ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. II.
CHAPITRE XIV.
Defcription de la Maifon de Madame de VàrangeviUe, rue S. Dominique.
Maifon de ETTE Maifon fut bâtie en 1704 pour Madame la Marquife de Varangeville,
t£t7e-de V^> fur les deffeins de Mr. Gabriel (a) Architecte ordinaire du Roi, Controlleur
Général de fes bâtimens. Elle eft occupée aujourd'hui par Madame Marie-Marguerite
Dalegre, veuve du Comte de Rupelmonde dont cet Hôtel porte le nom.
Plan du re^de-chauffée. Planche première.
Cette Maifon a 18 toifes de face du côté du jardin 5 elle confifte en un corps de logis
fimple, avec une aile en retour fur la cour, & en un femi-double fur les baffes-cours, qui
donne au principal appartement toutes les commodités d'un appartement double. La baffe-
cour a un dégagement dans la rue, & contient des bâtimens fitués de ce côté, dans lefquels
font comprifes des écuries & des remifes en allez grande quantité pour l'étendue du
bâtiment. La proportion des pièces du principal corps de logis eft affez belle & la fimé-
trie y eft exactement obfervée. Cet appartement a fon entrée dans l'angle de la cour à
gauche par une première antichambre fuccédée d'une féconde, & fuivie d'une chambre
de parade, &c. La falle à manger eft placée dans l'aile en retour, & n'a qu'une entrée
par le cabinet fitué entre les deux chambres à coucher. Cette entrée a fon dégagement
par un petit efcalier, le feul qui fe remarque dans ce bâtiment pour monter au pre-
mier étage, & qui eft trop peu confidérable & trop ignoré de l'entrée principale de
la grande cour, de forte que pour arriver aux appartemens pratiqués au-deffus du rez-
de-chauffée, il faut paffer par les baffes-cours ou traverfer les principaux appartemens
d'en bas j ce qui pèche contre les loix de la diftribution, qui exigent, lorfqu'il y a un
premier étage dans un édifice, ne fut-ce qu'un Attique, que l'efcalier qui doit y con-
duire foit apperçû des étrangers qui y font attirés pour les affaires perfonnelles du
Maître, ou feulement pour faire fa fociété.
Plan du premier étage. Planche II.
La diftribution de ce premier étage eft compofée de plufieurs petits appartemens de
peu d'importance, lefquels font renfermés dans la hauteur d'un étage Attique. Sans doute
c'eft cette dernière confldération qui a fait négliger à l'Architecte de pratiquer un efcalier
plus confidérable 5 mais du moins convenoit-il de le placer dans un lieu plus apparent.
Car quoiqu'il puiffe être vrai que le Propriétaire l'ait voulu ainfi, (n'ayant pas befoin
pour fon ufage des pièces du premier étage), il en réfulte que, lorfqu'un bâtiment
vient à changer de Maître, faute de trouver les commodités eflentielles dans une mai-
fon, il en faut abattre la plus grande partie 3 ce qui très-fouvent diminue de beaucoup
(a) Mr. Gabriel a fuccédé à Mr. de Cotte en qualité de
premier Archite&e du Roi, & a été regardé comme un des
habiles Architectes du commencement de ce fiécle; il a été
confidérablement occupé dans les travaux de Sa Majefté &
nous avons quelques édifices de lui à Paris, tels que l'Hôtel
dont nous donnons ici la defcription, & celui de Feuquiere,
Fauxbourg Saint Honoré, qui fe trouvera dans le corps de cet
Ouvrage, aufli bien que le Château de Choify, qui a été
bâti fur les deffeins de cet habile Architecte.
Mr. Gabriel fon fils lui a fuccédé dans la place de premier
Architecte du Roi, & a montré dans plus d'une occafion fon
expérience, fa capacité & fon défintéreffement : qualités qui
non feulement lui ont attiré la confiance de S. M. mais l'ont
fait choifir par ce Monarque pour donner les deffeins du
bâtiment confidérable de l'École militaire, qui vient d'être
commencé de bâtir au mois de Mars dernier à l'extrémité du
Fauxbourg St. Germain au-delà des Invalides.
CHAPITRE XIV.
Defcription de la Maifon de Madame de VàrangeviUe, rue S. Dominique.
Maifon de ETTE Maifon fut bâtie en 1704 pour Madame la Marquife de Varangeville,
t£t7e-de V^> fur les deffeins de Mr. Gabriel (a) Architecte ordinaire du Roi, Controlleur
Général de fes bâtimens. Elle eft occupée aujourd'hui par Madame Marie-Marguerite
Dalegre, veuve du Comte de Rupelmonde dont cet Hôtel porte le nom.
Plan du re^de-chauffée. Planche première.
Cette Maifon a 18 toifes de face du côté du jardin 5 elle confifte en un corps de logis
fimple, avec une aile en retour fur la cour, & en un femi-double fur les baffes-cours, qui
donne au principal appartement toutes les commodités d'un appartement double. La baffe-
cour a un dégagement dans la rue, & contient des bâtimens fitués de ce côté, dans lefquels
font comprifes des écuries & des remifes en allez grande quantité pour l'étendue du
bâtiment. La proportion des pièces du principal corps de logis eft affez belle & la fimé-
trie y eft exactement obfervée. Cet appartement a fon entrée dans l'angle de la cour à
gauche par une première antichambre fuccédée d'une féconde, & fuivie d'une chambre
de parade, &c. La falle à manger eft placée dans l'aile en retour, & n'a qu'une entrée
par le cabinet fitué entre les deux chambres à coucher. Cette entrée a fon dégagement
par un petit efcalier, le feul qui fe remarque dans ce bâtiment pour monter au pre-
mier étage, & qui eft trop peu confidérable & trop ignoré de l'entrée principale de
la grande cour, de forte que pour arriver aux appartemens pratiqués au-deffus du rez-
de-chauffée, il faut paffer par les baffes-cours ou traverfer les principaux appartemens
d'en bas j ce qui pèche contre les loix de la diftribution, qui exigent, lorfqu'il y a un
premier étage dans un édifice, ne fut-ce qu'un Attique, que l'efcalier qui doit y con-
duire foit apperçû des étrangers qui y font attirés pour les affaires perfonnelles du
Maître, ou feulement pour faire fa fociété.
Plan du premier étage. Planche II.
La diftribution de ce premier étage eft compofée de plufieurs petits appartemens de
peu d'importance, lefquels font renfermés dans la hauteur d'un étage Attique. Sans doute
c'eft cette dernière confldération qui a fait négliger à l'Architecte de pratiquer un efcalier
plus confidérable 5 mais du moins convenoit-il de le placer dans un lieu plus apparent.
Car quoiqu'il puiffe être vrai que le Propriétaire l'ait voulu ainfi, (n'ayant pas befoin
pour fon ufage des pièces du premier étage), il en réfulte que, lorfqu'un bâtiment
vient à changer de Maître, faute de trouver les commodités eflentielles dans une mai-
fon, il en faut abattre la plus grande partie 3 ce qui très-fouvent diminue de beaucoup
(a) Mr. Gabriel a fuccédé à Mr. de Cotte en qualité de
premier Archite&e du Roi, & a été regardé comme un des
habiles Architectes du commencement de ce fiécle; il a été
confidérablement occupé dans les travaux de Sa Majefté &
nous avons quelques édifices de lui à Paris, tels que l'Hôtel
dont nous donnons ici la defcription, & celui de Feuquiere,
Fauxbourg Saint Honoré, qui fe trouvera dans le corps de cet
Ouvrage, aufli bien que le Château de Choify, qui a été
bâti fur les deffeins de cet habile Architecte.
Mr. Gabriel fon fils lui a fuccédé dans la place de premier
Architecte du Roi, & a montré dans plus d'une occafion fon
expérience, fa capacité & fon défintéreffement : qualités qui
non feulement lui ont attiré la confiance de S. M. mais l'ont
fait choifir par ce Monarque pour donner les deffeins du
bâtiment confidérable de l'École militaire, qui vient d'être
commencé de bâtir au mois de Mars dernier à l'extrémité du
Fauxbourg St. Germain au-delà des Invalides.