, p. 40, fig. 10;
Roehl, Imagines inscrijrtionum Graecarum, 3e éd.,
p. 17, n° 1); deux des spécimens lindiens, nos 1688 et
1765, portent des inscriptions rhodiennes.
Les statuettes en pierre calcaire de style et de
travail chypriotes ont été, on ne peut guère en douter,
l'objet d'un trafic régulier pendant la période anté-
rieure au milieu du 6e siècle. La plastique en terre
cuite n’avait pas encore atteint son parfait développe-
ment, et la sculpture en pierre calcaire lui faisait
assez heureusement la concurrence par la fabrication
des petits dons votifs qu’on avait l’habitude de
dédier aux temples. D’ailleurs, les terres cuites
provenaient, elles aussi, pour la majeure partie des
ateliers de Chypre. Mais toute cette importation
chypriote d’objets dont on avait besoin pour la véné-
ration coutumière de la déesse paraît avoir fini assez
brusquement. Comme terme, nous avons déjà indiqué
le milieu du 6e siècle. Dans le second temple de Lindos
on ne consacrait plus régulièrement de petits ex-voto
chypriotes. Entretemps, d’autres centres artistiques
et industriels s’étaient emparés du marché lindien.
Probablement ce changement des relations commer-
ciales n’est pas sans connexion avec la conquête de
l’île de Chypre par Amasis, vers 560 av. J.-C.
Dans les remarques qui précèdent, nous avons
qualifié, sans documentation, de travaux chypriotes
les figurines que nous étudions ici. Il y avait cepen-
dant en diverses régions des côtes de la Méditerranée
des ateliers où l’on fabriquait des statuettes en pierre
calcaire. Les sculpteurs égyptiens se servaient souvent
de cette matière. Quant au monde grec, il suffit de
rappeler les curieuses statuettes découvertes à Kymé
et à Marseille (AZ 1866, p.303*sq., pl. B; BCH 1889,
p. 544). On ne peut pourtant pas hésiter sur l’origine
des figurines lindiennes: elles représentent les mêmes
types qu’on a découverts en grand nombre dans les
sanctuaires et dans les nécropoles de l’île de Chypre;
de même, le style et la technique sont absolument
identiques.
Ce sont donc les produits chypriotes ordinaires qui
ont été apportés par le commerce au sanctuaire de
Lindos. En général, les exporteurs des statuettes
n’ont pas tenu compte des besoins ou des désirs
particuliers de leur clientèle. Les Lindiens, à leur

tour, ont été contents de dédier à leur déesse les figu-
rines qu’apportaient les bateaux des marchands.
La même observation est valable pour les autres
localités où étaient importées les statuettes chypriotes
(v. p. 402). Or, puisqu’on trouve ainsi, dans des
sanctuaires de nature différente, ces mêmes statuettes
étrangères en pierre calcaire, il faut se garder d’insister
trop sur les sujets qu’elles représentent et d’y voir des
documents illustrant le culte local ou les habitudes et
les coutumes de la vie des adorants qui les ont dédiées.
Si les fouilles lindiennes ont donné, p. e., quelques
exemplaires d’une image qu’avaient créée, à l’imi-
tation d’une certaine divinité égyptienne, les sculp-
teurs chypriotes (v. nos 1793 sq.), il ne faut pas en
conclure qu’une telle divinité fût associée à la déesse
de Lindos. De même, les statuettes représentant des
personnages vêtus du costume chypriote ne suffisent
pas pour prouver que les Lindiens eussent adopté ce
costume. Du fait que les figurines de »sacrificateurs«
portent soit des boucs soit des béliers, nous ne pouvons
pas non plus déduire que ces deux espèces de victimes
fussent acceptées par la déesse.
Les réserves que nous venons d’exposer ne sont
pourtant pas d’une valeur illimitée. Il y a certains
types dont on ne trouverait pas d’explication raison-
nable en les rapprochant exclusivement des trou-
vailles faites dans le pays d’origine de cette sculp-
ture, l’île de Chypre. Tel est le cas surtout pour les
lions et les faucons. Malgré l’origine étrangère, ces
figurines constituent une spécialité du sanctuaire
lindien. En dehors de l’île de Rhodes, et notamment
en Chypre, elles sont presque inconnues. Elles
paraissent donc faites pour être exportées aux sanc-
tuaires rhodiens ou, du moins, choisies exprès pour cette
exportation parmi les produits des ateliers, où l’on
s’occupait de la sculpture en pierre calcaire. Que
l’on préfère l’une ou l’autre alternative, la déduction
reste la même: les adorants lindiens ont dédié de
préférence ces espèces de figurines parce qu’elles
convenaient à la nature de leur déesse T.
Au point de vue artistique, les statuettes sont de
qualité très différente. Il y en a dont le sujet n’est
qu’ébauché, d’autres sont d’un travail plus perfec-
tionné. On comprend bien que la série de ces figurines,
produites en grand nombre et sans doute vendues à
bon marché, ne contient pas de chefs-d’oeuvre.
Cependant, le travail témoigne le plus souvent d’une
routine qui permet à l’ouvrier de reproduire assez

1 Voir ci-dessus p. 345 sq. et cf. les observations de M. Hogarth
à propos des figurines d’oiseau trouvées dans le sanctuaire d’Ephe-
sos: Ephesus, p. 336. A Kamiros, les lions en pierre calcaire sont
relativement communs, les oiseaux au contraire très rares, à en
juger par la collection de fragments conservée au British Muséum.
A Vroulia, une figurine de faucon a été trouvée dans »la chapelle«.
 
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