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voulut pas, se repeter exactement. II en etait de nieme avec Rembrandt, qui ne repeta jamais
ses oeuvres6.

Mais Poussin ou Rembrandt faisaient exception. De nombreux artistes, dćsireux de gagner
de 1'argent ou sous pression de leurs clients, reproduisirent plus ou moins fidelement leurs propres
compositions. Hendrick ter Brugghen, Bernardo Strozzi, Georges de La Tour, Johami Liss le
faisaient couramment. Aussi les peintres anversois des XVIe et X\'IIe siecles produisaient
en masse des repliąues destinees a la vente et a l'exportation. Johann Liss (nous reviendrons
plus loin sur ses liens avec Simon de Vos) est alle jusqu'a faire des dessins-ricortfi7 de ses propres
peintures pour pouvoir repeter bien des annees plus tard ses anciennes compositions; ainsi
de nombreux ouvrages de Liss sont connus en plusieurs exemplaires8.

Simon de Vos executa donc deux exemplaires des Noces de Cana, II semble que l'exemplaire
de Varsovie est execute plus tard que celui d'Anvers, ce dernier etant le premier tableau date
de Vos. Je pense toutefois que Pecart entre les deux ouvrages n'est pas notable: executes sur
bois, leurs dimensions sont presque identiques et la composition dense reste encore manieriste.
On a 1'impression que le repas se situe dans une piece trop etroite, comme si c'etait un passage
ou couloir, quoique sur la droite une vue s'ouvre sur les larges et riches salles d'un palais. Ce
type de composition tassee se retrouve dans la peinture anversoise du premier quart du XVII6
siecle. Mentionnons, par exemple, juste une des premieres oeuvres de Jordaens 1'Adoration
des Bergers de Tan 161911. L'abondance des personnages et des objets: vaisselle, tissus, rappelle
la structure legere et "brillante, typique pour de Vos.

Le second tableaux de Partiste au Musee National de Varsovie representant 1'Adoration
des Mages (fig- 4), serait egalement a classer parmi les plus anciennes oeuvres de Simon de Vos,
soit aux annees vingt du XVII6 siecle10. Le tableau n'est pas signe, fait rare dans l'activite
du peintre. Toutefois, la ressemblance frappante avec le tableau des Noces de Cana, mentionne
plus haut, permet d'identifier cette peinture comme l'oeuvre de Vos. La ressemblance est vi-
sible: peint sur bois de mćme, au coloris riche et a la facture cliquante; la composition etroite
et tassee, sans air, dirait-on, desaxee de manierę illogique. Les trois mages defilent en demi-
-cercle, laissant le centrę de la composition librę, deux rois vont dans un sens, se heurtant pres-
que contrę le troisieme qui, avec sa suitę, arrive du cóte oppose. La Madone tient FEnfant avec
une legeretć sans naturel, le touchant a peine, et se dćtourne des trois rois, regardant vers 1'angle
inferieur gauclie, vers un personnage de moindre rang.

Ce tableau fait penser a 1'Adoration des Mages de Rubens de l'an 1624 (fig. 5)11. La ressem-
blance porte sur 1'agencement de la scenę, 1'accumulation des personnages, le rendu de l'archi-
tecture, ainsi que sur des details comme les images de chameaux, le profil d'un rois, la position

6. Mais autrement pour Rubens, proprićtaire d'un grand atelier et partisan du travail en groupe. Parmi ses oeuvres, nous
trouvons des repćtitions certaines, p.ex. la Descenle de Croix de Kalisz (detruite) et un tableau presque identique a Arras;
cf. J. Białostocki, "The Dcscent from the Cross in Works by Peter Paul Rubens and His Studio", The Art Bullctin, XLVI,
1964, pp. 511-524 (version polonaise dans: Sztuka i historia, Księga Pamiątkowa ku czci profesora Michała Walickiego,
Warszawa, 1966, pp. 118-139).

7. Comme les appelle E. Schilling, "JBetrachtungen zu Zciclinungcn von Johann Liss", Festschrift fiir Karl Lohmeycr, Saar-
brucken, 1954.

8. P.ex. la composition de Liss Judith; cf. Johann Liss, Augsburg Rathaus, Cleveland Museum of Art, 1975-1976, nos A 19-A 22.
Suivant les auteurs de ce cataloguc de l'exposition, toutes les versions sont de la main de 1'artiste. R. E. Spear, "Johann
Liss Reconsidcred", The Art Bulletin, LVIII, 1976, pp. 582-593, met en doute Pexe"cution de la main de I'artiste de toutes
les versions.

9. New York, The Metropolitan Museum of Art, prćsente k Fcxposition Jordaens, National Gallery of Canada, Ottawa 1968-
1969, n° 10.

10. Bois, buile; inv. n° 164086. Acąuis en 1945. Bibl.: Przewodnik, op. cit.,n° 29, p. 124; Cataloguc of Paintings, op. cii., n° 148.

11. Cataloguc descriptif, Maitres anciens, Musće Royal des Beaux-Arts, Anvers, 1958, p. 198, n° 298. Tableau peint sur bois,
447x336, proyenant de 1'eglise St Michel a Anyers.

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