DOI Heft:
Nr. 2-3
DOI Artikel:Jakimowicz, Irena; Brandel, Konstanty [Ill.]: L' abîme, l'espace et le temps dans l'œuvre de Konstanty Brandel
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18896#0042
del. Je pense ici avant tout a 1'imagination pour ainsi dirc cinetique de Flaubert, a ce qui touche
sa notion de Fespace et sa faęon de voir les choses en mouvement, a ces personnages innombrables
et ces objets passant, flottant, tombant devant les yeux de St.Antoine. Dans le registre des
lectures de Brandel, An experiment with time de John. W. Dunne, au titre franęais significatif
Le temps et le reve, n'etonne pas non plus. La lecture d'Alfred Tennyson Les lotophages laissa sa
tracę dans quelques paysages ó l'aquarelle d'une ambiance nostalgique. Outre les livres donnant
des ailes a 1'imagination se trouvaient les oeuvres, lues constamment, de Platon, Aristoteles,
Confucius, enfin P. Tcilhard de Chardin approfondissant 1'espirt et elargissant la connaissance.
Tout ce que Brandel voyait, vivait, lisait, s'assemblait en experiences interieures les plus
importantes pour lui et les plus creatrices de consequence, annulant une issue pour ainsi dire
primaire et la contingence des ćvenements quotidiens. Une note tiree d'un carnet, datee du
23.VIII.1933 vaut la peine d'etre signalee: ,,Le peintre Cybis, de race silesienne a demande
qu'on note chaque jour les evenements. Je me suis decide dans ma solitude et la vieillesse .[...]"
Or a des dates suivantes se trouvent des notes de lecture et des souvenirss.
Malgre la perpetuelle tendance methodiquement taquine de Brandel a effacer les modeles-
concrets du monde reel dans les oeuvres deja creees, on ne peut pourtant pas oublier comme il
connaissait bien ce monde et avec quelle perfection il etudia ses differents aspects. Toutes ses-
libertes et ses abandons des aspects ,,normaux" de la naturę provenaient, non de l'ignorance
mais d'une maitrise parfaite de la formę, et ce qui est plus important, de la structure des choses,
produits de la naturę et produits de 1'homme. Dans un des carnets d'esquisses de Brandel, date
1917, et se trouvant en possesion de Witold Leitgeber, nous tombons sur des notes ecrites avecr
soin telles que Remarąues pour le peintre polonais (indispensables), contenant la listę de
toutes les connaissances generales et des etudes particulieres, dont Brandel considerait la maitrise
comme indispensable. Dans la premierę partie, generale, se trouvaient les sciences mathemati-
ques et naturelles, les connaissances des principes des autres arts et des sciences humaines, les-
connaissances techniques et les conditions pratiques d'existence. Les etudes purement artistiques
devaient se composer de la perspective, de 1'anatomie („humaine, animale, vegetale, des
insectes, de la cristallographie"), du dessin et de la peinture d'apres naturę et de memoire et
de 1'analyse des principes de composition.
II semble que Brandel, durant de longues annees d'etude et de pratique accomplit la plus
grandę partie de ces prescriptions, acqnerant une habilete d'execution parfaite — la souplesse de-
la main autant qu'une liberte d'evolution sur de vastes terrains de connaissance. De plus, il
depassa son programme, qui insistait sur les principes, sur le savoir intellectuel et 1'analyse des
phenomenes de la naturę et des problemes artistiques sans se soucier beaucoup de ce qui lui
paraissait tres secondaire, la technologie. Pourtant il maitrisa ce domaine, ne se bornant pas-
aux methodes contemporaines, mais approfondissant les mysteres des vieux maitres; on sait
qu'il etudiait Cennino Cennini, et peut etre certains des nombreux traites depuis la Renaissance
sur la perspective. I^e plus etrange est qu'il acquit la majorite de cet imposant savoir, seul,
comme un vrai autodidacte. II n'aimait pas les ecoles en generał. II fit ses etudes au lycee avec
peine, obtint son baccalaureat relativement tard; a 1 Academie des Beaux-Arts de Cracovie-
il etudia pendant trois ans seulement le dessin, le considerant peut-etre comme le moyen essentiel
pour connaitre les choses et formuler des principes de composition. II traita les ecoles privees
de Paris — 1'academie Vitti et le club ,,La Palette" — ou il etudia un bref moment, uniquement
comme un endroit oii on pouvait etudier sur modele et ou on liait amitie. II acquit la connaissance
pratique de la technique relativement peu difficile de la gravure sur bois pendant un an a l'Ecole
Nationale et Speciale des Beaux-Arts chez Stefan Pannemaker. Par contrę, il apprit a maitriser
8. Catalogue d'exposition: Konstanty Brandel 1880-1972, Muzeum Narodowe w Warszawie, Warszawa, 1977 (realisation
I. Jakimowicz), n° VII, 32.
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sa notion de Fespace et sa faęon de voir les choses en mouvement, a ces personnages innombrables
et ces objets passant, flottant, tombant devant les yeux de St.Antoine. Dans le registre des
lectures de Brandel, An experiment with time de John. W. Dunne, au titre franęais significatif
Le temps et le reve, n'etonne pas non plus. La lecture d'Alfred Tennyson Les lotophages laissa sa
tracę dans quelques paysages ó l'aquarelle d'une ambiance nostalgique. Outre les livres donnant
des ailes a 1'imagination se trouvaient les oeuvres, lues constamment, de Platon, Aristoteles,
Confucius, enfin P. Tcilhard de Chardin approfondissant 1'espirt et elargissant la connaissance.
Tout ce que Brandel voyait, vivait, lisait, s'assemblait en experiences interieures les plus
importantes pour lui et les plus creatrices de consequence, annulant une issue pour ainsi dire
primaire et la contingence des ćvenements quotidiens. Une note tiree d'un carnet, datee du
23.VIII.1933 vaut la peine d'etre signalee: ,,Le peintre Cybis, de race silesienne a demande
qu'on note chaque jour les evenements. Je me suis decide dans ma solitude et la vieillesse .[...]"
Or a des dates suivantes se trouvent des notes de lecture et des souvenirss.
Malgre la perpetuelle tendance methodiquement taquine de Brandel a effacer les modeles-
concrets du monde reel dans les oeuvres deja creees, on ne peut pourtant pas oublier comme il
connaissait bien ce monde et avec quelle perfection il etudia ses differents aspects. Toutes ses-
libertes et ses abandons des aspects ,,normaux" de la naturę provenaient, non de l'ignorance
mais d'une maitrise parfaite de la formę, et ce qui est plus important, de la structure des choses,
produits de la naturę et produits de 1'homme. Dans un des carnets d'esquisses de Brandel, date
1917, et se trouvant en possesion de Witold Leitgeber, nous tombons sur des notes ecrites avecr
soin telles que Remarąues pour le peintre polonais (indispensables), contenant la listę de
toutes les connaissances generales et des etudes particulieres, dont Brandel considerait la maitrise
comme indispensable. Dans la premierę partie, generale, se trouvaient les sciences mathemati-
ques et naturelles, les connaissances des principes des autres arts et des sciences humaines, les-
connaissances techniques et les conditions pratiques d'existence. Les etudes purement artistiques
devaient se composer de la perspective, de 1'anatomie („humaine, animale, vegetale, des
insectes, de la cristallographie"), du dessin et de la peinture d'apres naturę et de memoire et
de 1'analyse des principes de composition.
II semble que Brandel, durant de longues annees d'etude et de pratique accomplit la plus
grandę partie de ces prescriptions, acqnerant une habilete d'execution parfaite — la souplesse de-
la main autant qu'une liberte d'evolution sur de vastes terrains de connaissance. De plus, il
depassa son programme, qui insistait sur les principes, sur le savoir intellectuel et 1'analyse des
phenomenes de la naturę et des problemes artistiques sans se soucier beaucoup de ce qui lui
paraissait tres secondaire, la technologie. Pourtant il maitrisa ce domaine, ne se bornant pas-
aux methodes contemporaines, mais approfondissant les mysteres des vieux maitres; on sait
qu'il etudiait Cennino Cennini, et peut etre certains des nombreux traites depuis la Renaissance
sur la perspective. I^e plus etrange est qu'il acquit la majorite de cet imposant savoir, seul,
comme un vrai autodidacte. II n'aimait pas les ecoles en generał. II fit ses etudes au lycee avec
peine, obtint son baccalaureat relativement tard; a 1 Academie des Beaux-Arts de Cracovie-
il etudia pendant trois ans seulement le dessin, le considerant peut-etre comme le moyen essentiel
pour connaitre les choses et formuler des principes de composition. II traita les ecoles privees
de Paris — 1'academie Vitti et le club ,,La Palette" — ou il etudia un bref moment, uniquement
comme un endroit oii on pouvait etudier sur modele et ou on liait amitie. II acquit la connaissance
pratique de la technique relativement peu difficile de la gravure sur bois pendant un an a l'Ecole
Nationale et Speciale des Beaux-Arts chez Stefan Pannemaker. Par contrę, il apprit a maitriser
8. Catalogue d'exposition: Konstanty Brandel 1880-1972, Muzeum Narodowe w Warszawie, Warszawa, 1977 (realisation
I. Jakimowicz), n° VII, 32.
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