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Bulletin du Musée National de Varsovie — 21.1980

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Nr. 2-3
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Jakimowicz, Irena; Brandel, Konstanty [Ill.]: L' abîme, l'espace et le temps dans l'œuvre de Konstanty Brandel
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https://doi.org/10.11588/diglit.18896#0048
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un an a peine avant la premierę Cathedrale, en 1906. En evitant les generalitćs revenons sur
le probleme encore une fois. Donc, toutes, les planches du cycle traitent avant tout le probleme
de 1'espace, le concevant a chaque fois un peu autrement. Du fait que ces experiences de Brandel
etaient proches du temps de la revolution cubiste, Jean Buhot plaęa 1'artiste dans ce courant,
en insistant sur son róle de precurseur9. Peut-etre, peut-on tomber d'aceord uniquement sur
le fait qu'il posa les problemes de 1'espace de faęon personnelle et novatrice, a sa manierę, mais
avec 1'espace cubiste, il n'avait pourtant rien dc commun. II est vrai que lc cubisme rej eta avant
tout la perspective traditionnelle. II rendit au tableau le droit a la planeite, et meme la vision
simultanee de 1'objet sur differentes faces se fit en accord avec le plan et les rapports d'espace
entre les formes rcprćsentćcs ne furcnt jamais equivalents. Par contrę Brandel ne rejeta pas
du tout la tridimensionnalite mais de plus, renforęa consciemment 1'illusion de profondeur. Tout,
en se servant des principcs de perspective, il les traitait de faęon assez arbitraire et les pliait
a ses buts personnels. L' interieur qu'il presentait ou plutót vers lequel il s'efforęait pour ainsi
dire d'attirer le spectateur n'etait pas 1'image transposee sur un plan d'une vue regardee d'un
angle precis, placee cn accord avec les regles definies de la perspective.

S'opposant k la peinture sans profondeur des impressionnistes comme de Picasso, Brandel se
confiat: ,,Voila que je m'efforce de peindre non »a plat«, mais pour ainsi dire »en rond«, pour
ainsi dire »en quatre dimensions«. Non que ce soit sur tel ou tel plan ou comme ęi ou comme
ęa entre chacun des elemcnts. Je m'efforęe aussi de voir »sous un angle personnel«. Observer
d'un endroit d'ou un oeil ne regarde pas normalcment le monde, par exemple comme si mon oeil
se trouvait a la place de mes orteils ... J'essaye aussi de voir ce qui est derriere moi. Les eaux-
fortes du cycle des Cathedrales ct ccrtaincs aquarelles sont comme sans verticale, sans horizontale,
a 1'encontre »des regles« II s'agit d'impression, de detachement de la realite, des modeles, des
regles. Le vertige"10.

Evidemment, cela eclaire beaucoup, mais ne change pas en meme temps le fait que — a part
une fidelite certaine au coneret il existe dans cette folie une mćthode. Je n'ai pas en pensee ici
les procedes particuliers que Brandel appliquait en echange et qui se laissent dechiffrer sans
doute possible. II connaissait parfaitement bien les principes de la perspective plafonnante,
deja figuree par les maitres de laRenaissance; dans La chute d'un ange, on pourrait retrouver le
modele de Schiłbler d'une vue en perspectivc oblique observee par le haut, dans certaines defor-
mations, comme il en fit par exemple dans La Nef noire III, qu'il appela Premierę Cathedrale bri-
see, il put se servir d'un miroir. Les photographes tombent d'accord sur une anticipation des prin-
cipes de vision deTobjectif a grand angle. En parlant de methode, je pense au but principal que
visait Brandel et auquel servirent ces recherches qui n'etaient pourtant pas un vain jeu d'adresse.
Ce but fut la perception de 1'intćrieur dans le regard le plus large, regard mobile —concentrant et
synthetisant, montrant le tout comme un organisme vivant. Aucune des perspectives plafonnantes
ne donnę une vue du centrę, les nefs se courbent comme si elles suivaient le mouvement de tete
de l'observateur, ou des fragments de vues particulieres sont places comme dans des sequences
successives de temps. Comme si, guidees par 1'intuition et 1'imagination de l'artiste, adaptant,
de faęon personnelle et subjective la perspectivc, les lignes d'une vue normale et subjective la
perspective, les lignes d'une vue normale se prolongeaient, 1'elargissant de telle faęon que les
analogies avec 1'effet de 1'objectif grand angle deviennent frappantes. II suffit de comparer des
fragments d'estampcs avec des photographies contemporaines d'interieurs de cathedrales. Mais

9. J. Buhot, ,,ConstaiitinBraudel,peintre-graveurpolonais'\Messflgpr</t'Po/ogne ,I,1927,n° 2.
10. W. Leitgeber, op. cit, p. 29.

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