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Boitard, Pierre
Le jardin des plantes: description et moeurs des mammifères de la Ménagerie et du Muséum d'histoire naturelle — Paris: Dubochet [u.a.], 1845

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https://doi.org/10.11588/diglit.50947#0320
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LES CARNASSIERS DIGITIGRADES.

son maître ; et si la cruelle mort vient le lui arracher, il se traîne sur son tom-
beau. s’y couclie et y meurt de tristesse et de douleur.
Aussi généreux qu’aimant, il supporte avec patience l’ingratitude et les mauvais
traitements dont trop souvent on paye ses services et son affection. Si on le
gronde, il s’humilie ; si on le frappe, il se plaint, il gémit; son œil suppliant, si
doux, si expressif, demande grâce pour une faute que parfois il n’a pas commise.
11 se traîne aux pieds de son brutal tyran, lui lèche les mains, tente de l’atten-
drir, de désarmer sa colère, mais jamais il ne cherche à repousser l’agression
par l’agression, la force parla sorce, quelles que soient l’injustice et la barbarie
de son supplice, et s’il se sent blessé mortellement, en mourant, son dernier re-
gard est encore un regard de pardon et de tendresse.
Bernardin de Saint-Pierre a dit que c’est être à moitié anthropophage que
de manger le chien, et je partage tout à sait cette opinion. Je crois aussi que
l’homme qui n’aime pas les animaux, qui reste insensible à tant d’asfection ou
de services rendus avec désintéressement, qui n’a pas pitié de leurs douleurs,
de leurs souffrances physiques, est plus brute qu’eux, et ne sera jamais ni un
bon citoyen, ni un bon père de samille ; je crois que les hommes n’ont rien à
attendre de lui que le plus sroid égoïsme. Qu’on n aille pas croire que dans ce
que je viens de dire de ce noble et bon animal, il y ait de l’exagération; je n'ai
pas écrit une seule phrase que je ne puisse justisier par des saits nombreux, et
je terminerai par une citation de Busfon qui complétera le portrait : « Le chien,
indépendamment de la beauté de sa forme, de la vivacité, de la force, de la
légèreté, a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer
les regards de l’homme : un naturel ardent, colère, même féroce et sanguinaire,
rend le chien sauvage redoutable à tous les animaux, et cède dans le chien do-
mestique aux sentiments les plus doux, au plaisir de s’attacher et au désir de
plaire.... Plus docile que l’homme, plus souple qu’aucun des animaux, non-
seulement le chien s’instruit en peu de temps, mais même il se conforme aux
mouvements, aux manières, à toutes les habitudes de ceux qui lui commandent ;
il prend le ton de la maison qu’il habite ; comme les autres domestiques, il est
dédaigneux chez les grands et rustre à la campagne; toujours empressé pour
son maître, et prévenant pour ses seuls amis, il ne sait aucune attention aux
gens indisférents, et se déclare contre ceux qui par état sont faits pour impor-
tuner : il les connaît aux vêtements, à la voix, à leurs gestes, et les empêche
d’approcher. Lorsqu'on lui a confié, pendant la nuit, la garde de la maison, il
devient plus fier et quelquefois féroce ; il veille, il fait sa ronde ; il sent de loin
les étrangers, et pour peu qu’ils s'arrêtent ou tentent de franchir les barrières,
il s’élance, s'oppose, et, par des aboiements réitérés, des essorts et des cris de
colère, il donne l’alarme, avertit et combat. Aussi furieux contre les hommes
de proie que contre les animaux carnassiers, il se précipite sur eux, les blesse,
les déchire, leur ôte ce qu’ils s’efforcaient d’enlever; mais content d’avoir
vaincu, il se repose sur les dépouilles, n’y touche pas, même pour satisfaire son
appétit, et donne en même temps des exemples de courage, de tempérance et de
fidélité, n
Quelques-uns de nos jeunes écrivains, probablement pour dire du nouveau,
ce qui n’est pas aisé, viennent d’élever la voix contre l’opinion de Bufson, el
 
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