ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. IV. 129
qui fait ici notre objet. D'ailleurs M. le Comte de Caylus & M. Mariette travaillent Maison de
actuellement à la defcription de ces chefs-d'œuvres 5 c'eft pourquoi je me bornerai ici hJn.
à infpirer aux amateurs Citoyens & aux étrangers connoifleurs l'envie de vifiter cette
belle maifon que l'urbanité de M. de la Haye rend accelîlble à toutes les perfonnes
qui ont du goût pour les beaux arts.
N
CHAPITRE VIII.
Defcription de l'Hôtel de Bretonvilliers, & de la Maison
de Mr. Henfelin.
O U S avons fait obferver dans le Chapitre précédent que l'Hôtel du Préfident Hôtel de
Lambert, dont nous venons de faire la defcription, étoit fitué à la tête de l'Ille xZ°.nvi
Notre-Dame, que fon entrée principale étoit d'un côté de la rue S. Louis, & que de
l'autre étoit l'Hôtel de Bretonvilliers (a) dont nous avons promis de dire quelque chofe.
Pour y fatisfaire on trouvera fur les Planches I & II le plan du rez-de-chauffée & les
élévations de cet Hôtel, tirées de l'œuvre de Marot, et nous ajouterons que cet édifice
fut bâti par Jean Androuet Du Cerceau, pour Monfieur le Ragois de Bretonvilliers,
Préfident en la Chambre des Comptes, qui fit auffi conftruire à fes frais le Quay qui
environne la pointe de l'Ille, & il employa dit-on 800000 liv. à cet ouvrage feulement.
Comme la rapidité de la rivière avoit miné une partie des fondations de ce Quay, la
Ville le fit rétablir en 1730. Nous ne parlerons point de la décoration ni de la diftri-
bution de cet Hôtel, étant bâti d'un goût fort ancien, nous obferverons feulement que
fa fituation eft. très-avantageufe, & nous remarquerons que les appartemens de cet Hôtel
renferment quelques tableaux du premier mérite, entr'autres le plafond de la gallerie
peint par Sebaflien Bourdon {h), qui repréfente l'hiftoire de Phaeton : ouvrage très-eftimé
des connoiffeurs, tant par la fraîcheur & la vivacité des couleurs que par l'expreffion &
la correction du defleLn^ on y voit aufli quelques excellens ouvrages de Mignard (c), &c.
(«) Nous remarquerons cependant que l'Hôtel de Breton-
villiers ne donne pas directement au coin de la rue St. Louis,
il en eft féparé par le jardin de la maifon de Mr. le Marquis
de Fenelon, Brigadier des Armées du Roi & Colonel du
Régiment de la Fere; mais comme ce jardin eft peu confidé-
rable, on dit communément que les Hôtels de Lambert & de
Bretonvilliers font la pointe de Flfle Notre-Dame.
(è) Sebajlien Bourdon, Peintre de grande réputation, naquit
à Montpellier en 1616, & fut un des douze Anciens qui en
1648 commencèrent l'établiffement de l'Académie Royale de
Peinture & de Sculpture. Il étoit doué d'un génie vif & plein
de feu & il avoit une manière très-expéditive, aufli finiffoit-il
très-peu fes tableaux. U excelloit dans le Payfage & fut très-
bon Peintre d'Hiftoire. Cet Artifte a fait quantité de beaux
ouvrages dont les plus confidérables font la gallerie de l'Hôtel
de Bretonvilliers, que nous décrivons ici, & les fept œuvres de
miféricorde, qu'il a gravées enfuite à l'eau-forte. On admire
fur-tout fon martyre de St. Pierre qu'il fît pour un May de
l'Eglife de Notre-Dame de Paris, & qui tient le premier rang
parmi les plus excellens morceaux qui décorent cette Cathé-
drale. Il travailloit pour le Roi aux appartemens du Château
des Thuilleries lorfc|u'il fut attaqué d'une fièvre violente dont
il mourut, en Mars 1671, étant alors Reâeur en charge dans
l'Académie.
(f) On a vû ci-devant, page 70 de ce Volume, que Pierre
Mignard étoit né à Troyes en Champagne, l'an 1613, où il
apprit les premiers élémens de la Peinture. Etant venu à Fon-
tainebleau, il y étudia pendant un an avec Nicolas Migiard
fon frère, d'après les beaux morceaux qui en faifoient alors
l'ornement. Il vint enfuite à Paris, & fe rangea fous la difci-
pline de Simon Vouet qui paffoit pour un des plus fçavans
Peintres de l'Europe. Le défir de fe perfectionner de plus en
plus dans fon art l'ayant conduit en Italie, il y demeura pen-
dant vingt ans, & y fit différens tableaux qui lui acquirent
une grande réputation. Etant de retour en France il fit à Paris
quantité d'excellens ouvrages, entr'autres le plafond du dôme
de l'Eglife du Val-de-Grace, & quelques fujets à frelque dans
la Chapelle des fonds, à Saint-Euftache. On voit encore plu-
fieurs de fes chef-d'œuvres dans les appartemens & dans la
gallerie du Château de S. Cloud.
Après la mort de le Brun, en 1690, il fut choifi pour
remplir la place de premier Peintre du Roi, & il fe fit alors
recevoir de l'Académie Royale, ayant toujours refté jufques là
attaché à celle de S. Luc, où il avoit été reçu en Mars 1663.
Outre les fujets d'hiftoire dans lefquels ce grand homme
excelloit, il a fait quantité de portraits d'une grande beauté.
Il mourut en Mai 1695, âgé de 82 ans.
II.
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qui fait ici notre objet. D'ailleurs M. le Comte de Caylus & M. Mariette travaillent Maison de
actuellement à la defcription de ces chefs-d'œuvres 5 c'eft pourquoi je me bornerai ici hJn.
à infpirer aux amateurs Citoyens & aux étrangers connoifleurs l'envie de vifiter cette
belle maifon que l'urbanité de M. de la Haye rend accelîlble à toutes les perfonnes
qui ont du goût pour les beaux arts.
N
CHAPITRE VIII.
Defcription de l'Hôtel de Bretonvilliers, & de la Maison
de Mr. Henfelin.
O U S avons fait obferver dans le Chapitre précédent que l'Hôtel du Préfident Hôtel de
Lambert, dont nous venons de faire la defcription, étoit fitué à la tête de l'Ille xZ°.nvi
Notre-Dame, que fon entrée principale étoit d'un côté de la rue S. Louis, & que de
l'autre étoit l'Hôtel de Bretonvilliers (a) dont nous avons promis de dire quelque chofe.
Pour y fatisfaire on trouvera fur les Planches I & II le plan du rez-de-chauffée & les
élévations de cet Hôtel, tirées de l'œuvre de Marot, et nous ajouterons que cet édifice
fut bâti par Jean Androuet Du Cerceau, pour Monfieur le Ragois de Bretonvilliers,
Préfident en la Chambre des Comptes, qui fit auffi conftruire à fes frais le Quay qui
environne la pointe de l'Ille, & il employa dit-on 800000 liv. à cet ouvrage feulement.
Comme la rapidité de la rivière avoit miné une partie des fondations de ce Quay, la
Ville le fit rétablir en 1730. Nous ne parlerons point de la décoration ni de la diftri-
bution de cet Hôtel, étant bâti d'un goût fort ancien, nous obferverons feulement que
fa fituation eft. très-avantageufe, & nous remarquerons que les appartemens de cet Hôtel
renferment quelques tableaux du premier mérite, entr'autres le plafond de la gallerie
peint par Sebaflien Bourdon {h), qui repréfente l'hiftoire de Phaeton : ouvrage très-eftimé
des connoiffeurs, tant par la fraîcheur & la vivacité des couleurs que par l'expreffion &
la correction du defleLn^ on y voit aufli quelques excellens ouvrages de Mignard (c), &c.
(«) Nous remarquerons cependant que l'Hôtel de Breton-
villiers ne donne pas directement au coin de la rue St. Louis,
il en eft féparé par le jardin de la maifon de Mr. le Marquis
de Fenelon, Brigadier des Armées du Roi & Colonel du
Régiment de la Fere; mais comme ce jardin eft peu confidé-
rable, on dit communément que les Hôtels de Lambert & de
Bretonvilliers font la pointe de Flfle Notre-Dame.
(è) Sebajlien Bourdon, Peintre de grande réputation, naquit
à Montpellier en 1616, & fut un des douze Anciens qui en
1648 commencèrent l'établiffement de l'Académie Royale de
Peinture & de Sculpture. Il étoit doué d'un génie vif & plein
de feu & il avoit une manière très-expéditive, aufli finiffoit-il
très-peu fes tableaux. U excelloit dans le Payfage & fut très-
bon Peintre d'Hiftoire. Cet Artifte a fait quantité de beaux
ouvrages dont les plus confidérables font la gallerie de l'Hôtel
de Bretonvilliers, que nous décrivons ici, & les fept œuvres de
miféricorde, qu'il a gravées enfuite à l'eau-forte. On admire
fur-tout fon martyre de St. Pierre qu'il fît pour un May de
l'Eglife de Notre-Dame de Paris, & qui tient le premier rang
parmi les plus excellens morceaux qui décorent cette Cathé-
drale. Il travailloit pour le Roi aux appartemens du Château
des Thuilleries lorfc|u'il fut attaqué d'une fièvre violente dont
il mourut, en Mars 1671, étant alors Reâeur en charge dans
l'Académie.
(f) On a vû ci-devant, page 70 de ce Volume, que Pierre
Mignard étoit né à Troyes en Champagne, l'an 1613, où il
apprit les premiers élémens de la Peinture. Etant venu à Fon-
tainebleau, il y étudia pendant un an avec Nicolas Migiard
fon frère, d'après les beaux morceaux qui en faifoient alors
l'ornement. Il vint enfuite à Paris, & fe rangea fous la difci-
pline de Simon Vouet qui paffoit pour un des plus fçavans
Peintres de l'Europe. Le défir de fe perfectionner de plus en
plus dans fon art l'ayant conduit en Italie, il y demeura pen-
dant vingt ans, & y fit différens tableaux qui lui acquirent
une grande réputation. Etant de retour en France il fit à Paris
quantité d'excellens ouvrages, entr'autres le plafond du dôme
de l'Eglife du Val-de-Grace, & quelques fujets à frelque dans
la Chapelle des fonds, à Saint-Euftache. On voit encore plu-
fieurs de fes chef-d'œuvres dans les appartemens & dans la
gallerie du Château de S. Cloud.
Après la mort de le Brun, en 1690, il fut choifi pour
remplir la place de premier Peintre du Roi, & il fe fit alors
recevoir de l'Académie Royale, ayant toujours refté jufques là
attaché à celle de S. Luc, où il avoit été reçu en Mars 1663.
Outre les fujets d'hiftoire dans lefquels ce grand homme
excelloit, il a fait quantité de portraits d'une grande beauté.
Il mourut en Mai 1695, âgé de 82 ans.
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