Boissier, Gaston: L' Afrique romaine: promenades archéologiques en Algérie et en Tunisie (Paris, 1895)

CHAPITRE V

LES VILLES - TIMGAD

■y

Il y avait certainement des villes en Afrique avant l'yi-
rivée des Romains, mais elles n'y devaient pas être en
très grand nombre. Ils m'eurent pas de peine à com-
prendre que, s'ils voulaient se rendre tout à fait les
maîtres du pays et y détruire l'esprit d'indépendance el
de rébellion, il était de leur intérêt de les multiplier.
Dans les campagnes, l'indigène, même attaché au sol et
devenu cultivateur et fermier, avait encore des contacts
fréquents avec la barbarie el pouvait s'y laisser reprendre;
dans les villes il lui échappait davantage. Comme il vivait
au milieu de la citilisalion et presque uniquement avec
elle, il arrivait plus vite à lui appartenir tout entier.

11 est, donc naturel que les Romains aient fait beaucoup
pour les villes d'Afrique. Nous savons d'abord que, sous
leur domination, les anciennes sont devenues plus impor-
tantes, ïhysdrus (El-Djem) n'était qu'une bourgade du
temps de César1 ; il faut bien qu'elle ait été plus tard très
étendue et très peuplée, puisqu'on y a bâti un amphi-

1. De bello afric, 97.

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