294 LES MARSUPIAUX.
fort doux; il se cache dans le coin le plus obscur de l’appartement pendant le
jour, parce que l’éclat de la lumière lui blesse les yeux. La nuit il en sort pour
manger le pain, et même la viande dont on le nourrit. Il boit en lapant; il se
srotte sans cesse la face et les mains pour se nettoyer, et il aime à enrouler sa
queue, et à se tenir assis sur son derrière. Lorsque l’on voyage dans les im-
menses forêts de la Nouvelle-Guinée ou des Moluques, l’odorat est quelquefois
frappé d’une odeur forte, excessivement désagréable, annonçant d’assez loin la
présence d’un de ces animaux caché dans le feuillage; elle résulte d’un appareil
glanduleux que les couscous ont autour de l’anus. Malgré cette détestable odeur,
les naturels du pays mangent leur chair avec le plus grand plaisir, et leur font
une chasse incessante. « Les Nègres du port Praslin, à la Nouvelle-Irlande,
disent les naturalistes voyageurs de la Coquille, aiment singulièrement la chair
grasse des couscous ; ils la font rôtir sur des charbons avec les poils, et ne re-
jettent que les intestins. Avec les dents ils forment des ceintures et autres orne-
ments, et leur abondance est telle, que nous avons vu beaucoup d’habitants
avoir des cordons de plusieurs brasses de longueur qui attestent la destruction
que l’on fait de ces mammisères. « Il semblerait singulier, au premier coup
d’œil, que des Nègres sans armes pussent si aisément s’emparer de ces animaux
grimpeurs; mais, si l’on s’en rapporte à ce qu’ont dit et cru G. Cuvier et Busfon,
la chose devient sacile à expliquer. Selon ces auteurs, les couscous, qui vivent
presque continuellement sur les arbres pour y chercher les insectes et les fruits
dont ils se nourrissent, sont tellement surpris quand ils viennent à apercevoir un
homme, qu’ils se suspendent par la queue à une branche, et, au lieu de fuir,
restent là, immobiles, à le regarder. Dans ce cas il ne s’agit plus, pour le chas-
seur, que de s’arrêter et de les regarder aussi : soit lassitude, soit par une sorte
de fascination résultant de la peur, ils finissent par lâcher la queue ; ils tombent
et deviennent la proie du chasseur. Malgré les deux grandes autorités que je
viens de citer, je crois que ce fait a besoin d’être confirmé. Le scham-scham vit
dans les forêts équatoriales des grandes îles Moluques et Papoues.
Le Couscous ursin (Cuscus ursinus, Less.
Phalangista ursina, Temm.) est de la taille
d’un chat sauvage; il a de longueur totale
trois pieds six pouces (1,157), compris la
queue, qui a vingt pouces (0,542). Son pelage
est frisé, crépu, rude, d’un noir parsait dans
l’âge adulte, plus clair dans le jeune âge ; les
poils soyeux sont entièrement noirs; le des-
sous du corps est roussâtre; les parties nues
de la queue et du museau sont noirâtres. Il
habite la partie septentrionale des Célèbes, où
les habitants estiment beaucoup sa chair.
Le Do ou Rambave (Cuscus Quoyii, Less.
Phalangista papuensis, Desm. Phalangista
Quoy, Gain.) ne serait, selon M. Temminck,
que le jeune âge du scham-scham, et je suis
porté à partager celte opinion lia le pelage
d’un gris brun, avec une ligne dorsale plus
foncée; le dessus de la tête est jaunâtre, le
dessous d’un blanc sale; les extrémités des
membres sont d un brun noir assez foncé. Il
habite le même pays que le scham scham.
Le Couscous a croupion doré [Phalangista
chrysorrhos^'ÏY.mi.) est de la taille d’un chat
sauvage, et atteint a peu près trois pieds
(0,975\ compris la queue, qui a treize pouces
(0,552) ; ses oreilles sont très-courtes, couver-
tes d’une touffe de poils blanchâtres; son pe-
lage est cotonneux, serré, un peu frisé, garni
de poils soyeux, d’un cendré gris clair sur la
tête, d’un gris de cendre un peu brunâtre sur
les flancs, d’un jaune doré vif sur le croupion
et la partie supérieure de la queue; la poi-
trine, la moitié du ventre, et le dedans des
membres, sont blancs; il a une bande noire
sur les flancs, les pattes d’un roux doré, et la
partie nue de la queue, jaune. Il habite les Mo-
luques.
Le Couscous a grosse queue ( Cuscus ma-
croms, Less. et Garn.) a douze pouces huit
lignes (0,542) de longueur, non compris la
queue, qui est très-grosse a sa base et qui est
longue de dix-sepl pouces (0,460); il a le pe-
lage gris, d’où sortent des poils noirs plus
fort doux; il se cache dans le coin le plus obscur de l’appartement pendant le
jour, parce que l’éclat de la lumière lui blesse les yeux. La nuit il en sort pour
manger le pain, et même la viande dont on le nourrit. Il boit en lapant; il se
srotte sans cesse la face et les mains pour se nettoyer, et il aime à enrouler sa
queue, et à se tenir assis sur son derrière. Lorsque l’on voyage dans les im-
menses forêts de la Nouvelle-Guinée ou des Moluques, l’odorat est quelquefois
frappé d’une odeur forte, excessivement désagréable, annonçant d’assez loin la
présence d’un de ces animaux caché dans le feuillage; elle résulte d’un appareil
glanduleux que les couscous ont autour de l’anus. Malgré cette détestable odeur,
les naturels du pays mangent leur chair avec le plus grand plaisir, et leur font
une chasse incessante. « Les Nègres du port Praslin, à la Nouvelle-Irlande,
disent les naturalistes voyageurs de la Coquille, aiment singulièrement la chair
grasse des couscous ; ils la font rôtir sur des charbons avec les poils, et ne re-
jettent que les intestins. Avec les dents ils forment des ceintures et autres orne-
ments, et leur abondance est telle, que nous avons vu beaucoup d’habitants
avoir des cordons de plusieurs brasses de longueur qui attestent la destruction
que l’on fait de ces mammisères. « Il semblerait singulier, au premier coup
d’œil, que des Nègres sans armes pussent si aisément s’emparer de ces animaux
grimpeurs; mais, si l’on s’en rapporte à ce qu’ont dit et cru G. Cuvier et Busfon,
la chose devient sacile à expliquer. Selon ces auteurs, les couscous, qui vivent
presque continuellement sur les arbres pour y chercher les insectes et les fruits
dont ils se nourrissent, sont tellement surpris quand ils viennent à apercevoir un
homme, qu’ils se suspendent par la queue à une branche, et, au lieu de fuir,
restent là, immobiles, à le regarder. Dans ce cas il ne s’agit plus, pour le chas-
seur, que de s’arrêter et de les regarder aussi : soit lassitude, soit par une sorte
de fascination résultant de la peur, ils finissent par lâcher la queue ; ils tombent
et deviennent la proie du chasseur. Malgré les deux grandes autorités que je
viens de citer, je crois que ce fait a besoin d’être confirmé. Le scham-scham vit
dans les forêts équatoriales des grandes îles Moluques et Papoues.
Le Couscous ursin (Cuscus ursinus, Less.
Phalangista ursina, Temm.) est de la taille
d’un chat sauvage; il a de longueur totale
trois pieds six pouces (1,157), compris la
queue, qui a vingt pouces (0,542). Son pelage
est frisé, crépu, rude, d’un noir parsait dans
l’âge adulte, plus clair dans le jeune âge ; les
poils soyeux sont entièrement noirs; le des-
sous du corps est roussâtre; les parties nues
de la queue et du museau sont noirâtres. Il
habite la partie septentrionale des Célèbes, où
les habitants estiment beaucoup sa chair.
Le Do ou Rambave (Cuscus Quoyii, Less.
Phalangista papuensis, Desm. Phalangista
Quoy, Gain.) ne serait, selon M. Temminck,
que le jeune âge du scham-scham, et je suis
porté à partager celte opinion lia le pelage
d’un gris brun, avec une ligne dorsale plus
foncée; le dessus de la tête est jaunâtre, le
dessous d’un blanc sale; les extrémités des
membres sont d un brun noir assez foncé. Il
habite le même pays que le scham scham.
Le Couscous a croupion doré [Phalangista
chrysorrhos^'ÏY.mi.) est de la taille d’un chat
sauvage, et atteint a peu près trois pieds
(0,975\ compris la queue, qui a treize pouces
(0,552) ; ses oreilles sont très-courtes, couver-
tes d’une touffe de poils blanchâtres; son pe-
lage est cotonneux, serré, un peu frisé, garni
de poils soyeux, d’un cendré gris clair sur la
tête, d’un gris de cendre un peu brunâtre sur
les flancs, d’un jaune doré vif sur le croupion
et la partie supérieure de la queue; la poi-
trine, la moitié du ventre, et le dedans des
membres, sont blancs; il a une bande noire
sur les flancs, les pattes d’un roux doré, et la
partie nue de la queue, jaune. Il habite les Mo-
luques.
Le Couscous a grosse queue ( Cuscus ma-
croms, Less. et Garn.) a douze pouces huit
lignes (0,542) de longueur, non compris la
queue, qui est très-grosse a sa base et qui est
longue de dix-sepl pouces (0,460); il a le pe-
lage gris, d’où sortent des poils noirs plus